Suicide
Question de :
Mme Boutin Christine
- UDF
Question posée en séance, et publiée le 20 février 1997
M. le president. La parole est a Mme Christine Boutin.
Mme Christine Boutin. Ma question s'adresse a M. le ministre du travail et des affaires sociales.
Le nombre de suicides augmente en France et constitue un grave probleme de societe qui touche principalement les jeunes, les adultes en situation de rupture et les personnes agees.
Notre pays compte 150 000 tentatives de suicide chaque annee, soit une toutes les quatre minutes. On a denombre, en 1994, 12 000 deces par suicide, un toutes les quarante minutes. C'est 50 % de morts en plus que sur la route, c'est plus que de morts du sida.
En ce domaine, la France est un des pays industrialises les plus touches.
Notre politique de prevention et d'accompagnement est tres en retard par rapport au Quebec et a l'Angleterre, par exemple, ou des campagnes d'information permanentes permettent de stabiliser le phenomene. En France, certaines associations essaient, par des initiatives tres interessantes, de lutter contre le fleau. Compte tenu de l'importance de ce drame pour les familles et pour la nation, avez-vous l'intention d'engager une veritable politique de prevention ? (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)
M. le president. La parole est a M. le ministre du travail et des affaires sociales.
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Vous avez raison, madame Boutin: les 12 000 morts par suicide que nous deplorons chaque annee sont surement l'une des ombres qui pesent le plus sur ce pays. Aussi le haut comite de sante publique a-t-il fait de la lutte contre le suicide une cause prioritaire. Herve Gaymard, ministre de la sante, est aujourd'hui absent de France et je vous reponds en son nom, mais ce qui nous a frappes, lui et moi, c'est que ce theme a ete retenu par la moitie des conferences regionales de sante comme la premiere priorite. Il est evident que nous allons devoir, en 1997, mettre l'accent sur ce grand fleau sanitaire et social. J'ajoute que, dans la tranche d'age de seize a vingt-cinq ans, le suicide est, apres les accidents, la deuxieme cause de deces.
Ayant ete le temoin personnel de leur action, je rends hommage a des associations aussi admirables que Premutan ou Phenix. Il nous faut, en effet, engager une campagne de fond qui mobilise tous les acteurs. Mais cette action doit s'inscrire - je sais que c'est aussi votre conviction - dans une politique plus globale de la famille et de nos communautes. Car le suicide, c'est d'abord un drame de la solitude.
La conference de la famille devra bien sur se preoccuper des problemes des grands enfants. L'allocation universitaire contribuera certainement a y repondre. Mais il ne faut pas que l'autonomie de l'etudiant aboutisse a une forme de solitude.
Nous devrons aussi remedier aux difficultes d'insertion des jeunes, qui sont incontestablement a l'origine de drames effroyables. C'est pourquoi nous avons mis l'accent sur le devoir d'insertion des jeunes dans la societe. Si l'on veut faire reculer le suicide, qui frappe a tous les ages, mais plus particulierement dans la jeune generation, c'est de notre volonte a tous d'accueillir plus genereusement les jeunes que dependra la victoire contre ce fleau terrible. Nous en sommes tous conscients. La resorption de ce fleau doit devenir pour chacun d'entre nous un imperatif quotidien ! (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique.)
Auteur : Mme Boutin Christine
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Mort
Ministère interrogé : travail et affaires sociales
Ministère répondant : travail et affaires sociales
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 20 février 1997