Question au Gouvernement n° 2246 :
Jeunes

10e Législature

Question de : M. Pierna Louis
- COM

Question posée en séance, et publiée le 26 février 1997

M. le president. La parole est a M. Louis Pierna.
M. Louis Pierna. Monsieur le ministre du travail et des affaires sociales, le nombre de jeunes au chomage depasse 600 000. Certains passent de stage en stage sans trouver d'emploi. Pour eux, c'est la desesperance.
M. le President de la Republique a decide que 1997 serait l'annee de l'emploi des jeunes. Il a appele a une mobilisation nationale.
Le Gouvernement va-t-il, pour l'ensemble du secteur public et parapublic qu'il controle, decider d'offrir 200 000 contrats de travail aux jeunes en fin d'annee scolaire ? Ce contrat de travail devrait prevoir une formation en alternance remuneree et deboucher sur un emploi stable, soit dans le service public, soit dans un etablissement avec lequel le Gouvernement aurait passe un contrat de partenariat. Pour le financement de ce type de mesures, nous proposons un doublement de la taxe d'apprentissage.
«Mobilisation generale.» Que fait donc le grand patronat ? Il utilise sans controle les stages et les credits de l'Etat pour remplacer de veritables emplois. Pourtant, les progres des sciences et des techniques permettraient d'abaisser la duree hebdomadaire du travail a trente-cinq heures et de creer de veritables emplois pour tous.
Il existe de nombreux jeunes qui sont deja formes, qui n'ont pas besoins de stage, parce qu'ils sont titulaires de CAP, de BEP, de bac technique, de diplome universitaire, et qui tournent en rond, car on ne leur propose rien - sinon des emplois aux salaires de misere.
Pour s'attaquer veritablement au chomage et ouvrir a notre jeunesse le chemin de l'espoir, va-t-on enfin reflechir dans ce pays et utiliser les 300 milliards ou plus que coutent ce chomage et une partie des profits fabuleux que certaines grandes entreprises reinvestissent dans la speculation financiere, comme la presse s'en fait chaque jour l'echo ?
Je le repete, le Gouvernement dispose de tous les moyens pour mettre en oeuvre la mobilisation nationale dont parle le President de la Republique. (Applaudissements sur les bancs du groupe communiste.)
M. Maurice Depaix. Tres bien !
M. le president. La parole est a M. le ministre du travail et des affaires sociales.
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Monsieur Pierna, vous mettez a nouveau l'accent sur ce qui doit etre une priorite nationale,...
M. Louis Mexandeau. Cela ne se voit pas !
M. le ministre du travail et des affaires sociales. ... et tel est, en effet, le souhait du President de la Republique. Il faut maintenant que tout cela se traduise concretement, et d'abord du cote de l'entreprise: il appartient aux employeurs de tenir les engagements qu'ils ont pris face aux centrales syndicales au cours de la reunion nationale pour l'emploi des jeunes. En effet, 400 000 contrats d'alternance, c'est possible. Encore faut-il une mobilisation tres forte. Nous esperons bien que, dans ce cadre, les grandes entreprises, notamment, voudront accueillir un plus grand nombre de jeunes, car elles sont en dessous des 2 % de leurs effectifs...
M. Maxime Gremetz. 3 %, monsieur Barrot !
M. le ministre du travail et des affaires sociales. ... et elles peuvent tres bien aller jusque-la et meme au-dela.
Du cote des collectivites publiques, la proposition de loi Jacquemin adoptee en premiere lecture jeudi dernier va permettre de franchir une etape supplementaire en les encourageant a accueillir des jeunes grace aux moyens de formation...
M. Louis Mexandeau. Un reve !
M. Jean-Claude Lefort. S'il en reste !
M. le ministre du travail et des affaires sociales. ... qui existent dans le secteur public et qui peuvent etre mobilises a cet effet.
Il y a un probleme de tutorat, c'est vrai. Il y a aussi celui des ressources de la taxe d'apprentissage, que nous avons encore evoque jeudi dernier. Le quota de cette taxe a ete porte a 0,2 % sur le 0,5 %, vous le savez. Nous devons progresser dans cette voie.
Enfin, monsieur Pierna, vous avez rappele, a juste titre, le chomage de longue duree, c'est-a-dire de plus d'un an, dont souffrent certains jeunes. Nous allons, avec le concours de l'Agence nationale pour l'emploi et les missions locales, offrir des parcours personnalises d'insertion.
M. Maxime Gremetz. Offrez des emplois !
M. le ministre du travail et des affaires sociales. Bien sur, il faut un emploi a la sortie, monsieur Gremetz, pour eviter, en effet, d'aller de stage en stage, comme l'a dit M. Pierna. Cette solution repose sans doute sur l'Etat, mais aussi sur une mobilisation de tous les acteurs. C'est ainsi que l'on arrivera a faire progresser la solution de ce probleme qui est le probleme numero un de la societe francaise. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique.)

Données clés

Auteur : M. Pierna Louis

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Emploi

Ministère interrogé : travail et affaires sociales

Ministère répondant : travail et affaires sociales

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 26 février 1997

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