Reseaux de donnees
Question de :
M. Warhouver Aloyse
- RL
Question posée en séance, et publiée le 12 mars 1997
M. le president. La parole est a M. Aloyse Warhouver.
M. Aloyse Warhouver. Ma question s'adresse a M. le ministre de l'industrie, de la poste et des telecommunications. Elle concerne les reseaux d'information.
Dans ce secteur, la France a longtemps ete a la pointe de la technologie. Elle fut la premiere a poser un jalon dans le domaine de la telematique avec l'invention du Minitel; des marches s'ouvraient a notre industrie des telecommunications, d'autant plus prometteurs que nos voisins allemands eprouvaient des difficultes techniques a mettre au point un produit similaire, le BTX.
A l'heure du bilan, force est de constater qu'en fait d'avance, nous avons maintenant dix ans de retard ! A titre de comparaison, l'Allemagne possede aujourd'hui 21 % de machines connectees, le Royaume-Uni 20 %, et la France seulement 8 %. Quant a l'Espagne, elle connait aujourd'hui le plus fort taux d'abonnement en Europe. Comment expliquez-vous, monsieur le ministre, que nous ayons pris un tel retard, alors que nous etions des precurseurs ?
A l'heure de la mondialisation de l'industrie, Internet joue un role preponderant dans la conception et la commercialisation des produits. Il s'agit aussi de savoir a qui vont appartenir les peages des autoroutes de l'information.
Quant a l'education nationale, elle avait accompli en 1984 un effort sans precedent. Le plan «Informatique pour tous» avait dote l'ensemble des etablissements d'ordinateurs, ce qui a permis aux eleves de s'initier a l'informatique en attendant la telematique.
J'ai enregistre avec beaucoup de satisfaction les declarations de M. le President de la Republique, annoncant hier que, d'ici a l'an 2000, l'ensemble des etablissements secondaires seraient connectes aux reseaux d'information. Mais un probleme important se pose: le probleme linguistique, car 80 % de l'information est delivree en anglais ou en allemand, 20 % seulement en francais. Des deux solutions possibles, laquelle allez-vous choisir monsieur le ministre ? Allez-vous mettre en place des serveurs de traduction ? Ou bien ne serait-il pas preferable de rendre obligatoire l'enseignement de l'anglais des la maternelle, pour ne pas marginaliser notre pays dans cette terrible explosion informatique ?
M. le president. Veuillez poser votre question.
M. Aloyse Warhouver. D'une facon generale, quels moyens allez-vous degager pour permettre a la France de rattraper son retard sur les autoroutes de l'information ? (Applaudissements sur divers bancs du groupe Republique et Liberte et du groupe socialiste.)
M. le president. La parole est a M. le ministre de l'industrie, de la poste et des telecommunications.
M. Franck Borotra, ministre de l'industrie, de la poste et des telecommunications. On n'a pas le droit, monsieur le depute, de dire que la France a dix ans de retard: ce n'est pas vrai ! («Tres bien !» sur plusieurs bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique.)
Premierement, le Minitel a ete le precurseur du network computer. Dans le marche telematique, la France est probablement aujourd'hui l'un des pays qui a la plus grande diffusion. Sept millions de personnes utilisent, je le rappelle, le Minitel. C'est un marche considerable qui represente sept milliards de francs pour quelque 25 000 services rendus.
Deuxiemement, le President de la Republique a clairement affirme hier sa volonte de voir la France s'engager dans la bataille de la societe de l'information. Nous avons dans ce domaine des atouts considerables. Je pense en particulier aux centres de recherche - l'INRIA ou le CNET - a notre experience dans le domaine des services en ligne, a la creativite des fournisseurs de contenu ou a l'existence d'un vrai marche telematique.
Troisiemement, afin que la France presente soit sur les autoroutes de l'information, le Gouvernement a pris depuis trois ans l'initiative d'un appel a propositions qui recouvre aujourd'hui 250 projets, finances a hauteur de 500 millions de francs par l'Etat.
Cela dit, je le reconnais bien volontiers, le coeur du probleme est d'abord au niveau de l'education. Il est vrai - et le President de la Republique l'a dit hier - que nos enfants doivent vivre avec leur temps. C'est la raison pour laquelle M. le Premier ministre engage le Gouvernement a mettre en oeuvre un plan triennal ambitieux dans trois directions: le raccordement de tous les etablissements aux reseaux; l'equipement des colleges et des lycees en micro-ordinateurs communiquants avec, pour objectif, un poste pour quinze eleves; enfin, l'utilisation des techniques multimedias comme outil d'enseignement pour permettre un enseignement interactif. L'objectif est de faire en sorte que, d'ici a l'an 2 000, tous les jeunes qui quittent le systeme educatif sachent utiliser parfaitement cet outil qui fait partie de la vie de tous les jours. (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)
Auteur : M. Warhouver Aloyse
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Telecommunications
Ministère interrogé : industrie, poste et télécommunications
Ministère répondant : industrie, poste et télécommunications
Date : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue au Journal officiel du 12 mars 1997