Politique a l'egard des jeunes
Question de :
M. Briand Philippe
- RPR
Question posée en séance, et publiée le 12 mars 1997
M. le president. La parole est a M. Philippe Briand.
M. Philippe Briand. Ma question s'adresse a M. le Premier ministre. Hier soir, nous avons entendu un President de la Republique volontaire et enthousiaste. Un President de la Republique proche des Francais. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.) Un President de la Republique conscient de nos difficultes (Memes mouvements.) Un President de la Republique qui a remis l'homme et les jeunes, et non plus les systemes, au coeur du debat.
Hier soir, il a pris quatre grands engagements. Le premier concerne la lutte contre l'illettrisme, avec la volonte de mettre fin a la honte, de voir 15 % des jeunes sortir aujourd'hui du systeme scolaire en ne sachant pas bien lire et ecrire. Le deuxieme porte sur les rythmes scolaires et les programmes; la reforme a deja ete engagee par le ministre de l'education nationale et le ministre delegue a la jeunesse et aux sports. Le troisieme vise a faire en sorte que, dans les etablissements scolaires, les jeunes puissent, d'ici a l'an 2000, maitriser l'informatiques. Enfin, et c'est la une idee chere aux gaullistes et a tous ceux qui a l'Assemblee nationale s'engagent pour les jeunes, il a exprime la volonte de mettre en place un compte epargne formation pour redonner a chacun sa chance dans la vie.
Monsieur le Premier ministre, fort des engagements pris par le chef de l'Etat, comment comptez-vous mettre en oeuvre cette importante reforme ? Quel calendrier allez-vous retenir pour permettre a ces orientations de trouver leur place dans notre societe et faire, comme le disait le General de Gaulle, qu'a nouveau la France soit la France. (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique.)
M. le president. La parole est a M. le Premier ministre.
M. Alain Juppe, Premier ministre. Comme vous, monsieur Briand, j'ai ete frappe par l'authenticite du propos du President de la Republique (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe communiste), la comprehension des problemes des jeunes qui en ressortait et la connaissance approfondie des questions qu'il a evoquees tout au long de cette emission.
M. Louis Mexandeau. La souris, par exemple ?
M. Julien Dray. On se croirait chez Darty: Juppe rassure le service apres-vente !
M. le Premier ministre. Mais ce propos contenait aussi des orientations tres precises et parfaitement en phase avec l'action que le Gouvernement conduit depuis maintenant un an et demi.
Pour completer notre programme de travail, l'accelerer, a la lumiere des propositions du President de la Republique, et programmer les initiatives ou les mesures nouvelles qui s'imposent, je reunirai les ministres concernes jeudi prochain a seize heures.
Voyons quelques exemples des questions sur lesquelles nous travaillons depuis plusieurs mois deja, avec le soutien de la majorite, et qui vont maintenant, dans la ligne des perspectives ouvertes par le President de la Republique, donner lieu a de nouvelles initiatives.
Premier exemple: l'embauche des jeunes. Il y a un mois environ, nous avons tenu la conference nationale pour l'emploi des jeunes qui a fixe des objectifs tres precis: 400 000 jeunes en alternance en 1997...
M. Jean-Pierre Balligand et M. Michel Fromet. Le CIP !
M. le Premier ministre. ... - nous tiendrons ce pari -, l'insertion de 100 000 jeunes chomeurs de longue duree, qui seront recus individuellement dans les prochains mois et auxquels un parcours d'insertion sera propose. J'y ajoute le developpement des experiences et des initiatives locales, grace a la deconcentration des credits et des responsabilites que j'avais annoncee. Tout cela est dans la droite ligne de ce que le President de la Republique a souhaite.
Deuxieme exemple: la formation continue. Une mission de reflexion avait ete creee par M. Barrot il y a plusieurs mois sur cette importante question. Elle a abouti a des propositions que le President de la Republique a fait siennes hier soir: le compte epargne temps-formation, la validation des acquis tout au long de la formation continue suivie par les adultes, et le cheque formation.
Un groupe de travail auquel participeront les partenaires sociaux, sera mis en place dans les tout prochains jours pour mener a bien ces differentes mesures et un projet de loi vous sera soumis au mois d'octobre prochain.
Troisieme exemple: la lutte contre la toxicomanie. En 1995, j'avais demande au ministre competent de definir un plan triennal de lutte contre la drogue et la toxicomanie. Cela a ete fait: en deux ans, les credits consacres a cette action prioritaire ont ete majores de 20 %, en depit du contexte budgetaire que vous connaissez. J'ai demande un nouveau plan triennal couvrant la periode 1998-1999-2000. La reunion du comite interministeriel de lutte contre la drogue et la toxicomanie, qui doit approuver ce nouveau plan triennal, est prevue au debut du mois de mai.
Quatrieme exemple: l'enfance maltraitee. Vous le savez, lors de la conference de Stockholm, Xavier Emmanuelli s'etait exprime au nom de la France sur ce sujet qui me tient tout particulierement a coeur. Je lui ai demande de definir un programme d'action. C'est chose faite. Un projet de loi a ete elabore par le garde des sceaux et vient d'etre approuve par le conseil des ministres. Vous allez en discuter dans les tout prochains jours. Il instituera, si vous en etes d'accord, la peine de suivi medico-psychologique apres la sortie de prison.
J'ai egalement decide de faire de la lutte contre les mauvais traitements dont sont victimes les enfants une grande cause nationale en 1997.
M. Alain Marsaud. Tres bien !
M. le Premier ministre. Le mouvement sera lance le jeudi 13 mars, c'est-a-dire apres-demain, avec la participation d'un grand nombre de partenaires que cette cause mobilise. (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)
Cinquieme exemple: l'illettrisme. Le projet de loi de cohesion sociale prevoit une restructuration complete du dispositif public de lutte contre l'illettrisme, avec l'institution d'un comite interministeriel et d'un secretariat national contre l'illettrisme. Vous avez pu entendre hier soir a la television le professeur Bentolila s'exprimer excellemment sur ce sujet. Je rappellerai que le Gouvernement l'a charge de mission depuis le 26 fevrier.
Dernier exemple: l'education. C'est avant l'ete que votre assemblee pourra debattre, comme l'a souhaite le President de la Republique, a la fois de l'evolution des programmes scolaires, a la lumiere de ce qu'est devenue aujourd'hui la societe francaise, et des rythmes scolaires.
Enfin, s'agissant de la mise en reseau de nos etablissements scolaires, un programme triennal est en cours de definition. Je voudrais insister sur le fait que nous ne nous interesserons pas seulement au materiel, comme cela a ete fait par le passe, mais egalement au contenu. J'ai tenu il y a quelque temps une fort interessante reunion de travail, notamment avec Michel Serres, pour voir comment la fusion de La Cinquieme et de Arte nous permettra de mettre sur les terminaux d'ordinateurs autre chose que le seul programme Internet, ...
M. Andre Fanton. Tres bien !
M. le Premier ministre. ... tout a fait interessant certes, mais qui doit etre complete par un contenu et des messages educatifs elabores par la France elle-meme.
M. Pierre Lellouche et M. Etienne Garnier. Tres bien !
M. le Premier ministre. Voila comment le propos du President de la Republique s'inscrit dans la politique du Gouvernement, et comment nous allons amplifier notre programme de travail pour tenir compte de la nouvelle impulsion qu'il a donnee.
Mais, au-dela des orientations precises, des mesures concretes et des plans d'action que je viens d'evoquer, le plus important dans le propos que nous avons entendu hier soir, c'est le climat general qui s'en degageait: un climat de volonte, un climat de confiance en l'avenir. Et, je le dis ici avec toute la force de ma conviction: non, la France n'est pas un pays en declin. (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.) C'est un pays qui a des problemes, comme les autres. Mais c'est un pays qui a des atouts considerables, a commencer par sa jeunesse. C'est la raison pour laquelle le propos du President de la Republique a touche le coeur des Francaises et des Francais. (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)
Auteur : M. Briand Philippe
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Jeunes
Ministère interrogé : Service du Premier Ministre
Ministère répondant : Service du Premier Ministre
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 12 mars 1997