Renault
Question de :
M. Davoine Bernard
- SOC
Question posée en séance, et publiée le 27 mars 1997
M. le president. La parole est a M. Bernard Davoine.
M. Bernard Davoine. Ma question s'adresse a M. le Premier ministre.
Renault a annonce la fermeture de l'usine de Vilvorde et la suppression de plus de 3 000 emplois dans des conditions inadmissibles. Continuant sur sa lancee, le groupe prevoit la suppression de 3 000 emplois par an jusqu'en l'an 2000 et la diminution de ses achats, ce qui ne manquera pas d'avoir des repercussions sur tous les equipements et tous leurs salaries.
En realite, c'est toute l'industrie automobile francaise qui est confrontee a la baisse du pouvoir d'achat a ete masquee par des primes a l'effet illusoire.
Le Nord - Pas-de-Calais compte pres de 40 000 emplois lies a l'automobile et serait particulierement touche par ces mesures. Dans le meme temps, on annonce l'implantation possible d'une usine japonaise dans la region, sans doute avec des aides publiques. Quelle incoherence !
Que compte faire le Gouvernement, actionnaire, faut-il le rappeler, a 46 % du groupe Renault ? Qu'attend-t-il pour demander la reunion du conseil des ministres europeens de l'industrie, afin d'adopter une attitude commune en vue de donner la priorite aux industries europeennes et dynamiser l'activite ? Ne pense-t-il pas que la defense de l'emploi passe par une veritable politique concertee de relance economique capable de porter a nouveau l'industrie automobile francaise ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)
M. le president. La parole est a M. le ministre de l'industrie, de la poste et des telecommunications.
M. Franck Borotra, ministre de l'industrie, de la poste et des telecommunications. Que peut faire l'Etat en tant qu'actionnaire pour permettre a Renault de sortir de la situation dans laquelle elle se trouve ? Eh bien, la laisser prendre les decisions de nature industrielle qui s'imposent pour s'adapter a la concurrence. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
Vous pouvez, bien sur, rever d'un seul producteur d'automobiles, vendant les vehicules a des prix qu'il aura lui-meme fixes et decidant des personnes qui peuvent les acheter. Ca, c'est le symbole Trabant: c'est termine !
L'entreprise doit s'adapter aux conditions de la concurrence. Vous avez evoque la possibilite d'installation en Europe de producteurs japonais ou coreens, ce qui montre bien qu'il faut etre capable de vendre des vehicules comparables a des prix competitifs, sans quoi on est ecarte du marche. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
M. Louis Mexandeau. Vous etes les Trabant de la politique francaise !
M. le ministre de l'industrie, de la poste et des telecommunications. Le president de Renault - et c'est sa responsabilite - a declare qu'il fallait, d'ici a l'an 2000, trouver 20 milliards d'economies pour preparer l'entreprise aux conditions de la concurrence. Cela me parait effectivement l'ordre de grandeur de la somme necessaire pour permettre a l'entreprise de faire face, en l'an 2000, a ses concurrents sur le marche europeen. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
Ce que je souhaite, c'est que ces economies ne pesent exclusivement sur les salaries et sur les equipementiers. C'est indispensable, car la production ne represente qu'environ 20 % du prix de vente du vehicule, alors que les equipements et la matiere premiere en representent 30 %. Il faut donc que les economies reposent sur la totalite des depenses de l'entreprise.
Celle-ci doit ensuite choisir une strategie industrielle, c'est-a-dire organiser l'outil de production, de maniere qu'il soit plus performant, parce qu'il est aujourd'hui trop complique, trop disperse et insuffisamment utilise.
M. Jean Glavany. Repondez a la question !
M. le ministre de l'industrie, de la poste et des telecommunications. Il convient d'augmenter les partenariats industriels. Renault travaille deja beaucoup avec Volkswagen, Ford, General Motors et PSA. Il faut aller plus loin. Il est indispensable que l'entreprise genere le cash flow dont elle a besoin pour faire face aux investissements, en particulier, pour se developper sur les marches qui sont porteurs de croissance.
Il faut, enfin, que l'entreprise choisisse une strategie industrielle qui lui permette de rester concurrentielle et, du meme coup, d'etre l'un des premiers producteurs en l'an 2000 sur le marche europeen et sur le marche mondial. (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et sur quelques bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)
Auteur : M. Davoine Bernard
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Automobiles et cycles
Ministère interrogé : industrie, poste et télécommunications
Ministère répondant : industrie, poste et télécommunications
Date : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue au Journal officiel du 27 mars 1997