Question écrite n° 10979 :
Kosovo

11e Législature

Question de : M. François Asensi
Seine-Saint-Denis (11e circonscription) - Communiste

M. François Asensi souhaite attirer l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur les risques d'éclatement d'une guerre civile dans la province serbe du Kosovo, peuplée à 90 % d'Albanais. L'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a condamné la répression massive perpétrée par la police sur la diaspora albanaise du Kosovo qui ne s'est jamais résignée à la souveraineté exercée par les Serbes. Depuis quelques mois, les incidents se sont multipliés entre la police serbe, qui n'a cessé de renforcer ses positions sous la pression de Belgrade, et l'armée de libération du Kosovo créée par le mouvement national albanais. Jusqu'à maintenant, la contestation pacifique a été menée par la ligue démocratique du Kosovo, qui a organisé clandestinement, en 1992, un référendum sur la souveraineté et l'indépendance du Kosovo. L'écrivain I. Rugova devient le Président d'une République autoproclamée. Ce mouvement, qui a toujours prôné la non-violence et la résistance pacifique, s'est vite essouflé pour laisser la place à un autre mouvement, plus radical, déterminé à régler la question du Kosovo par la lutte armée et la guerilla urbaine. Aujourd'hui, la radicalisation de l'opinion publique se développe sous l'influence de l'armée de libération du Kosovo. De plus en plus d'Albanais, notamment les jeunes de moins de trente ans, qui représentent plus de 60 % de la population albanaise du Kosovo, s'engagent dans des mouvements de contestation. Toutes les conditions sont réunies pour un embrasement général et une guerre civile. Le conflit entre les Serbes et les Albanais du Kosovo a été réactivé lorsqu'en 1989, la Serbie, à l'instigation de S. Milosevic, a supprimé l'autonomie dont disposait le Kosovo. La constitution yougoslave de 1974 conférait à cette province un statut d'autonomie, avec de larges prérogatives, qui lui a permis d'être représentée à la présidence collégiale et de présider, à deux reprises, la Fédération yougoslave. Plus que jamais, les Serbes considèrent cette région comme faisant partie de leur territoire, en raison des événements historiques qui s'y sont déroulés au XIVe siècle lorsqu'ils se sont opposés à la puissance ottomane. Après la reconquête de ce territoire par la Serbie, les Albanais, pourtant très largement majoritaires au Kosovo depuis le milieu du XIXe siècle, ont toujours exprimé une volonté d'indépendance. En 1997, ils boycottent les élections législatives et municipales de la République fédérale de Yougoslavie. Les ultra-nationalistes d'hier et d'aujourd'hui, partisans de l'épuration ethnique, multiplient actuellement les demandes auprès des autorités de Belgrade afin qu'elles prennent, selon leurs déclarations dans la presse internationale « des mesures pour éradiquer le terrorisme au Kosovo ». Ces demandes sont loin d'apaiser les tensions. S. Milosevic rejette toujours le dialogue avec les représentants de la majorité albanaise. Lors de son passage en France, le Premier ministre macédonien, Branco Crvenkovski, a indiqué la nécessité d'ouvrir des négociations. De même, la Présidente de la République Srpska, Biljana Plavcic, a indiqué, lors de sa conférence à l'Institut français des relations internationales, que le dialogue n'avait que trop tardé. Face à la dégradation de la situation, il lui demande de prendre des initiatives, avec ses partenaires européens, pour imposer une médiation internationale et l'ouverture de négociations. Il en va de la stabilité des pays d'Europe et du retour durable de la paix dans cette région du monde.

Données clés

Auteur : M. François Asensi

Type de question : Question écrite

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : affaires étrangères

Ministère répondant : affaires étrangères

Dates :
Question publiée le 2 mars 1998
Réponse publiée le 11 mai 1998

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