TOM : Polynésie
Question de :
M. Pierre Lellouche
Paris (4e circonscription) - Rassemblement pour la République
M. Pierre Lellouche attire l'attention de Mme la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement sur la menace de destruction à terme des écosystèmes subaquatiques tropicaux, composés d'organismes récifaux, particulièrement fragiles. En effet, la Polynésie française possédant le plus grand « linéaire » corallien de la planète, 5 000 km de long, c'est-à-dire deux fois plus que la Grande Barrière australienne aujourd'hui classée sur la liste du patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco, la France est tout particulièrement concernée par la protection de cet environnement naturel tout à fait exceptionnel qui constitue, avec les forêts tropicales, les écosystèmes les plus riches en biodiversité et les plus productifs de la planète. Or, en 1993 on estimait que 10 % des récifs coralliens de la planète étaient morts et que 30 % pouvaient être condamnés d'ici à dix ans. Aujourd'hui, les estimations sont non seulement plus précises mais aussi plus dramatiques. Au total, 58 % des récifs seraient menacés de disparaître à moyen terme suite au réchauffement des eaux mais surtout à la pollution humaine, mal appréhendée en milieu liquide. Cette pollution est insidieuse : surexploitation des ressources marines, aménagement du littoral conséquemment à l'industrie du tourisme, érosion des sols, accumulation des sédiments et des boues urbaines, usage mal maîtrisé des engrais, des pesticides venus de l'agriculture sans compter les nombreux cargos qui vidangent leur ballast dans les eaux littorales ou à l'intérieur des lagons. Aujourd'hui, la protection de ce patrimoine naturel exceptionnel s'impose sinon c'est toute la chaîne alimentaire en mer qui risque d'être gravement perturbée, les récifs calcaires construits par l'accumulation des coraux constituant l'essentiel des sites où naissent et grandissent de très nombreux poissons océaniques, sédentaires ou pélagiques. Par ailleurs, les organismes récifaux ont déjà fourni des antibiotiques, des antitumoraux, des antiviraux. Quand un récif meurt, il emporte sans doute avec lui des remèdes précieux qui ne seront jamais découverts. La France ayant officiellement pris la tête de l'organisme international sur la protection des coraux, l'ICRI (International Coral Reef Initiative), créé en 1994 sous l'impulsion du vice-président américain Al Gore, qui regroupe 102 pays mais qui reste, malgré un excellent travail de recensement et de prévention, une organisation non gouvernementale sans pouvoir réglementaire, il lui demande quelles mesures elle entend prendre pour renforcer la représentation de l'ICRI dans les organisations internationales, et quelles dispsitions peuvent être envisagées pour garantir au plus vite dans les eaux sous juridiction française la protection et la mise en valeur de ce patrimoine naturel exceptionnel mais fragile.
Auteur : M. Pierre Lellouche
Type de question : Question écrite
Rubrique : Outre-mer
Ministère interrogé : aménagement du territoire et environnement
Ministère répondant : aménagement du territoire et environnement
Dates :
Question publiée le 19 avril 1999
Réponse publiée le 9 juillet 2001