illettrisme
Question de :
M. Georges Hage
Nord (16e circonscription) - Communiste
M. Georges Hage attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie - ainsi qu'il l'avait annoncé lors de sa question orale sans débat du 14 janvier dernier - sur quelques réflexions susceptibles d'aider à combattre l'illettrisme. L'INSEE estime à 2,5 millions le nombre d'adultes vivant en France et ayant le français comme langue naturelle qui sont incapables de traiter un problème administratif sans aide du fait de leur illettrisme. L'illettrisme est à l'origine de la plupart des autres échecs : personnels, professionnels et universitaires. Il est un handicap professionnel lourd et cause d'exclusion sociale. L'école doit disposer du temps et des moyens nécessaires pour éradiquer l'illettrisme, car cette mission appartient en priorité à l'éducation nationale. Lorsque l'institution militaire constate cette carence, il est trop tard et celle-ci n'est pas dotée de structures de rattrapage efficaces. Ce rôle ne peut pas non plus êtres assuré par l'ANPE, dont les illettrés constituent la malheureuse clientèle de stages de chômeurs de longue durée aussi nombreux qu'infructueux. Le Groupement permanent de lutte contre l'illettrisme (GPLI) constate, dans son rapport de février 1996, que l'illettrisme ne diminue pas et reçoit une réponse « totalement insuffisante ». Pendant que notre système éducatif agonise, un autre est en train de se substituer à lui à travers les écoles et universités privées et le système élitiste des grandes écoles, créant ainsi une éducation à deux vitesses de type américain. Le rattrapage des enfants en situation d'échec scolaire exige un encadrement renforcé et un suivi individuel effectué par un personnel formé et travaillant dans de bonnes conditions. Cela implique notamment plusieurs mesures. Il faut, dans le primaire et le secondaire baisser partout les effectifs par classe à 25 élèves ; assurer l'accueil de tous les enfants de moins de 2 ans d'âge dont les parents souhaitent la scolarisation, ce qui exige la création de 14 000 emplois et aucune suppression de poste, par la transformation d'au moins un tiers des 800 000 heures supplémentaires en emplois ; l'embauche des maîtres auxiliaires au chômage et la titularisation de toute cette catégorie. Il faut exiger aussi d'accorder le classement en établissement sensible ou en zone d'éducation prioritaire (ZEP) en fonction des besoins des établissements, et non pas des quotas à fondement comptable n'accordant ce classement qu'au compte-gouttes, comme dans l'exemple du collège Henri-Baumont de Beauvais (Oise) qui en est une triste illustration. Il faut donner les moyens indispensable pour que les conseillers principaux d'éducation, les psychologues et les réseaux d'aide spécialisée aux élèves en difficulté (RASED), dont les carences en personnel et de fonctionnement sont criantes, puissent accomplir leur mission. Il faut résorber les emplois précaires, notamment dans les GREATA (groupements d'établissements intervenant en formation continue des adultes), remparts contre l'apprentissage sauvage privé et dont les contractuels et vacataires sous contrat n'ont pas bénéficicié de la récente loi sur la précarité dans la fonction publique. Il faut mener une véritable politique de formation par rapport aux organismes formateurs, en particulier l'IUFM, dont les allocations accordées la 1re année doivent être maintenues. Il faut porter l'obligation scolaire à l'âge de 18 ans. La conjonction de trois problèmes : le travail des jeunes (pour assurer leur argent de poche et les frais scolaires), les carences alimentaires et l'absence de couverture sociale engendrent également une déstabilisation grave des élèves, qui se traduit par une grande fatigue, le manque de sommeil et l'absentéisme. Il est urgent : de mettre en place une véritable politique sociale qui se fonde sur autre chose que l'aléatoire fonds lycéen ou collégien ; de rétablir l'allocation de rentrée scolaire à 1 500 francs et les bourses accordées aux collégiens ; d'accueillir ces derniers en foyer ou en internat avec gratuité totale de la cantine et des soins médicaux pour qu'à l'exclusion sociale ne s'ajoute pas l'exclusion scolaire. Il faut aussi : créer des postes d'infirmière et de médecin ; faire établir un bilan social des établissements scolaires par les comités d'environnement social (CES), et faire procéder à une enquête annuelle, et non bisanuelle, par le ministère sur les résultats des enfants entrant en 6e. Il lui demande, en conséquence, s'il entend prendre en considération ces propositions.
Auteur : M. Georges Hage
Type de question : Question écrite
Rubrique : Enseignement
Ministère interrogé : éducation nationale, recherche et technologie
Ministère répondant : éducation nationale, recherche et technologie
Dates :
Question publiée le 30 juin 1997
Réponse publiée le 6 octobre 1997