Question de : M. Armand Jung
Bas-Rhin (1^re circonscription) - Socialiste

M. Armand Jung attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la pêche sur la mise en cause d'un herbicide, le flazasulfuron. Bien que remarquable par son caractère peu toxique pour l'environnement, le flazasulfuron serait à l'origine de phytotoxicité, de symptômes de jaunissement qui ne seront pas sans effet sur la qualité des vendanges. En France, ce sont plusieurs dizaines de milliers d'hectares de vignes qui ont reçu des traitements herbicides à base de flazasulfuron. Utilisé comme herbicide de prélevée, qui pénètre par la voie foliaire et racinaire, le flazasulfuron bénéficiait d'un écho très favorable auprès de la profession vitivinicole. Le profil écotoxicologique est très intéressant. Il est très biodégradable ; la période de demi-vie de la matière active oscille entre 0,5 et 3,5 jours selon les types de sol et leur température ; son large spectre d'action explique son succès incontesté parmi les matières actives de nouvelle génération, réputées propres. La biodégradation est en particulier favorisée en sols acides. Les mécanismes d'hydrolyse ont été mis en évidence. Il n'en est pas de même pour des matières actives comme le diuron ou le 2,4 D. Cependant, des pays comme le Japon révisent actuellement leur teneur maximale en résidus de pesticides tolérés et le flazasulfuron fait ainsi partie d'une liste de 29 matières actives. Elle inclut le 2,4 D, le glyphosate et des strobilurines. Bien que biodégradable, le flazasulfuron possède des sites halogénés à base de fluor. A l'état concentré, les halogénés posent de graves problèmes environnementaux. Les observations en début de campagne végétative ont laissé apparaître de nombreux symptômes de déficience de chlorosynthèse sur les vignes en désherbage permanent, ce qui n'est pas sans laisser des séquelles sur la future qualité des vins, en terme de structure. Des symptômes de jaunissement et de déficience de chlorosynthèse ont d'ailleurs déjà été relevés. Les vignerons champenois ont observé cette année ces symptômes de chlorose sur vignes traitées au flazasulfuron. C'est donc bien la phytotoxicité de la matière active qui est en cause. La migration accélérée de la matière active grâce à une forte pluviométrie et aux racines superficielles pose malgré tout le problème de l'information et celui des protocoles de mesure sur la biodégradabilité des matières actives en général. Car une telle phytotoxicité suppose une période de demi-vie plus longue que 3,5 jours. En conséquence, il lui demande de confirmer si l'utilisation du flazasulfuron peut entraîner des séquelles sur la future qualité des vins.