Question écrite n° 5412 :
politique familiale

11e Législature
Question signalée le 25 janvier 1999

Question de : M. Jean-Claude Lenoir
Orne (2e circonscription) - Union pour la démocratie française

M. Jean-Claude Lenoir appelle l'attention de Mme la ministre de l'emploi et de la solidarité sur le contenu de la lettre suivante qui illustre bien la situation de nombreux couples dans notre pays. « ... Nous avons deux enfants de deux et quatre ans. Nos revenus mensuels sont proches de 39 000 francs (sur douze mois) sans aucun avantage en nature. Nous travaillons tous les deux à temps complet dans le secteur privé, donc constamment exposés au chômage. J'ai le sentiment de faire partie des classes moyennes et certainement pas des Français très aisés». Malheuresuement, je fais partie de la cible actuelle du Gouvernement, lequel s'acharne sur notre sort : perte des allocations familiales soit 8 059,80 francs en moins par an, diminution de moitié du montant de l'AGED soit une perte annuelle de 8 034 francs, diminution de moitié de la déduction fiscale pour garde d'enfant à domicile soit une perte annuelle de 25 676 francs. Le total de la perte annuelle de revenus s'élève donc à 41 769 francs soit près de 9 % de nos revenus nets. Nous sommes tout simplement incapables de supporter une telle chute de revenus et de façon aussi brutale. Nous envisageons donc de licencier à la fin de l'année la personne qui garde quotidiennement, à notre domicile, notre fils et également, en dehors des heures de maternelle, notre fille. Cela ne résoud pas pour autant notre problème. Qui va garder nos enfants ? Nous n'avons pas de famille à Paris et comme vous le savez, il n'y a aucune place de crèche disponible. Ce n'est pas vraiment une bonne méthode pour encourager la natalité... Ce qui est choquant dans ces mesures, c'est : l'absence totale de progressivité, l'absence de prise en compte des disparités Paris-Province. Vous connaissez le coût de l'immobilier à Paris et donc une partie importante de nos revenus est utilisée pour nous loger, la non-prise en compte du fait qu'un salarié doit travailler plus de 8 heures par jour pour atteindre le niveau de revenus qui est le nôtre (plutôt 11, 12 ou plus...) et doit sacrifier sa vie familiale. Nous avons des responsabilités et un niveau d'études élevé. Nous avons financé nos études par des prêts étudiants il y a une dizaine d'années. Mêmes malades nous nous rendons à notre bureau. Nous n'avons jamais utilisé les allocations chômage malgré les licenciements qui nous ont frappés cas nous avons toujours retrouvé seuls du travail. Nous ne sommes pas des assistés et l'argent que nous gagnons est bien mérité car issu de notre seul travail. Même avec le niveau de revenus qui est le nôtre, nous avons encore de nombreux besoins non satisfaits (meubles, travaux dans notre appartement, renouvellement de notre voiture qui a huit ans, équipement ménager...). Nous sortons très peu. Nous passons nos vacances dans notre famille. Nous faisons très attention à nos dépenses. Nous n'achetons rien à crédit (à l'exception de notre logement) pour éviter le surendettement... La brutalité quant à l'application de ces mesures et l'absence de parole de l'Etat. Nous avons acheté notre appartement il y a un an et nous nous sommes engagés vis-à-vis de notre banque par rapport à une situation financière donnée. Ces mesures viennent brutalement les remettre en question... «. Il lui demande de bien vouloir lui faire connaître les suites qu'elle entend donner aux inquiétudes d'un nombre non négligeable de familles se situant dans cette tranche de revenus et qui contribuent par leur travail et leur consommation à faire tourner le moteur de notre économie

Données clés

Auteur : M. Jean-Claude Lenoir

Type de question : Question écrite

Rubrique : Famille

Ministère interrogé : emploi et solidarité

Ministère répondant : emploi et solidarité

Signalement : Question signalée au Gouvernement le 25 janvier 1999

Dates :
Question publiée le 27 octobre 1997
Réponse publiée le 1er février 1999

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