Soudan
Question de :
M. Armand Jung
Bas-Rhin (1re circonscription) - Socialiste
M. Armand Jung appelle l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur la situation au Sud-Soudan. Le Soudan est le plus vaste pays d'Afrique. Une guerre civile endémique y sévit depuis 1955, à part une brève accalmie dans les années soixante-dix. Lorsque le gouvernement de Khartoum a décidé d'imposer la Charla à l'ensemble de la population, les tribus du Sud, en majorité chrétienne ou animiste, se sont révoltées. Ce fut l'origine d'une rébellion en lutte contre l'armée d'occupation de Khartoum. La guerre civile, conjuguée à des conditions climatiques difficiles avec des cycles de sécheresse récurrente, a complètement ruiné le pays et réduit la population à la plus extrême pauvreté. On estime que depuis 1983 plus de deux millions de personnes sont mortes, victimes de la guerre ou de la famine. Trois millions de Soudanais ont fui dans d'autres régions du pays et sans doute deux millions à l'étranger. Les villages, les écoles, les églises sont détruits, les récoltes incendiées, le bétail raflé. Depuis peu, le gouvernement a même interdit les vols humanitaires sous prétexte d'assistance à la rébellion. La misère est profonde. Par peur des bombardements, beaucoup d'habitants ont abandonné leurs maisons et survivent en pleine brousse. Il semble bien que la pratique des razzias d'esclaves, que l'on croyait révolue, se perpétue au Sud-Soudan. Les tribus musulmanes du Nord, armées par le gouvernement et transportées sur place par l'armée, fanatisées par l'appel à la guerre sainte, pillent les villages, incendient les maisons, massacrent les hommes et emmènent le bétail, ainsi que les femmes et les enfants qui sont ensuite revendus comme esclaves. Selon des sources fiables, une organisation non gouvernementale a racheté des esclaves noirs du Sud-Soudan. Elle a obtenu, ces dernières années, la libération de 15 447 femmes et enfants de confession chrétienne et animiste, chaque esclave ayant été racheté pour une somme de 300 francs, soit une dépense totale de 4 634 100 francs. En conséquence, il lui demande si le droit d'ingérence humanitaire peut être invoqué par la France et la communauté internationale compte tenu du drame que vivent les populations chrétiennes et animistes du Sud-Soudan et de la situation des droits de l'homme au Soudan consécutive à la guerre civile dans le sud du pays.
Auteur : M. Armand Jung
Type de question : Question écrite
Rubrique : Politique extérieure
Ministère interrogé : affaires étrangères
Ministère répondant : affaires étrangères
Dates :
Question publiée le 18 décembre 2000
Réponse publiée le 5 février 2001