Question écrite n° 58428 :
condiments et épices

11e Législature

Question de : M. Georges Sarre
Paris (6e circonscription) - Radical, Citoyen et Vert

M. Georges Sarre attire l'attention de M. le ministre délégué à la santé sur l'affaire du « lobby du sel » et de la surconsommation de ce produit par les Français. Les effets néfastes de l'excès de sel sont unanimement reconnus par la communauté scientifique. La majorité des études montrent, en effet, que l'excès de chlorure de sodium serait responsable chaque année en France de 75 000 accidents cardio-vasculaires, dont 25 000 décès. Il faut dire que les Français absorbent deux fois la dose limite fixée par l'Organisation mondiale de la santé, une surconsommation moins imputable à la salière qu'à l'incorporation massive par l'industrie agro-alimentaire de chlorure de sodium dans les aliments (biscuits sucrés, soupes, boissons sodées, pain, plats préparés, etc.). Il y aurait des intérêts industriels immenses à maintenir cet ajout à un niveau élevé dans l'alimentation préparée. D'une part, grâce à sa faculté de rétention d'eau, le chlorure de sodium augmente artificiellement le poids et donc le prix de vente au kilo des aliments. D'autre part, grâce à son pouvoir assoiffant, certains géants de l'agro-alimentaire, qui dominent également le marché mondial de l'eau en bouteille et les fabricants de sodas gagneraient, en surajoutant du sel, sur les deux tableaux (dans un pays comme la France, une réduction de 30 % des apports en sel entraînerait par exemple un manque à gagner de 40 milliards de francs). La Finlande, depuis dix ans, diminue la consommation de sel et connaît une baisse drastique des cas de maladies cardio-vasculaires. En Grande-Bretagne, même si les scientifiques et les pouvoirs publics se sont heurtés de plein fouet aux géants de l'agro-alimentaire, ils ont également obtenu une diminution de la teneur en sel des produits vendus. En comparaison, les autorités françaises semblent être en retrait sur ce dossier. Interpellés sur cette question en octobre 1998, par le biais de questions écrites, les pouvoirs publics ont livré tardivement leur réponse (Journal officiel du 21 octobre 1999), laquelle minimisait la consommation de sel des Français, exhumait une thèse rédigée dans les années 1970 et enfin citait une étude rassurante sur les effets du sel sur la santé, rédigée par un scientifique américain, par ailleurs consultant du Salt Institute, l'association qui regroupe les principaux producteurs de sel dans le monde. Pour le moins préoccupé par cet état de fait, il aimerait connaître les intentions du Gouvernement. Il lui demande s'il compte envisager puis négocier une réduction des taux de sel dans l'industrie alimentaire à tout le moins instaurer l'obligation d'indiquer la présence et le taux de chlorure de sodium sur les étiquettes.

Données clés

Auteur : M. Georges Sarre

Type de question : Question écrite

Rubrique : Agroalimentaire

Ministère interrogé : santé

Ministère répondant : santé

Dates :
Question publiée le 26 février 2001
Réponse publiée le 2 juillet 2001

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