Question écrite n° 6359 :
résistants

11e Législature

Question de : M. Pierre Brana
Gironde (5e circonscription) - Socialiste

M. Pierre Brana appelle l'attention de M. le Premier ministre sur une exigence de fait historique et le devoir de mémoire de la nation. Il s'agit, par un geste fort, de rendre un hommage solennel à des hommes et à des femmes, notamment aux vingt-sept parlementaires qui ont refusé les pleins pouvoirs à Pétain, qui se sont embarqués sur le Massilia le 21 juin 1940. Ce devoir de vérité sur les passagers de ce bateau a été exprimé en particulier par Marie-Claire Mendès-France, présidente de l'Institut Pierre-Mendès-France, dans le journal Le Monde du 31 octobre 1997. Depuis plusieurs mois, témoins, journalistes, historiens, personnalités politiques et religieuses et plus hautes autorités de l'Etat rappellent des faits, dénoncent des compromissions, font acte de « repentance » et reconnaissent la part de responsabilité de l'Etat et des gouvernements pendant les heures sombres de l'occupation en 1940. Dans le souvenir des Français, l'appel du 18 juin du général de Gaulle et, à un degré moindre, le refus des « quatre-vingts » parlementaires de voter les pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet font passer sous silence ce que l'on peut considérer comme le premier acte de résistance de la représentation nationale. Oubliés les vingt-sept parlementaires et les passagers, civils et militaires, embarqués au Verdon, en Gironde, à destination de l'Afrique du Nord. Ils refusaient pourtant le déshonneur et la capitulation qu'a symbolisés le lendemain même l'armistice demandé par Pétain. Particulièrement signifiant de l'honneur national et des valeurs républicaines, cet embarquement fut décidé le 16 juin 1940 sur ordre des présidents de la chambre des députés et du Sénat, Jules Jeanneney et Edouard Herriot, et du président du Conseil, Paul Reynaud. Jugés, condamnés à l'époque comme des traîtres et des déserteurs, encore souvent considérés comme tels aujourd'hui, ces passagers partaient hors métropole, vers des territoires sous domination française, assurer la légitimité de la République et poursuivre la lutte contre l'ennemi en rejoignant des forces militaires. Sans retirer le mérite des compagnons de la France libre et celui de nombreux résistants, il lui demande donc s'il est dans ses intentions de rendre justice à ces oubliés - de tous bords politiques - de l'histoire. Ce serait à la fois une reconnaissance officielle et une action de morale civique vis-à-vis notamment des jeunes générations, comme il l'a demandé dans sa déclaration de politique générale.

Données clés

Auteur : M. Pierre Brana

Type de question : Question écrite

Rubrique : Anciens combattants et victimes de guerre

Ministère interrogé : Premier Ministre

Ministère répondant : Premier Ministre

Dates :
Question publiée le 17 novembre 1997
Réponse publiée le 2 mars 1998

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