exploitants
Question de :
M. Pierre Brana
Gironde (5e circonscription) - Socialiste
M. Pierre Brana attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la pêche sur l'urgence à intervenir de manière spécifique dans les parties du massif forestier aquitain touchées par les ouragans de décembre 1999, en particulier dans la forêt du Médoc, en Gironde. Pour mémoire : en Aquitaine, près de 30 millions de mètres cubes de chablis en Gironde, près de 20 millions de mètres cubes, les dégâts allant en augmentant du sud au nord du département, pour atteindre leur maximum dans le Médoc avec un volume de plus de 10 millions de mètres cubes de chablis. Aujourd'hui, on estime que 6 à 7 millions de mètres cubes sont encore à terre dans cette zone hyper sinistrée. Comme on pouvait le craindre, cette tempête sans précédent continue de manifester ses effets sur ce massif principalement constitué de résineux. D'importantes mesures ont été - et sont encore prises, pour aider et soutenir les acteurs de la filière. Malheureusement force est de constater que la situation actuelle appelle d'autres mesures, sinon un plan particulier. Sans être alarmiste, si cette situation n'est pas prise en compte pendant qu'il en est encore temps, les conséquences seront demain beaucoup plus grandes pour l'économie locale et le tissu social, voire irrémédiables pour l'écologie forestière. Les investissements exceptionnels demandés à court et moyen terme pourraient éviter le pire. Outre le risque élevé d'incendie, il faut se préoccuper des risques phytosanitaires qui se manifestent de la façon suivante. Primo, les attaques d'insectes : des coléoptères (scolytes) se reproduisent sous l'écorce des chablis puis essaiment vers les arbres sains dont ils provoquent souvent la mort, depuis début juin, des sylviculteurs et des professionnels de la forêt (y compris les services de l'Etat) signalent des mortalités massives dues à ces insectes, actuellement, deux types d'intervention sont prévus en concertation entre l'interprofession et la DRAF, d'abord un traitement chimique (produit homologué) des piles de bois en bord des routes qui agissent comme autant de « pièges » à scolytes : dès avril 2001, 60 000 stères ont été traités, une deuxième campagne est en cours pour 100 000 stères. Secundo, en absence de produit insecticide homologué contre les scolytes pour les arbres sur pied, les seules méthodes de lutte reposent sur des techniques sylvicoles : dès la détection de symptômes et de dégâts, l'exploitation et la vidange des bois doivent être très rapides afin de réduire les concentrations d'insectes et de protéger les arbres sains proches, il convient d'éliminer les arbres morts et les jeunes arbres verts scolytés (avec larves, nymphes) et de broyer systématiquement tous les rémanents. Ces opérations - y compris un repérage dans des zones encore inaccessibles - sont lourdes, minutieuses et onéreuses. Sachant qu'une première somme de 4 millions de francs pourrait être consacrée à ces interventions, il lui demande de confirmer cette mesure. Puis, de faciliter l'optimisation d'un dispositif de lutte très difficile à mette en oeuvre (quel opérateur ? quelles modalités financières adaptées à la rapidité d'intervention ? etc.). Enfin de donner priorité à la protection des jeunes boisements en accord avec les intéressés, sans abandonner la poursuite du plan gouvernemental (nettoyage, reconstitution, stockage, transport...). Ces nouveaux moyens techniques et financiers sont indispensables car les arbres dépérissants et attaqués par les scolytes représentent aujourd'hui un risque potentiel beaucoup plus grand que la plupart des chablis de la tempête de décembre 1999 qui ont déjà été envahis par les insectes. Malheureusement « un arbre cache la forêt », et déjà une autre menace est connue. Il s'agit d'un champignon, le fomes, qui se propage par contamination racinaire et provoque la mort des arbres (une des « maladies du rond »). Le massif forestier aquitain, le Médoc gravement atteint surtout. Il existe cependant un mode de prévention efficace, la pulvérisation d'urée des souches au moment de l'abattage. Il conviendrait donc d'équiper les machines d'abattage d'un dispositif automatique (pour un coût d'environ 60 000 francs par machine) avec un accompagnement financier significatif pour les entreprises souvent unipersonnelles qui ont lourdement investi après la tempête (un engin coûte au moins 1,5 MF). Il lui demande donc d'accorder une aide financière spécifique à cette action contre le fomes, car il n'est pas possible de choisir entre la lutte contre les insectes et la lutte contre ce champignon particulièrement friand du pin maritime. En conclusion, il souhaite que se concrétise rapidement le dispositif contre les scolytes, sachant que les 4 MF espérés pour les premières interventions seront peut-être insuffisants pour sauver le bois sur pied. De plus, il attire l'attention sur la nécessité de mettre en oeuvre une politique de prévention conjointe « scolytes/fomes » recommandée par les experts. Il signale par ailleurs que le traumatisme subi par les professionnels qui vivent de la forêt demeure sous-estimé malgré les efforts réalisés. L'ampleur des dégâts (toujours 7 millions de mètres cubes à terre dans le Médoc), le manque de trésorerie de nombreux propriétaires privés (ayant souvent perdu non seulement un patrimoine, mais aussi le travail de toute une vie) désespèrent une population rurale qui se sent abandonnée. Il le remercie de l'informer de son action face à cette situation.
Auteur : M. Pierre Brana
Type de question : Question écrite
Rubrique : Bois et forêts
Ministère interrogé : agriculture et pêche
Ministère répondant : agriculture et pêche
Dates :
Question publiée le 16 juillet 2001
Réponse publiée le 8 octobre 2001