Question écrite n° 69542 :
salles de cinéma

11e Législature

Question de : M. François Asensi
Seine-Saint-Denis (11e circonscription) - Communiste

M. François Asensi souhaite attirer l'attention de Mme la ministre de la culture et de la communication sur les menaces que les effets de la concentration dans le secteur cinématographique font courir à la diversité culturelle. Des grands groupes installent, pour investir, des complexes géants, sans aucun souci ni d'aménagement local, ni même de culture. Ce sont les mêmes qui ont développé des techniques de marketing particulièrement prédatrices pour le secteur cinématographique. Un puissant réseau puis un autre, initialement opposé à ce système, ont pu lancer une carte mensuelle d'entrée illimitée dans leurs salles sans réaction rapide du Centre national de la cinématographie (CNC). L'instauration d'une carte d'abonnement pour les deux plus gros réseaux d'exploitation du pays, en favorisant l'accès exclusif à leurs salles, vise à absorber la clientèle de tous les autres, en particulier des salles indépendantes. Le spectateur n'a plus vraiment de raison de se rendre dans une salle n'appartenant pas au circuit pour lequel il est abonné. Les salles indépendantes ne peuvent que subir une concurrence inégale. Le principe des abonnements institue un système de vente peu rentable voire à perte. La seule solution sera sans doute d'augmenter encore le prix de cette carte sauf à considérer les pertes comme marginales à côté de la constitution de fichiers d'abonnements qui sont des actifs d'entreprise stratégiques pour des groupes puissants. Cette opération représente une très sérieuse menace pour les salles indépendantes car si les abonnements ne sont pas rentables en terme purement financier, ils le sont en terme de parts de marché et déstabilisent le secteur. Paradoxalement, ce système est mis en place avec l'espoir que les spectateurs ne viendront pas trop au cinéma. En revanche, il apparaît qu'une part toujours croissante des recettes de ces multisalles provient de la vente de produits dérivés. Les recettes ainsi réalisées sur les produits annexes n'entraînent aucune réversion au distributeur ni aucune taxe spéciale (TSA) pour les salles. Ce manque à gagner pour le CNC représente aussi une perte en terme de soutien pour les professionnels indépendants. En outre, la multiplication des multisalles et l'apparition des cartes remet en cause le partage qui s'opérait tacitement entre cinéma commercial et cinéma Art et Essai, entre version française et version originale. Le gigantisme de ces équipements les pousse à occuper tous les terrains. En pesant sur les moyens d'existence des petits exploitants, ce sont, par contrecoup, les petits distributeurs, la chaîne du cinéma et la diversité culturelle qui sont atteints. Lorsque les productions et les sorties modestes ne trouveront plus que deux ou trois gros exploitants sur le marché, un refus de leur part sera rédhibitoire. Les modestes dispositions prises jusqu'à maintenant n'ont fait que légaliser l'offensive et les décrets d'application tardent à être publiés. Les propositions du rapport de Monsieur Daniel Goudineau sur l'aide à la distribution des films restent sans suite. Il lui demande donc quel état des lieux elle dresse et quel bilan est fait de l'impact des cartes notamment sur Paris et sur la grande couronne. Il aimerait savoir quel encadrement prévoit le ministère pour soutenir les acteurs qui contribuent le plus à la diversité culturelle et comment il envisage de défendre la spécificité d'un système qui fait du cinéma français une référence et un point de convergence culturelle.

Données clés

Auteur : M. François Asensi

Type de question : Question écrite

Rubrique : Arts et spectacles

Ministère interrogé : culture et communication

Ministère répondant : culture et communication

Dates :
Question publiée le 26 novembre 2001
Réponse publiée le 4 mars 2002

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