Question écrite n° 8207 :
politique fiscale

11e Législature

Question de : M. René Leroux
Loire-Atlantique (7e circonscription) - Socialiste

M. René Leroux attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur la situation des associations affiliées à l'Union des foyers de jeunes travailleurs qui constituent un indéniable outil au service de l'insertion sociale des jeunes, concourant ainsi à oeuvrer dans le sens de la politique du Gouvernement. La situation des jeunes qu'accueillent ces associations se dégrade. Leur niveau de ressources diminue régulièrement. Les bénéficiaires d'emplois stables sont de plus en plus rares. Les difficultés croissantes que rencontrent les jeunes réclament plus que jamais une intervention sociale préventive pour les aider à trouver leur place dans le corps social et leur éviter le chemin de l'exclusion. Les associations telles que la Maison d'accueil du pays de Redon remplissent cette mission qui leur est reconnue par différentes lois, décrets et circulaires du ministère du travail et des affaires sociales d'une part et du ministère du logement d'autre part. Leurs activités concernent naturellement l'accueil et l'habitat, mais ne s'y limitent pas. Développant une approche globale, les foyers de jeunes travailleurs agissent sur tous les leviers qui contribuent à la socialisation des jeunes : emploi, formation, santé, ouverture culturelle, citoyenneté. Elles offrent par exemple un service de restauration collective à prix abordables, prenant ainsi part à la lutte contre l'exclusion en favorisant la création de lien social entre les jeunes et les habitants du quartier. Les usagers des restaurants de FJT, grâce à leur participation, permettent à des jeunes de se nourrir malgré la précarité de leur situation. Ces jeunes peuvent reconnaître dans ce qui leur est offert une réponse à leur demande et ainsi avoir la certitude d'être pris en considération. Ils se vivent comme des habitants du quartier puisque les autres habitants du quartier fréquentent le restaurant de l'association. Ils ont l'opportunité de se confronter à un monde adulte, ce que ne leur permet plus de manière suffisante leur intégration intermittente au monde du travail. Il est donc fondamental que tous les publics puissent participer à la vie des FJT pour affilier les jeunes à la société et leur faire prendre conscience de leur citoyenneté. Cependant, cette restauration collective est fortement menacée par une éventuelle fiscalisation. Depuis 1995, les associations FJT font l'objet d'une multiplication de contrôles fiscaux qui se concluent par des redressements sur la TVA, l'impôt sur les sociétés et la taxe professionnelle, impôts qui réfèrent habituellement à la nature lucrative des entreprises. Or, si les associations FJT interviennent partiellement sur un champ économique, ce n'est pas pour générer un profit mais pour créer des passerelles entre le monde de l'exclusion et celui du corps social. Il est paradoxal qu'au moment où la mission d'utilité sociale de ces associations se fait plus urgente, leur capacité à la remplir soit mise à mal. La fiscalisation ne pouvant être supportée par les foyers des jeunes travailleurs, ils devraient mettre un terme à l'activité restauration qui emploie près de 2 000 personnes. 120 000 jeunes accueillis, logés et accompagnés chaque année dans leur intégration seraient touchés par une telle mesure qui couperait le FJT de son environnement. Il lui demande donc de bien vouloir l'éclairer sur les orientations du Gouvernement à ce propos.

Données clés

Auteur : M. René Leroux

Type de question : Question écrite

Rubrique : Impôts et taxes

Ministère interrogé : économie

Ministère répondant : économie

Dates :
Question publiée le 22 décembre 1997
Réponse publiée le 13 avril 1998

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