Question écrite n° 9148 :
Algérie

11e Législature

Question de : M. André Godin
Ain (1re circonscription) - Socialiste

M. André Godin appelle l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur la dramatique situation de l'Algérie. En Algérie, comme en Bosnie ou au Rwanda, la Bête n'est pas morte. Du 21 décembre au 10 janvier 1998, en moins d'un mois, près d'un millier de civils ont été massacrés en Algérie. Des femmes et des nourrissons, cibles privilégiées, ont été assassinés en masse. Nul n'est épargné par le déchaînement de violence qu'endure l'Algérie depuis de trop longs mois. Tout se passe comme si des bandes de tueurs déshumanisés avaient décidé d'éradiquer la nation algérienne sous les regards apitoyés d'une communauté internationale demeurée sans réaction. Si la situation de l'Algérie n'est pas séparable de celle de l'ensemble du monde arabe, si l'on ne peut séparer cette question du problème palestinien, il est un fait que ce pays a une histoire qui lui est propre. Au sein de cette histoire, la France occupe une place bien particulière qui rend la moindre initiative très délicate. Sans qu'il soit question de remettre aujourd'hui en cause la souveraineté nationale algérienne, il paraît inévitable que l'ONU s'interroge sur son devoir d'ingérence humanitaire. Ce principe, nouvellement apparu dans le droit international public, a prévalu au Kurdistan irakien. En faire fi dans le cas algérien confirmerait, aux yeux des opinions publiques, que les motivations des puissants sont rarement désintéressées. La diplomatie française, comme en bien d'autres occasions, peut être à la pointe du combat en faveur du droit et de la dignité. Il paraît aujourd'hui possible de s'appuyer sur les récentes déclarations des Etats-Unis, de l'Allemagne et de l'Iran, pour que le caractère universel des droits propres à chaque être humain ne soit plus négligé. La mission diplomatique qui représentera prochainement l'Union européenne en Algérie constitue la première expression d'une volonté politique réelle d'en finir avec l'horreur. Toutefois, parce que le chemin est encore long et que ce premier geste positif ne saurait suffire, il lui demande de lui faire part de son analyse et de ses intentions en la matière.

Données clés

Auteur : M. André Godin

Type de question : Question écrite

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : affaires étrangères

Ministère répondant : affaires étrangères

Dates :
Question publiée le 26 janvier 1998
Réponse publiée le 20 avril 1998

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