foires et marchés
Question de :
M. Yves Nicolin
Loire (5e circonscription) - Démocratie libérale et indépendants
Question posée en séance, et publiée le 8 mars 2000
M. le président. La parole est à M. Yves Nicolin.
M. Yves Nicolin. Ma question s'adresse à Mme la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement...
M. Lucien Degauchy. Elle est nulle !
Mme Odette Grzegrzulka. Grossier personnage !
M. Yves Nicolin. ... et reprend en partie celle qui vient d'être posée au ministre de l'agriculture. Je vous félicite au passage, monsieur Glavany, pour le virage sur l'aile que avez pris à propos de Mme Voynet, acrobatie digne de la patrouille de France. (Sourires.)
M. Bernard Accoyer. Bravo !
M. Yves Nicolin. Il y a quelques semaines, madame Voynet, vous aviez déjà nagé à contre-courant dans l'affaire de l'Erika, démontrant à la France entière votre incapacité à mesurer l'ampleur du drame écologique qui a frappé nos côtes atlantiques et aussi votre incapacité à prendre la dimension de vos responsabilités ministérielles. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe Démocratie libérale et Indépendants et du groupe du Rassemblement pour la République.)
Or, il y a quelques jours, vous avez récidivé en témoignant cette fois votre mépris aux agriculteurs tout en cherchant à soigner votre image personnelle, si c'est encore possible... (Protestations sur les bancs du groupe socialiste.)
MM. Jean-Pierre Blazy, Gaëtan Gorce et Daniel Marcovitch. Lamentable !
M. Yves Nicolin. Pendant que les responsables politiques de notre pays rendent unanimement hommage à l'agriculture - le Président de la République, le Premier ministre, le président de notre assemblée, la plupart des ministres et chefs de parti, toutes tendances confondues -, vous, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement, pourtant élue d'une région rurale, vous vous rendez au Salon de l'agriculture en catimini, après la fermeture des portes au public, à la recherche d'un poney,...
M. Henri Nayrou. C'était un cheval !
M. Yves Nicolin. ... afin d'y être photographiée par Paris-Match. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
Madame la ministre, nous savions déjà votre manque d'intérêt vis-à-vis du monde agricole, qui pourtant fait partie des secteurs économiques les plus importants de notre pays, lui rapportant plusieurs centaines de milliards de devises chaque année.
M. Lucien Degauchy. Elle est nulle !
M. Yves Nicolin. Nous savions aussi le peu d'intérêt que vous portez aux agriculteurs, qui participent pourtant de façon déterminante à l'aménagement du territoire, dont vous avez la charge. Mais ce que nous ignorions encore, c'est votre capacité à mépriser les hommes et les femmes de ce milieu (Protestations sur les bancs du groupe Radical, Citoyen et Vert et du groupe socialiste et sur quelques bancs du groupe communiste. - Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe Démocratie libérale et Indépendants et du groupe du Rassemblement pour la République) en allant nuitamment les provoquer, eux qui se donnent la peine de produire ce qui nourrit les Français !
M. Bruno Le Roux. Ces accusations sont honteuses !
M. Yves Nicolin. Vous avez fait en sorte que tout le monde soit au courant de votre visite au Salon de l'agriculture, mais comment avez-vous pu y raser les murs, refusant de rencontrer les agriculteurs ?
M. Christian Bourquin. La question !
M. Yves Nicolin. Car telle fut bien la stratégie que vous avez adoptée, au risque, une fois de plus, de vous distinguer dans un gouvernement de moins en moins pluriel mais de plus en plus gauche.
M. Christian Bourquin. La question !
M. le président. Voulez-vous conclure, s'il vous plaît, monsieur Nicolin ?
M. Yves Nicolin. Madame la ministre, vos maladresses successives portent atteinte à votre responsabilité ministérielle et à la dignité de votre fonction. (Claquements de pupitres et exclamations sur les bancs du groupe socialiste, du groupe communiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.)
M. Michel Meylan. Démission ! Démission !
M. le président. Un peu de calme, mes chers collègues.
M. Yves Nicolin. Je suis patient ; je vais attendre que la gauche se calme.
M. le président. Concluez, monsieur Nicolin. J'ai été assez patient.
M. Yves Nicolin. Madame la ministre, sans vous jeter la pierre et en espérant que vous nous épargnerez des propos lapidaires, je vous poserai cette question: que pouvez-vous dire au monde agricole, qui désespère de votre attitude ? (Applaudissements sur les bancs du groupe Démocratie libérale et Indépendants et sur quelques bancs du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance. - Huées sur plusieurs bancs du groupe socialiste, du groupe communiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.)
M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. (Huées sur plusieurs bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Monsieur Nicolin, les yeux dans les yeux, dites-moi qui, ici, tient des propos lapidaires ? Qui, ici, caricature jusqu'à l'absurde le débat public ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, du groupe communiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.)
L'an dernier, quelques jours après le saccage de mon bureau par une fraction minoritaire et même marginale du monde agricole, je suis allée dialoguer avec les agriculteurs au Salon de l'agriculture, j'y ai été accueillie par des insultes sexistes d'une brutalité inouïe et vous avez qualifié cette visite de provocatrice !
M. Yves Nicolin. Pourquoi y étiez-vous allée ?
Mme la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Cette année, je suis discrète. (Rires sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
M. Jean-Pierre Soisson. Ah bravo !
Mme la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Je me contente de mener avec le monde agricole le dialogue démocratique et républicain qui convient, dans mon bureau, avec les représentants syndicaux, dans le cadre de groupes de travail pérennes qui se réunissent tous les jours. Nous y traitons du devenir des boues des stations d'épuration, de la fiscalité écologique, du bilan azoté des exploitations. Et l'opposition parle encore de provocation ! (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
Que suis-je allée faire au Salon de l'agriculture, sans provoquer personne ? J'ai répondu bénévolement (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants) à l'invitation d'un photographe qui est en train de réaliser, avec plusieurs grandes personnalités, une série de photos sur des espèces animales en voie de disparition. (Exclamations sur les mêmes bancs.)
Pour ma part, j'ai souhaité être photographiée avec un cheval de l'Ariège, un mérens, pour montrer que certaines espèces, hier menacées, incarnent aujourd'hui l'aménagement du territoire, le renouveau des zones rurales et le développement d'activités liées à la créativité des personnes qui y vivent.
Je ne le regrette pas, monsieur le député, et je déplore que, une fois de plus, vous traitiez de provocatrice la victime (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants) d'un dysfonctionnement entre certains élus de la nation et le Gouvernement.
Il est anormal que l'on ne puisse pas parler sereinement de l'impact des activités agricoles sur les milieux naturels, que l'on ne puisse pas parler sereinement du rôle que joue l'agriculture dans l'aménagement du territoire, que l'on ne puisse pas parler sereinement de la façon dont nous allons, demain, concilier le maintien de l'emploi dans ce secteur, la qualité des produits - pour satisfaire aux attentes de nos concitoyens - et la sécurité de l'environnement. (Applaudissements sur les bancs du groupe Radical, Citoyen et Vert, du groupe socialiste et du groupe communiste.)
Auteur : M. Yves Nicolin
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Ventes et échanges
Ministère interrogé : aménagement du territoire et environnement
Ministère répondant : aménagement du territoire et environnement
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 8 mars 2000