Question au Gouvernement n° 1930 :
gouvernement

11e Législature

Question de : M. Maurice Leroy
Loir-et-Cher (3e circonscription) - Union pour la démocratie française-Alliance

Question posée en séance, et publiée le 9 mars 2000

M. le président. La parole est à M. Maurice Leroy.
M. Maurice Leroy. Monsieur le président, mes chers collègues, au nom des députés du groupe UDF, je voudrais tout d'abord dire à M. Jean-Claude Gayssot que nous qui croyons à la mixité urbaine et sociale, nous jugerons de la pertinence de son texte lorsque viendra en discussion l'amendement de notre groupe visant à ce que l'accession sociale à la propriété se fasse dans les mêmes conditions que les prêts locatifs aidés, pour laisser la liberté de choix aux familles. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance, du groupe du rassemblement pour la République et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
Monsieur le Premier ministre, en juin 1997, vous-même, votre majorité et votre Gouvernement aviez réussi à vendre l'idée de la «méthode Jospin». Elle était imparable. On allait voir ce qu'on allait voir.
M. Albert Facon et M. Alain Néri. On a vu !
M. Maurice Leroy. Enfin, Lionel Jospin venait ! (Rires sur les bancs du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance, du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.) Mille jours plus tard, la «méthode Jospin», c'est l'immobilisme !
M. Albert Facon. Et Juppé !
Mme Odette Grzegrzulka. Amnésiques !
M. Maurice Leroy. Immobilisme que même votre bonne communication ne parvient plus à masquer aux Français. L'éducation nationale ? Dans la rue !
Les professionnels de santé et les personnels hospitaliers ? («Dans la rue !» sur les mêmes bancs.) Dans la rue !
Le monde agricole et rural ? («Dans la rue !» sur les mêmes bancs.) Abandonné, quand il n'est pas humilié, n'est-ce pas madame Voynet ? (Protestations sur les bancs du groupe socialiste, du groupe communiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.)
Sur le terrain, sportifs et bénévoles sont exaspérés, les retraités sont inquiets du montant de leur pension et les salariés de l'avenir de leurs retraites.
En plus, votre Gouvernement pulvérise tous les records de prélèvement d'impôts.
M. Albert Facon. Et la droite ?
M. Maurice Leroy. Alors que la croissance remplit les caisses de l'Etat et facilite les réformes indispensables, finalement, monsieur le Premier ministre, la «méthode Jospin» ne consiste-t-elle pas tout simplement à vider le porte-monnaie des Français ? (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance, du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.
M. Lionel Jospin, Premier ministre. Monsieur le député, les gloses sur la méthode Jospin viennent peut-être des observateurs de la vie publique. Je constate que cela interpelle, apparemment, certains députés de l'opposition....
M. Thierry Mariani. Et les Français !
M. Jean-Michel Ferrand. Et les Libanais !
M. le Premier ministre. ... mais je ne sache pas que je me sois exprimé, tout particulièrement au cours de ces derniers mois, sur ces questions de méthode. Car le Gouvernement ne se commente pas, il agit ! (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, du groupe Radical, Citoyen et Vert et sur quelques bancs du groupe communiste. - Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
Vous parlez d'immobilisme. Alors, puisque j'improvise cette réponse, je ne donnerai que quelques exemples. (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.) Plus de un million d'emplois créés dans l'économie et la société française depuis deux ans et demi. Bel exemple d'immobilisme ! (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert et sur quelques bancs du groupe communiste.)
Plus de 570 000 chômeurs et chômeuses de moins dans ce pays, des hommes et des femmes qui ont trouvé du travail ! Bel exemple d'immobilisme ! (Applaudissements sur les mêmes bancs. - Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.) Réformes sociales pour améliorer la vie des plus démunis, de ceux dont les conditions d'existence sont les plus difficiles, avec la couverture maladie universelle (Vives protestations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants), avec la loi contre les exclusions ! Bel exemple d'immobilisme ! (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.)
Mais si vous préférez que l'on parle des réformes de structures industrielles, je voudrais vous rappeler - même si je fais la part de la spéculation boursière, par laquelle, moi, je ne me laisse pas griser (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République) -, je voudrais vous rappeler, messieurs,...
M. Charles Cova. Et les dames ?
M. le Premier ministre. ... qu'un précédent Premier ministre voulait vendre, pour 1 franc, Thomson à Daewoo ! (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, du groupe communiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert. - Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.) Daewoo est aujourd'hui en faillite, et Thomson est évaluée à 170 milliards de francs ! Entre vous et nous, il y a 170 milliards de francs de richesses pour une entreprise française ! (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, du groupe communiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert. - Huées et protestations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
Plusieurs députés du groupe du Rassemblement pour la République. Zéro !
M. le Premier ministre. Immobilisme, toujours, dans le domaine des structures industrielles. Ce que vous n'aviez pas été capables de faire pendant des années, la construction d'une grande industrie aéronautique européenne (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants), nous, nous l'avons fait, avec EADS.
M. Patrick Devedjian. Ce n'est pas vous, c'est lemarché !
M. le Premier ministre. Et nous donnerons les moyens à Airbus de gagner la bataille contre Boeing dans la compétition mondiale (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste. - Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
Le dossier néo-calédonien, s'il faut parler d'autre chose, était en panne au moment où nous l'avons trouvé. Nous l'avons réglé, et dans sa dimension minière - avec la question d'ERAMET - et dans sa dimension politique. (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
Mais faut-il parler des réformes sociales ? Qui a voulu faire bouger la société en adoptant le PACS, contre lequel vous avez voté et que vous avez regretté, ensuite, de ne pas avoir appuyé ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, du groupe communiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert. - Vives protestations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
Plusieurs députés du groupe du Rassemblement pour la République. C'est nul !
M. le Premier ministre. Oui, vous nous avez suivi, sur le chemin de la réforme de la parité, je vous rends cet hommage, puisque le Congrès a pu se réunir et que, opposition et majorité rassemblées - à l'exception d'une minorité qui, quand même, s'est comptée dans vos rangs -, nous avons pu voter cette grande réforme à laquelle nous allons pouvoir donner une traduction et des prolongements par des changements législatifs permettant aux femmes de trouver vraiment leur place dans la vie publique. Mais lorsqu'il s'est agi de réformer la justice (Protestations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants), malgré les engagements du Président de la République, vous nous avez abandonnés en chemin ! (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)
M. Claude Goasguen. C'est faux !
M. le Premier ministre. Et quand il s'est agi de limiter le cumul des mandats, là encore, c'est le Sénat - c'est-à-dire vous-mêmes - qui s'y est opposé ! (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, du groupe communiste et du groupe Radical, Citoyen er Vert. - Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
Mesdames, messieurs, tout gouvernement rencontre des difficultés et des problèmes, il est là pour les gérer. Nous attendons, dans la vie publique, non pas vos querelles, mais vos suggestions, vos propositions !
M. Jean-Michel Ferrand. Il coule !
M. le Premier ministre. M. Balladur, voici quinze jours, disait que, depuis trois ans, l'opposition n'avait pas été capable d'avancer des idées ! (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.) Oui, nous sommes confrontés aux difficultés normales du gouvernement, mais nous continuons à avancer, alors que vous êtes immobiles dans la proposition et immobiles dans la querelle ! (Applaudissements prolongés sur les bancs du groupe socialiste, du groupe communiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert. - Huées sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)

Données clés

Auteur : M. Maurice Leroy

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Etat

Ministère interrogé : Premier Ministre

Ministère répondant : Premier Ministre

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 9 mars 2000

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