Question au Gouvernement n° 2401 :
aliments pour animaux

11e Législature

Question de : M. Christian Jacob
Seine-et-Marne (4e circonscription) - Rassemblement pour la République

Question posée en séance, et publiée le 15 novembre 2000

M. le président. La parole est à M. Christian Jacob.
M. Christian Jacob. Monsieur le Premier ministre, il est un point qui fait, je crois, l'unanimité dans cet hémicycle: l'humilité n'est pas votre qualité première. (Protestations sur les bancs du groupe socialiste. - «Bravo !» sur plusieurs bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants). Mais admettez sereinement que le Président de la République avait raison !
M. Didier Boulaud. L'humilité est de l'autre côté ?
M. Christian Jacob. Sur un tel sujet, il faut se montrer à la fois digne et serein et je regrette les propos qui ont été tenus par M. Glavany. Il est vrai qu'il a l'habitude de cacher sa méconnaissance regrettable des dossiers derrière de petites phrases polémiques. (Protestations sur les bancs du groupe socialiste. - Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe du Rassemblement pour la République.) Cela dit, supposons que les trois semaines perdues n'aient pas été du cafouillage, comme on aurait pu le croire, mais qu'elles aient été utilisées pour réfléchir - je ne demande qu'à vous croire, monsieur le Premier ministre ! Je vais dès lors vous poser trois questions très précises. A Bruxelles, 100 millions d'euros ont été budgétés dans le cadre des mesures agri-environnementales et pourraient être consacrés à l'aide à la rotation du tournesol si la France faisait un effort équivalent. Or, par la création d'un impôt nouveau, vous avez créé une cagnotte de 1,6 milliard de francs sur le dos des agriculteurs. Etes-vous prêt, oui ou non, à cofinancer ces mesures européennes agri-environnementales pour l'aide à la rotation du tournesol ?
M. Richard Cazenave. Très bien !
M. Christian Jacob. Ensuite, êtes-vous prêt à rétablir l'aide à l'irrigation du soja, que vous avez supprimée l'année dernière, ce qui permettrait de pratiquement doubler le rendement actuel ? (Applaudissements sur quelques bancs du groupe du Rassemblement pour la République.)
Troisième question très précise: êtes-vous prêt à mettre en place un nouveau plan de relance des bio-carburants ? Vous allez me répondre que vous avez récemment donné un accord pour 70 000 tonnes. C'est vrai, mais il s'agit de productions anciennes. Etes-vous prêt, aujourd'hui, à doubler la mise ? Vous savez pertinemment que l'addition de ces trois mesures permettrait de mettre en culture environ 800 000 hectares de protéines végétales, qui compenseraient les 430 000 tonnes de farines animales.
Enfin, et parce que vous n'avez répondu à aucune question, qu'elle soit venue de vos bancs ou des nôtres, quelles mesures précises allez-vous mettre en place en faveur de la filière bovine ? (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'agriculture et de la pêche.
M. Jean-Paul Charié. Nous voulons des réponses précises !
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Monsieur le député, un ministre qui «ne connaît pas ses dossiers» doit répondre avec humilité. (Rires sur les bancs du groupe socialiste, du groupe communiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.)
Première question: le Gouvernement va-t-il cofinancer avec l'Europe des mesures agri-environnementales ? La réponse est dans le budget, que vous n'avez donc pas lu: oui, c'est fait ! (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)
M. Christian Jacob. Non, c'est faux !
M. le ministre de l'agriculture et de la pêche. Deuxième question: allons-nous financer une filière d'encouragement à la production de soja, en l'occurrence de soja sans OGM ? La réponse est dans le budget: c'est oui ! (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)
M. Christian Jacob. Vous mentez !
Mme Odette Grzegrzulka. Analphabète !
M. Didier Boulaud. M. Jacob ne sait pas lire !
M. le ministre de l'agriculture et de la pêche. Troisième question: allons-nous prendre des mesures pour soutenir la filière bovine et j'ajouterai, monsieur Jacob, la filière avicole...
M. Christian Jacob. Quelles mesures ? Répondez à la question !
M. le ministre de l'agriculture et de la pêche. ... qui est sans doute encore plus menacée, à court terme, par la décision de suspension de l'utilisation des farines animales ? La réponse est encore oui ! Le Premier ministre l'a annoncé. Un plan est actuellement en cours de concertation avec les organisations professionnelles agricoles. Je l'ai présenté moi-même ce matin, dans ses grandes lignes, au Conseil supérieur d'orientation. Il fait actuellement l'objet de consultations supplémentaires et sera annoncé au plus tard dans quarante-huit heures. La réponse est donc encore oui. Vous le voyez, je fais preuve d'humilité, sachez, quant à vous, faire preuve de perspicacité ! (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, du groupe Radical, Citoyen et Vert et sur quelques bancs du groupe communiste. - Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)

Données clés

Auteur : M. Christian Jacob

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Agroalimentaire

Ministère interrogé : agriculture et pêche

Ministère répondant : agriculture et pêche

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 15 novembre 2000

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