DOM : Réunion
Question de :
Mme Huguette Bello
Réunion (2e circonscription) - Radical, Citoyen et Vert
Question posée en séance, et publiée le 6 juin 2001
M. le président. La parole est à Mme Huguette Bello, pour le groupe RCV.
Mme Huguette Bello. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale. Dans quelques jours débuteront les épreuves du baccalauréat et, avec elles, bien souvent une période d'angoisse et de stress pour des centaines de milliers de candidats et leurs familles.
Pour les lycéens de la Réunion, s'ajoutera une épreuve supplémentaire: l'adaptation rapide à un nouveau rythme. En effet, pour la première fois cette année, les épreuves du baccalauréat général à la Réunion seront alignées sur celles des académies métropolitaines. Ainsi, pour tenir compte du décalage horaire de deux heures, certaines épreuves se dérouleront entre dix heures et quatorze heures, c'est-à-dire aux heures de repas (Rires et exclamations sur plusieurs bancs du groupe du Rassemblement pour la République), tandis que d'autres pourront se terminer à vingt heures, c'est-à-dire, dans l'hémisphère sud, bien après le coucher du soleil.
Naturellement, les difficultés engendrées par ces étranges horaires n'ont pas échappé au rectorat de la Réunion. Un dispositif d'urgence a été mis en place. Deux mille personnes seront mobilisées. Des gendarmes et des policiers seront postés aux abords des établissements. Des infirmières se tiendront dans chaque centre d'examen. Les médecins scolaires seront l'arme au pied. Les compagnies de transport scolaire s'entraîneront aux manoeuvres de nuit. Des repas et des boissons adaptés pareront aux problèmes digestifs des candidats durant les épreuves (Sourires) et chaque candidat sera muni d'un dépliant qui détaillera le dispositif de la campagne.
Tout cela était-il vraiment nécessaire ? (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.) Faut-il vraiment attendre l'évaluation déjà annoncée par le rectorat pour comprendre que le principe d'égalité auquel tout le monde adhère ne passe évidemment pas par une uniformisation dont les lycéens de la Réunion ne manqueront pas d'être les victimes puisque, quelque précaution que l'on prenne, ils seront contraints de travailler dans des conditions et selon des rythmes qui leur seront défavorables ? L'égalité est-elle encore l'égalité quand elle ignore à ce point les réalités géographiques, monsieur le ministre ? (Applaudissements sur quelques bancs du groupe Radical, Citoyen et Vert.)
M. Michel Bouvard. Très bien !
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat à l'outre-mer.
M. Christian Paul, secrétaire d'Etat à l'outre-mer. Madame la députée, le baccalauréat est un moment important pour plusieurs centaines de milliers de jeunes Français et pour leurs familles. («Bravo !» et applaudissements sur quelques bancs du groupe du Rassemblement pour la République.) Nous leur souhaitons naturellement bonne chance !
Je sais que les horaires des épreuves du baccalauréat à la Réunion vous préoccupent - vous m'en avez fait part récemment. Cette préoccupation est partagée par le ministre de l'éducation nationale. («Bravo !» et rires sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République.)
Vous avez eu raison, madame la députée, de souligner les inconvénients pratiques résultant des modalités de passage du baccalauréat qui ont été mises au point il y a quelques années et qui s'appliquent, pour la première fois, cette année. Cependant, les épreuves commençant le 11 juin prochain, selon des modalités organisées de longue date, vous comprendrez qu'il soit difficile de modifier les horaires de la présente session. Néanmoins, nous veillons avec Jack Lang, et vous l'avez rappelé, à ce que soient prises des mesures d'accompagnement pour que les candidats réunionnais puissent composer dans les meilleures conditions de transport, d'accueil et de sécurité. Nous nous engageons également, avec le ministre de l'éducation nationale, à ce qu'un bilan de ce dispositif soit dressé immédiatement après la présente session du baccalauréat, donc dès la fin du mois de juin. Toutes les parties prenantes, non seulement les élus, mais aussi les parents d'élèves et les enseignants, seront associées à l'élaboration de ce bilan. Pour Jack Lang comme pour moi-même, l'uniformité n'est pas un dogme. C'est le principe de l'égalité des chances qui nous guide. C'est au vu de ce principe et avec le seul souci de la réussite scolaire des jeunes Réunionnais que nous ferons cette évaluation et que nous prendrons des décisions adaptées si nécessaire. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)
Auteur : Mme Huguette Bello
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Outre-mer
Ministère interrogé : outre-mer
Ministère répondant : outre-mer
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 6 juin 2001