aménagement du territoire et environnement : fonctionnement
Question de :
M. Didier Quentin
Charente-Maritime (5e circonscription) - Rassemblement pour la République
Question posée en séance, et publiée le 20 juin 2001
Mme la présidente. La parole est à M. Didier Quentin, pour le groupe RPR.
M. Didier Quentin. Ma question s'adresse à Mme Voynet. A Mme Voynet et non à Mme la ministre de l'aménagement et du territoire. Au moment où vous allez quitter ce gouvernement, vous semblez, madame, avoir des doutes sérieux sur votre rôle et sur votre bilan.
M. Charles de Courson. Avec raison !
M. Didier Quentin. Cette lucidité tardive mérite d'être saluée. Mais, décidément, le gouvernement auquel vous participez pour quelques jours encore ne peut pas compter sur le soutien de tous ses membres.
Ainsi, comme l'a rappelé Michel Bouvard tout à l'heure, Laurent Fabius et Christian Pierret ont critiqué la semaine dernière la politique sociale menée par leurs collègues. Naguère, le ministre de l'intérieur fustigeait lui-même la politique conduite en Corse, et il en a tiré toutes les conséquences.
Aujourd'hui, madame, vous vous apprêtez à démissionner, après avoir reconnu dimanche dernier, au Grand jury RTL-Le Monde, que vous aviez servi d'habillage écologique (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe Radical, Citoyen et Vert et du groupe socialiste), d'«habit vert», si je puis dire ! (Sourires sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.) Vous avez aussi déclaré: «Si vous voulez me faire dire que j'ai été écologiste dans un gouvernement qui ne l'était pas, je crois que c'est une évidence.»
Alors, madame, je vous pose deux questions. Premièrement, cette évidence dont vous parlez vous-même est-elle la raison pour laquelle vous vous apprêtez à quitter le Gouvernement ? Deuxièmement, allez-vous ajouter un peu plus à la zizanie qui caractérise ce gouvernement en nous désignant un ou plusieurs ministres qui seraient responsables de votre échec ? (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe Démocratie libérale et Indépendants et sur quelques bancs du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance.)
M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
M. Charles Cova. Pour un testament ?...
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Monsieur le député, le moment venu, j'aurai à coeur de dresser le bilan de quatre années de travail plein, intense et déterminé au ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Plusieurs députés du groupe du Rassemblement pour la République.
Nous aussi !
Mme la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. J'aurai à coeur de dresser le bilan de la relance d'une politique négligée par le gouvernement précédent, qui, par exemple, avait décidé, cyniquement, de suspendre le travail de transposition de la directive Natura 2000 (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants);...
M. Pierre Lellouche. Et la loi sur l'air ?
Mme la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. ... un gouvernement qui, de façon irresponsable, avait approuvé la décision européenne, autorisant la mise sur le marché et le commerce des OGM; un gouvernement qui, à chaque instant, comme le dit Corine Lepage, donnait l'impression que l'environnement, c'est la cerise sur le gâteau, la politique dont on ne s'occupe que quand tout le reste a été réglé. (Mêmes mouvements.)
Vous voulez me le faire répéter ici: j'ai été écologiste dans un gouvernement qui ne l'était pas, c'est une évidence.
M. Jean-Louis Debré. Ah !
Mme la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. La majorité est plurielle, elle assume cette diversité, elle en a fait une richesse. (Rires sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République.)
Mais vous souffrirez, monsieur le député, que ce bilan soit dressé pour l'information de l'ensemble de la représentation nationale, quand le Premier ministre et moi-même aurons convenu que le moment sera venu, pour moi, d'assumer d'autres responsabilités, et non en réponse à l'opposition, qui a découvert tardivement, par la voix du Président de la République, que l'environnement pouvait être aussi un enjeu électoral ! (Applaudissements prolongés sur les bancs du groupe socialiste, du groupe Radical, Citoyen et Vert et du groupe communiste. - Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
M. Patrick Ollier. C'est nous qui avons créé le ministère de l'environnement, pas vous !
Auteur : M. Didier Quentin
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Ministères et secrétariats d'etat
Ministère interrogé : aménagement du territoire et environnement
Ministère répondant : aménagement du territoire et environnement
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 20 juin 2001