chômeurs
Question de :
M. Laurent Dominati
Paris (1re circonscription) - Union pour la démocratie française
Question posée en séance, et publiée le 14 janvier 1998
M. le président. La parole est à M. Laurent Dominati.
M. Laurent Dominati. Alors que des questions précises ont été posées sur l'occupation des antennes ASSEDIC, la réponse de Mme la ministre de l'emploi et de la solidarité introduit plus de confusion qu'elle n'apporte de clarté !
M. Didier Boulaud. C'est comme pour les listes électorales du 3e arrondissement !
M. Laurent Dominati. On ne peut, en effet, tenir un double langage: d'un côté, la plainte à l'Assemblée et, de l'autre, l'envoi de CRS dans les ASSEDIC !
M. Didier Boulaud. Et à Saint-Bernard ?
M. Laurent Dominati. L'incompréhension est totale de la part de vos amis, madame la ministre. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la démocratie française et du groupe du Rassemblement pour la République. - Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
Monsieur le Premier ministre, les manifestations de chômeurs durent maintenant depuis un mois. La semaine dernière, vous avez voulu y répondre en annonçant dans une conférence de presse des mesures qui, permettez-moi de vous le dire, n'ont pas été de nature à rassurer les chômeurs et apparaissent beaucoup plus technocratiques que novatrices. Chaque fois qu'on vous interroge sur ces questions, vous vous bornez à évoquer les précédentes majorités !
M. Jean-Pierre Kucheida. Et Saint-Bernard ?
M. Laurent Dominati. Certes, le pouvoir change, mais la réponse technocratique, elle, s'amplifie et s'apparente de plus en plus à la langue de bois ! Vous ne pouvez donc que décevoir ceux qui, un temps, ont cru en vos promesses.
Du point de vue économique, nous considérons, quant à nous, que tout n'a pas été essayé contre le chômage. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.) Il faudrait regarder ce qui marche dans les autres pays et appliquer des solutions vraiment novatrices. Mais vous ne voulez pas le faire parce que cela dérange trop les conformistes, parce que cela va à l'encontre de l'idée qu'en travaillant moins il y aura davantage de travail. Vous proposez exactement l'inverse de ce que font tous les autres pays qui, eux, valorisent, au contraire, le travail. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe de l'Union pour la démocratie française et du groupe du Rassemblement pour la République.) Mais ce débat économique, nous l'aurons plus tard.
J'en viens à la situation d'urgence actuelle et j'ai deux questions à vous poser.
Pour répondre à l'occupation de locaux par des chômeurs, jugée illégale par vos ministres - même si simultanément on explique, que certains de ces chômeurs n'ont plus la force de pousser la porte, peut-être parce qu'ils n'ont pas de 40 tonnes et qu'ils ne sont pas médiatiquement intéressants - c'est l'envoi de CRS qui a été décidé.
M. Christian Bataille. Vous devriez avoir honte de dire des choses pareilles !
M. Laurent Dominati. Quelle est la règle de droit ? Faut-il envoyer la police ? Ou, au contraire, un ministre avec la main sur le coeur ? (Protestations sur les bancs du groupe socialiste.)
Par ailleurs, l'augmentation du chômage de longue durée s'amplifie ces derniers mois. On pourrait trouver des réponses, notamment parmi les collectivités locales, grâce à la politique de la ville. Mais, monsieur le Premier ministre, vous avez supprimé des crédits pour les reporter sur les emplois Aubry. Etes-vous prêt à revoir cette disposition concernant la loi Aubry ? Nous vous avions mis en garde lorsque vous aviez pris cette décision. Etes-vous prêt à donner les emploi-ville à ceux qui en ont le plus besoin et non pas forcément à de jeunes diplômés ? (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la démocratie française et du groupe du Rassemblement pour la République.)
M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'emploi et de la solidarité.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Monsieur le député, je ne suis pas sûre que le débat sur le chômage ait gagné en clarté depuis le début de nos échanges. (Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour la démocratie française et du groupe du Rassemblement pour la République.)
M. Patrick Ollier. Quel aveu !
Mme la ministre de l'emploi et de la solidarité. Mais la discussion sur la réduction de la durée du travail constituera l'occasion rêvée d'éclairer les choses.
M. Pierre Mazeaud. Avec Mme Aubry, nous avons droit sans arrêt à des leçons !
Mme la ministre de l'emploi et de la solidarité. Monsieur Dominati, vous dites qu'on n'a pas tout essayé. J'ai effectivement entendu de temps en temps des propositions venant de l'opposition: nous pourrons en débattre devant les Français lorsque nous parlerons de la réduction de la durée du travail.
Nous avons, quant à nous, souhaité relancer la consommation et la croissance. Nous avons créé des emplois nouveaux, notamment pour les jeunes avec les 350 000 emplois-jeunes. Et nous voulons réduire la durée du travail. Si, vous, vous pensez, comme certains de vos amis, qu'il faut une politique de dérégulation, de flexibilité et de réduction des salaires, eh bien, dites-le ! Mais ne soutenez pas en même temps les chômeurs qui sont dans la rue et dont, je me permets de vous le dire, peu pensent que vous avez aujourd'hui des réponses à leur apporter ! (Protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour la démocratie française et du groupe du Rassemblement pour la République.)
Sur la question particulière des emploi-ville, certains d'ailleurs dans vos rangs l'avaient souligné lors du débat, je rappelle que les jeunes qui bénéficient aujourd'hui d'un emploi-ville pourront, dès lors qu'ils remplissent les conditions requises, êtes embauchés dans le cadre de dispositifs emplois-jeunes, donc être mieux rémunérés et sortir des quartiers ghettos dans lesquels on a voulu les enfermer. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe socialiste.) Fin janvier, je dresserai un bilan des premiers emplois-jeunes. Vous verrez que les priorités définies par le Gouvernement afin que les jeunes des quartiers en difficulté soient les premiers à en bénéficier auront apporté des réponses. (Mêmes mouvements.)
En attendant, mesdames et messieurs de l'opposition, je crois que nous avons besoin d'un grand débat sur l'emploi. Ayez le courage de défendre vos propositions, si vous en avez, car les Français sont curieux de les connaître. Nous aurions, enfin, un vrai débat démocratique. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste. - Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour la démocratie française et du groupe du Rassemblement pour la République.)
Auteur : M. Laurent Dominati
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Emploi
Ministère interrogé : emploi et solidarité
Ministère répondant : emploi et solidarité
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 14 janvier 1998