sécurité des biens et des personnes
Question de :
M. Laurent Dominati
Paris (1re circonscription) - Démocratie libérale et indépendants
Question posée en séance, et publiée le 12 décembre 2001
AUTORITÉ DE L'ÉTAT
M. le président. La parole est à M. Laurent Dominati, pour le groupe DL.
M. Laurent Dominati. Monsieur le Premier ministre, vous avez parlé à propos de la sécurité d'une démarche cohérente. Nous voyons plutôt une démarche chaotique. Vous cédez en réalité aux manifestations, aux pressions et à un constat de fait qui vous amène à lâcher ici et là des promesses que vous ne savez pas financer.
Vous auriez dû dire que les milliards ont été lâchés à enveloppe constante. Ce que vous donnez à l'un, vous le prenez à l'autre ! Ce que vous donnez en primes, vous le retirez en équipements ! Ce que vous donnez aux gendarmes en primes, vous le reprendrez en équipements de véhicules et moyens pour assurer la sécurité. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
Nos concitoyens doivent savoir que le budget de la police et celui de la justice réunis représentent 60 milliards, c'est-à-dire moins que la subvention à la SNCF, 70 milliards. Et les 35 heures, c'est 110 milliards de francs ! La sécurité n'est pas une priorité de votre gouvernement ! (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe Démocratie libérale et Indépendants, du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance.)
L'opposition vous propose depuis trois ans de faire de la sécurité une priorité nationale. Nous vous avons demandé un plan d'urgence pour la justice, pour la police, pour la gendarmerie, et vous n'avez pas voulu nous écouter !
M. Christian Bourquin. Rigolo !
M. Laurent Dominati. Vous auriez au moins pu écouter les syndicats de policiers, les syndicats de juges, les femmes de gendarmes. Ils vous ont alerté depuis des mois et des mois, et vous n'avez rien fait, sinon, par votre mépris, les pousser dans la rue ! (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe Démocratie libérale et Indépendants, du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance.)
Ah oui, vous avez réussi à faire en sorte que les policiers manifestent dans la rue, que les juges protestent et, première dans l'histoire de la République, que les gendarmes en uniformes soient contrains de descendre dans la rue pour manifester et se faire entendre ! Cette semaine, ce sera le tour des douaniers, des personnels pénitentiaires et des policiers municipaux. Bravo ! Quel succès, quelle cohérence, quelle maîtrise, monsieur le Premier ministre ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe Démocratie libérale et Indépendant, du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance.)
M. Christian Bourquin. La question !
M. Laurent Dominati. J'ajoute qu'on les comprend car vous avez, par votre incapacité, démontré que, pour se faire entendre, on devait manifester ! On les comprend d'autant mieux qu'ils ont raison. Ils ont pour mission d'assurer la sécurité, et vous avez été incapable de leur en donner les moyens !
M. Christian Bourquin. La question !
M. Laurent Dominati. Monsieur le Premier ministre, parce que vous avez été incapable de prévoir, parce que vous avez été incapable de donner à la justice, à la police, à la gendarmerie les moyens d'assurer leurs missions, parce que, dans le domaine de la sécurité, vous n'avez plus la confiance de nos concitoyens (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste) ni le respect des gendarmes et des policiers (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste)...
M. Christian Bourquin. La question !
M. Laurent Dominati. ... parce que votre échec a conduit à un affaiblissement considérable de l'autorité de l'Etat (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste)...
Mme Odette Grzegrzulka. Calmez-le !
M. Christian Bourquin. La question !
M. Laurent Dominati. ... dans un domaine essentiel, ...
M. le président. Votre question, monsieur Dominati !
M. Laurent Dominati. J'y viens, monsieur le président. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
M. le président. Oui, mais rapidement.
M. Laurent Dominati. ... pour toutes ces raisons, monsieur le Premier ministre, je vous demande si vous comptez vous séparer du ministre de la défense et du ministre de l'intérieur (Rires et exclamations sur de nombreux bancs du groupe socialiste) ou si vous les jugez à ce point irresponsables que vous préférez prendre seul la responsabilité de la situation devant les Français. (Applaudissements sur les bancs du groupe Démocratie libérale et Indépendants, du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance.)
M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.
M. Lionel Jospin, Premier ministre. Je serai bref car on a déjà répondu sur ce point et l'interpellation de M. Dominati est tellement caricaturale (Protestations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants. - Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste) qu'elle ne mérite pas plus.
Puisque, depuis quatre ans et demi, nous avons régulièrement augmenté le budget du ministère de l'intérieur (« C'est faux ! » sur plusieurs bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants), le budget du ministère de la justice (« C'est faux ! » sur plusieurs bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants), puisque nous avons créé dans le secteur de la justice plus de magistrats en quatre ans et demi qu'il n'en avait été créé en dix-sept ans (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants. - Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe socialiste), puisque nous avons dû compenser par des créations de postes de policiers vos manques de prévision pour les départs en retraite dans la police - et cela concerne aussi bien l'ancien ministre de l'intérieur que l'actuel -, nous avons pu répondre aux interpellations et aux demandes des policiers et des gendarmes. Votre attitude d'aujourd'hui leur permettra de constater que vous n'étiez pas disposés à accorder ce que nous avons accordé - c'est un fait clair, qu'ils auront bien présent à l'esprit. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et sur quelques bancs du groupe Radical, Citoyen et Vert. - Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
M. Thierry Mariani. C'est grotesque !
M. le Premier ministre. Quand je vois la manière dont le ministre de la défense a terminé les entretiens avec les sous-officiers et officiers de gendarmerie, lorsque j'entends, sur les grands médias, ces mêmes hommes dire leur confiance retrouvée, leur décision de reprendre le travail dans le respect de leur statut, quand je sais que, dans le ministre de l'intérieur, les policiers trouvent un homme qui connaît leurs problèmes au quotidien, concrètement (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants), parce qu'il les vit dans son quartier, parce qu'il est proche d'eux (Exclamations sur les mêmes bancs), je me dis que je suis content d'avoir ces deux ministres à mes côtés, et que le Président de la République aussi peut en être satisfait, puisque la professionnalisation des armées a été réussie, grâce à nous.
Messieurs, nous vous avons vus à l'oeuvre et espérons bien ne pas vous y revoir. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et sur plusieurs bancs du groupe Radical, Citoyen et Vert. - Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
M. Charles Cova. La campagne a commencé !
Auteur : M. Laurent Dominati
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Sécurité publique
Ministère interrogé : Premier Ministre
Ministère répondant : Premier Ministre
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 12 décembre 2001