euro
Question de :
M. Alain Barrau
Hérault (6e circonscription) - Socialiste
Question posée en séance, et publiée le 9 janvier 2002
PASSAGE À L'EURO
M. le président. La parole est à M. Alain Barrau, pour le groupe socialiste.
M. Alain Barrau. Ma question s'adresse à M. Laurent Fabius, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Elle concerne le passage à l'euro ou, plus exactement, l'arrivée des billets et des pièces en euros dans les poches des Français.
Le passage à l'euro s'est déroulé dans de bonnes conditions, ce qui n'était pas aussi évident que cela. Souvenons-nous des débats de 1997 dans cet hémicycle et des interrogations exprimées sur plusieurs bancs quant à l'opportunité et à la possibilité de réaliser en si peu de temps ce passage. La politique économique et sociale menée par le gouvernement de Lionel Jospin sur ce thème a abouti à une grande réussite, que nous devons les uns et les autres saluer. (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe du Rassemblement pour la République.)
Je voudrais féliciter tous ceux et toutes celles qui ont participé à la mise en oeuvre technique de ce passage dans les services publics, dans les services de sécurité, dans les banques, dans les entreprises, dans les commerces et dans les associations de consommateurs. Ils se sont tous et toutes mobilisés pour la réussite de cet événement historique sur lequel, monsieur le ministre, je vous poserai deux questions.
Premièrement, au bout d'une semaine, quelle évaluation faites-vous non seulement de l'aspect technique du passage à l'euro, mais aussi de son aspect psychologique et politique ?
M. Christian Jacob. Voilà une question intéressante !
M. Alain Barrau. Deuxièmement, quelles conséquences en tirez-vous s'agissant de la place de l'Europe dans notre pays et de la place de notre pays en Europe ? (Applaudissements sur divers bancs du groupe socialiste.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
M. Francis Delattre. Remerciez M. Barrau pour sa question, monsieur le ministre !
M. Laurent Fabius, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Monsieur Barrau, il s'agit assurément d'une très grande réforme monétaire et économique, probablement la plus grande depuis plusieurs décennies. Nous devons les uns et les autres nous féliciter du fait qu'elle se soit bien passée.
Si, à partir du 1er janvier, les choses se sont bien déroulées, c'est que, grâce au concours de centaines de milliers de personnes, la préparation du passage à l'euro a été soigneuse et minutieuse.
Je citerai seulement trois chiffres qui ne sont peut-être pas dans tous les esprits mais qui montrent à quel point la préparation a été importante.
A la fin du mois de décembre, sept Français sur dix avaient d'ores et déjà utilisé l'euro soit par chèque, soit par carte bancaire ou autre forme de virement. Ils avaient eu une expérience différente de celle que leur auraient donnée des pièces et des billets, mais ils en avaient eu une.
Quant au double affichage, il a permis aux commerçants, d'une part, et aux consommateurs, de l'autre, de voir les correspondances. A la fin du mois de décembre, le double affichage était réalisé dans les grands commerces à plus de 98 % et dans les petits commerces à plus de 80 %.
Enfin, à la fin du mois de décembre, plus de 40 millions de sachets d'euros avaient été vendus.
Tout cela, à quoi s'ajoutent beaucoup d'autres éléments, explique que, dès les premiers jours, le passage à l'euro ait été un succès.
En dépit de certaines prévisions alarmistes, plus de 95 % des distributeurs automatiques étaient passés à l'euro au soir du 2 janvier 2002.
Samedi dernier, jour de grande affluence, 18 millions d'opérations ont été effectuées en euros via les cartes bancaires.
Enfin, dès hier soir, 100 % des transactions scripturales étaient effectuées en euros ainsi que plus de 60 % des transactions en espèces. Ce qui veut bien dire ce que tout le monde reconnaît maintenant : l'opération se passe très bien, bien, malgré quelques incidents inévitables ici ou là.
En conséquence, monsieur le député, le Gouvernement doit continuer à faire preuve de beaucoup de vigilance en matière d'approvisionnement et de sécurité et éviter le dérapage des prix - qui représente un aspect très sensible.
Par ailleurs, je tiens à remercier, comme vous l'avez fait, toutes celles et ceux qui ont permis ce passage à l'euro : les commerçants, les banques, La Poste et de nombreuses associations, de nombreux bénévoles et d'élus qui ont vraiment fait le maximum.
Vous me demandez de tirer des enseignements pour le futur. Je crois, comme vous tous, que l'euro marque l'aboutissement d'un travail considérable, mais qu'il est aussi un moteur et l'expression d'une exigence.
Son succès signifie qu'il y a dans la population française une forte demande d'Europe. C'est à nous tous, collectivement, d'y faire face. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe socialiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.)
Auteur : M. Alain Barrau
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Moyens de paiement
Ministère interrogé : économie
Ministère répondant : économie
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 9 janvier 2002