sécurité des biens et des personnes
Question de :
M. Lucien Degauchy
Oise (5e circonscription) - Rassemblement pour la République
Question posée en séance, et publiée le 23 janvier 2002
INSÉCURITÉ
M. le président. La parole est à M. Lucien Degauchy, pour le groupe du Rassemblement pour la République.
M. Lucien Degauchy. Monsieur le ministre de l'intérieur, une fois de plus les statistiques de la délinquance sont accablantes pour vous (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste), mais, hélas, très préoccupantes pour les Français.
En milieu urbain tout d'abord, où, à la fin de la semaine dernière encore, des dizaines de voitures ont été incendiées. Des casses à la voiture-bélier ont été commis, dont l'un à proximité du ministère de la justice ! (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République.) Des meurtres gratuits ont eu lieu.
En milieu rural ensuite, où les gens ont de plus en plus peur. Le nombre d'infractions constatées par la police et la gendarmerie ne cesse d'augmenter. Pour la première fois, le nombre de faits constatés dépasse 4 millions. (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République.) Ne nous répondez pas encore, monsieur le ministre, que cette explosion est liée à une plus grande fréquence des dépôts de plainte ou - pourquoi pas ? - aux vols de téléphones portables, ce qui serait parfaitement risible.
Les Français vivent - vous ne vous en rendez peut-être pas compte (« Non ! » sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants) - dans la crainte journalière d'être victimes de vols, de cambriolages, d'agressions de toutes sortes.
M. Jean Ueberschlag. Eh oui !
M. Lucien Degauchy. Il serait temps de vous remettre un peu en question, de comprendre que votre méthode est parfaitement inefficace.
Quand allez-vous enfin mettre en place une politique de lutte contre la délinquance, une politique sérieuse, digne de ce nom ? (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur. (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Monsieur le député, la violence dans la société, ses causes (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants),...
M. le président. Mes chers collègues, j'imagine que la réponse vous intéresse autant que la question : laissez M. le ministre répondre !
M. le ministre de l'intérieur. ... les réponses qu'il convient d'y apporter préoccupent légitimement les Français. A votre impatience, je répondrai que ce débat, normal à l'approche d'échéances électorales, doit être sérieux. Il mérite mieux que les interpellations bruyantes, les caricatures dramatisantes,...
M. Jean-Luc Reitzer. Oh !
M. le ministre de l'intérieur. ... en un mot l'agitation démagogique que l'opposition pratique trop souvent sur ce sujet (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants), comme sur d'autres, d'ailleurs.
Je vous l'ai déjà dit à plusieurs reprises, le débat sur la violence ne saurait se résumer à des statistiques dont chacun connaît les insuffisances et l'incapacité à rendre compte d'une réalité complexe. C'est pour cette raison d'ailleurs que le Gouvernement a confié à M. Pandraud et à M. Caresche une mission sur ce sujet, dont les résultats vous seront communiqués très bientôt.
Vous le savez, le Gouvernement a pris plusieurs initiatives afin d'apporter des réponses de fond, en agissant à la fois sur la délinquance et sur ses causes, notamment avec la mise en place de la police de proximité et des contrats locaux de sécurité. (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République.)
Par ailleurs - ne négligez pas ce point - de nouveaux moyens juridiques sont rendus disponibles grâce à la loi relative à la sécurité quotidienne, ou à des réponses budgétaires qui renforcent ou renforceront encore plus l'efficacité de la police ou de la gendarmerie.
S'il est vrai que les chiffres de la délinquance ont augmenté cette année, le fait que cette hausse soit moins importante au second qu'au premier semestre...
M. Claude Goasguen. Baratin !
M. le ministre de l'intérieur. ... démontre que cette politique commence à porter ses fruits.
Pour conclure, monsieur le député, quand on augmente les effectifs des policiers...
M. Thierry Mariani. Et les 35 heures ?
M. le ministre de l'intérieur. ... quand on multiplie les implantations de services de police, quand on accueille mieux les victimes, que celles-ci pourront plus facilement porter plainte pour que leurs droits soient respectés et que des réparations interviennent, alors oui, il est, je crois, irresponsable de votre part de nous accuser. (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
De même quand des actions ciblées dérangent l'économie souterraine ou ceux qui font brûler des voitures dans certains quartiers, il ne faut pas s'étonner non plus que leurs réactions soient parfois violentes. Mais faut-il ne pas conduire de telles actions de police et de justice ? Bien sûr que si !
La lutte contre l'insécurité ne peut souffrir aucune faiblesse, le Gouvernement ne fera preuve d'aucune faiblesse. (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants). N'alimentez pas la peur des Français, car vous n'êtes pas capables de faire la moindre proposition sérieuse pour répondre à leur attente. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste. - Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
Auteur : M. Lucien Degauchy
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Sécurité publique
Ministère interrogé : intérieur
Ministère répondant : intérieur
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 23 janvier 2002