jeunes
Question de :
M. Jacques Myard
Yvelines (5e circonscription) - Rassemblement pour la République
Question posée en séance, et publiée le 6 février 2002
CONSOMMATION DE DROGUE PAR LES JEUNES
M. le président. La parole est à M. Jacques Myard, pour le groupe RPR.
Plusieurs députés du groupe socialiste. Où est-il ?
M. Jacques Myard. Je vous ai déjà signalé, jeunes gens qui siégez encore dans la majorité, que vous allez m'entendre si vous ne me voyez pas. (Rires.)
Monsieur le Premier ministre, je m'adresse à vous, car la question que je m'apprête à poser est d'une particulière gravité. Elle porte sur la croissance quasi exponentielle de la consommation de drogue dans notre pays et particulièrement dans notre jeunesse. L'Observatoire français des drogues et toxicomanies vient de révéler en janvier des chiffres alarmants. Pour n'en citer que quelques-uns, 59 % des garçons de dix-huit ans et 43 % des filles déclarent aujourd'hui consommer du cannabis. On n'en comptait respectivement que 34 % et 17 % en 1993. Deux jeunes sur trois ! Les consommations deviennent de plus en plus fréquentes et abondantes : dans cette matière, nos jeunes compatriotes sont les premiers de la classe européenne...
M. Lucien Degauchy. Ça va faire plaisir à Kouchner !
M. Jacques Myard. Non seulement la consommation permanente progresse, mais surtout nos jeunes compatriotes n'ont plus du tout le sentiment que cela puisse nuire à leur santé. Etre branché aujourd'hui, c'est fumer une barrette... Et pourtant, tout le monde sait que de très nombreux accidents de la route mortels impliquant de jeunes conducteurs sont provoqués par le mélange d'alcool et de cannabis. Les Français doivent d'ailleurs savoir que vous avez refusé tout récemment l'excellent amendement de notre collègue Thierry Mariani qui voulait instaurer des contrôles préventifs de police sur nos routes pour éviter ces drames à répétition.
M. François Goulard. Très bien !
M. Jacques Myard. Cette banalisation de l'usage des drogues n'est pas fortuite. Elle est le résultat direct de votre laxisme. En l'absence de réaction gouvernementale forte, vous cautionnez, peut-être indirectement mais véritablement, l'usage du cannabis et d'autres drogues en laissant faire tous ceux qui en font sur nos médias l'apologie outrancière. Mais il est vrai que vous êtes, monsieur le Premier ministre, dans une position délicate dans la mesure où plusieurs ministres de votre gouvernement se sont vantés - peut-être y en a-t-il encore - d'avoir fumé des joints. (Rires sur les bancs du groupe socialiste.)
Monsieur le Premier ministre, ma question est donc très simple : allez-vous enfin réagir et prendre des mesures ? Allez-vous mettre fin à ce dangereux laxisme qui banalise l'usage de la drogue ? Allez-vous enfin autoriser des contrôles de police préventifs pour sauver des jeunes ou resterez-vous dans l'histoire comme le père de la génération de la drogue, la génération Jospin ? (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants. - Exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.)
M. André Gerin. C'est minable !
M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'emploi et de la solidarité.
Mme Elisabeth Guigou, ministre de l'emploi et de la solidarité. Monsieur le député, comme vous le savez sans doute, ce gouvernement a lancé en 1999 un plan triennal de lutte contre la drogue et de prévention des dépendances. (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
Ce plan, qui comprend plusieurs axes, est mis en oeuvre avec volontarisme...
M. Bernard Accoyer. Et laxisme !
Mme la ministre de l'emploi et de la solidarité. ... et persévérance : la drogue est en effet un fléau contre lequel il nous faut toujours lutter davantage.
Pour commencer, nous avons voulu améliorer les connaissances. Nous avons ainsi doté la mission interministérielle d'un budget de 5 millions de francs pour une programmation pluriannuelle de la recherche, afin d'observer en temps réel l'évolution des modes de consommation et des produits qui circulent...
M. Bernard Accoyer. C'est un échec !
Mme la ministre de l'emploi et de la solidarité. ... et de permettre une évacuation des politiques publiques en matière de prévention des dépendances. Cette politique de prévention est d'ores et déjà mise en place.
M. Bernard Accoyer. C'est un échec !
Mme la ministre de l'emploi et de la solidarité. Nous avons également développé l'information en direction du grand public avec, là encore, une démarche extrêmement volontariste, pour alerter nos compatriotes sur les méfaits de toutes les conduites de dépendance.
M. Lucien Degauchy. Vous les avez plutôt encouragées !
Mme la ministre de l'emploi et de la solidarité. Nous avons lancé, le 26 avril 2001, une grande campagne nationale de communication sur le sujet.
Nous avons également systématisé la prévention, en fixant des contrats d'objectifs départementaux afin que toutes les actions prévues dans le plan triennal puissent trouver leur concrétisation au plus près du terrain.
Enfin, nous accueillons, nous orientons, nous soignons, et nous nous efforçons d'insérer les usagers de produits psycho-actifs. C'est une démarche, je le répète, régionale et départementale, qui est en cours, et d'ailleurs les centres de soins spécialisés en toxicomanie sont en cours d'évaluation.
Voyez-vous, monsieur le député, c'est un sujet qui est trop grave pour qu'on le traite, comme vous venez de le faire, par la polémique. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste. - Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
Auteur : M. Jacques Myard
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Drogue
Ministère interrogé : emploi et solidarité
Ministère répondant : emploi et solidarité
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 6 février 2002