Question au Gouvernement n° 462 :
fonctionnement

11e Législature

Question de : M. Robert Pandraud
Seine-Saint-Denis (8e circonscription) - Rassemblement pour la République

Question posée en séance, et publiée le 25 mars 1998

M. le président. La parole est à M. Robert Pandraud.
M. Robert Pandraud. Monsieur le président, ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie.
Monsieur le ministre, il y a quelques semaines, vous êtes venu annoncer à Bobigny un programme d'urgence pour la Seine-Saint-Denis. Nous nous en sommes tous réjouis tant nos besoins sont urgents: classes surchargées, professeurs non remplacés, manque endémique d'infirmières, de conseillers d'orientation et de conseillers pédagogiques, incapacité de recruter par des emplois-jeunes.
Comme vous le savez, la Seine-Saint-Denis détenait et continue de détenir le maillot jaune de l'échec scolaire et demeure le champion olympique des violences scolaires à l'intérieur ou à l'extérieur des établissements.
Malheureusement, les actes non plus que vos engagements n'ont été à la hauteur de vos promesses. La seule conséquence de leur médiatisation a été la multiplication des grèves et des manifestations, auxquelles s'associent les élèves, leurs parents, le corps enseignant et les élus locaux, quelle que soit leur sensibilité.
Vous vouliez être le Père Noël, vous avez été le Père Fouettard. De plus, vous manifestez maintenant une agressivité politicienne forte.
Seriez-vous devenu, monsieur le ministre, hostile au droit de grève et à la liberté de manifester ? (Rires et exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
M. Didier Boulaud. Quant à vous, vous avez envoyé les CRS !
M. Robert Pandraud. La communauté éducative de la Seine-Saint-Denis attend que vous définissiez enfin des mesures sérieuses pour ce département sinistré. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe de l'Union pour la démocratie française.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie.
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Monsieur Pandraud, depuis de nombreuses années, la Seine-Saint-Denis accumule des retards scolaires de plus en plus creusés, sans que rien soit fait pour y remédier.
Il y a quatre mois, dans cette même assemblée, l'un de vous, mesdames, messieurs les députés, m'a posé une question sur la situation que connaît ce département. J'ai immédiatement répondu que nous chargions le recteur Fortier, associé à Mme le professeur Mills, de rédiger un rapport sur cette situation. («Ah !» sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe de l'Union pour la démocratie française.)
M. Guy Tessier. A quand une commission ?
M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Ce rapport, ce bilan a été établi, l'ensemble des partenaires du système éducatif ayant été consulté.
Le jour même où le recteur Fortier m'a remis son rapport, j'ai pris exactement la totalité des mesures qui y étaient proposées - je dis bien la «totalité».
M. Robert Pandraud. Le rapport était mauvais !
M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. J'ai donc pris, dis-je, la totalité des mesures proposées par l'administration et j'ai augmenté les propositions d'un facteur 2. («Oh, la la !» sur plusieurs bancs du groupe du Rassemblement pour la République.)
Je ne peux, monsieur Pandraud, faire en quinze jours ce que vous n'avez pas fait en cinq ans. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste. - Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe de l'Union pour la démocratie française.)
Je ne pense même pas que la magie soit capable de résoudre, en un instant, les problèmes qui se posent...
M. Jean-Louis Debré. On l'attendait, celle-là !
M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Qu'avons-nous proposé ? De mettre immédiatement à disposition mille heures. Nous avons augmenté le nombre d'assistantes sociales, mais vingt-deux postes ne sont malheureusement pas pourvus faute de candidats !
M. Robert Pandraud. Et voilà !
M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Monsieur Pandraud, je ne peux tout de même pas occuper ces vingt-deux postes à moi tout seul ! (Rires et exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe de l'Union pour la démocratie française.)
Nous avons ouvert huit cents emplois-jeunes, non pourvus pour l'instant. J'ai indiqué qu'on pouvait en prévoir 1 000 de plus.
J'ai demandé que l'on prépare un plan pluriannuel de recrutement afin de faire face à tous les dysfonctionnements que connaît le département de la Seine-Saint-Denis, établissement par établissement. L'élaboration d'un tel plan exige un travail patient.
J'ai également demandé que l'on procède à une série d'expérimentations sur les horaires assurés par les enseignants et le nombre d'élèves par classe, ce qui demande aussi une longue préparation. A l'heure où je vous parle, je ne peux sortir de ma poche des milliers de postes d'enseignants. (Exclamations sur les mêmes bancs.)
La Seine-Saint-Denis mérite que l'on se penche sur ces problèmes et qu'on les résolve. Telle est en tout cas la volonté du Gouvernement.
Quelles que soient les difficultés, nous garderons cette volonté et je pense que nous résoudrons les problèmes qui se posent. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.)

Données clés

Auteur : M. Robert Pandraud

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Enseignement

Ministère interrogé : éducation nationale, recherche et technologie

Ministère répondant : éducation nationale, recherche et technologie

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 25 mars 1998

partager