intérieur : fonctionnement
Question de :
M. Armand Jung
Bas-Rhin (1re circonscription) - Socialiste
M. Armand Jung attire l'attention de M. le ministre de l'intérieur sur le fait que la ville de Strasbourg accueille, semaine après semaine, des chefs d'Etat, des ministres français, européens et étrangers. Il n'est pas un seul jour où ne se déroule une réunion, un colloque ou un congrès à vocation européenne ou internationale. Chaque déplacement d'une haute personnalité nécessite la mobilisation de forces de police et de hauts fonctionnaires de la préfecture du Bas-Rhin. Strasbourg est le siège de nombreuses organisations européennes ou internationales dont les plus prestigieuses sont, bien entendu, le Parlement européen (15 pays), le Conseil de l'Europe (43 pays), la Cour européenne des droits de l'homme, sans parler des nombreuses institutions françaises dont la plus prestigieuse est l'Ecole nationale d'administration (ENA). En corollaire se déroulent à Strasbourg des dizaines de manifestations à partir ou vers ces institutions, qu'il s'agisse d'agriculteurs, de chasseurs, de Kurdes ou de réfugiés des pays de l'Est. Il n'est pas un conflit en Europe ou dans le monde qui ne fasse l'objet de défilés nécessitant une protection spécifique. Ces manifestations présentent la particularité d'être coûteuses sur le plan des effectifs policiers. Dans le même temps, Strasbourg est montré du doigt pour le nombre de ses voitures brûlées, pas moins de 1 800 pour l'année 2000. Il serait préjudiciable que les citoyens strasbourgeois interprètent le rôle européen et international de leur ville comme étant de nature à limiter leur droit à la sécurité au quotidien. C'est pourtant le premier droit des citoyens, et notamment des plus faibles, que la sécurité de tous soit garantie. Des menaces formulées par un groupe de terroristes corses annonçant des attentats à Strasbourg risquent d'introduire une suspicion de l'opinion publique à l'égard de ces institutions qui donnent ce supplément d'âme à notre ville. Il suggère la création d'une fonction de préfet de police à Strasbourg, à l'instar de ce qui existe à Paris, à Marseille et dans d'autres capitales européennes. Cette solution aurait pour avantage de spécialiser les forces de police entre celles rattachées à des tâches de sécurisation des institutions européennes et celles chargées de la sécurité des biens et des personnes. C'est ainsi que le préfet de la région Alsace, préfet du Bas-Rhin, aurait toute latitude, avec ses personnels administratifs et policiers, d'assurer la sécurité des personnalités et des bâtiments publics. Quant au préfet de police, il devrait, bien entendu, être un policier chevronné et de haut niveau afin d'assurer la tranquillité publique. Cette nouvelle organisation, de bon sens, mettrait fin à un confusion des rôles et des situations. En effet, assurer la sécurité d'un bâtiment n'est pas une tâche de même nature que lutter contre les incivilités et la délinquance. C'est seulement dans ce contexte que la revendication légitime de classement de Strasbourg en « zone difficile » prend tout son sens. En effet, assurer en même temps la sécurité « officielle » et celle « au quotidien » serait de nature, non seulement à rassurer les citoyens mais aussi à renforcer le rôle historique de la ville de Strasbourg. Il lui demande ses intentions à ce sujet.
Auteur : M. Armand Jung
Type de question : Question orale
Rubrique : Ministères et secrétariats d'etat
Ministère interrogé : intérieur
Ministère répondant : intérieur
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 16 avril 2001