contractuels
Question de :
Mme Véronique Carrion-Bastok
Paris (21e circonscription) - Socialiste
Mme Véronique Carrion-Bastok attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie sur l'avenir du dispositif « Femmes-Relais » après la mise en place des emplois-jeunes. Les emplois-jeunes suscitent un espoir réel dans les quartiers. Des familles entières reprennent pied ; des jeunes jusqu'à lors convaincus de leur inutilité apprennent à nouveau le sens de la vie en société par le travail. Très tôt, le ministère de l'éducation nationale a bien compris la portée de telles mesures et l'intérêt d'une telle dynamique pour pourvoir à de nombreux besoins sociaux auxquels l'école doit désormais faire face. Au delà de ses missions traditionnelles (apprendre à lire, écrire et compter), force est de constater qu'il est désormais indispensable d'insister auprès des enfants et des jeunes, sur des enseignements fondamentaux comme l'apprentissage des règles élémentaires de politesse, de respect de l'autre, de civisme, de prévention de la violence scolaire. Le travail des jeunes recrutés dans le cadre du dispositif emplois-jeunes y contribuera. La sensibilisation aux nouvelles technologies d'information et de communication, les activités émergentes liées aux nouveaux rythmes scolaires font également partie des champs sur lesquels pourraient porter le savoir-faire et l'investissement des 30 000 aides éducateurs dans le primaire et des 10 000 emplois-jeunes d'assistants de vie scolaire dans le secondaire. Toutefois, le cadre des activités susceptibles d'être pourvues par ce type de contrat est volontairement restrictif puisque la loi Aubry stipule explicitement que « lorsqu'elles sont conclues avec une personne morale de droit public (les conventions) ne peuvent s'appliquer qu'à des activités non assurées jusqu'alors par celles-ci », les emplois ne pouvant donc se substituer à des emplois déjà aidés. Pourtant on a déjà eu à déplorer sur le terrain des dérapages regrettables. C'est le cas notamment du dispositif des femmes-relais. Ces femmes, issues des quartiers d'où proviennent les enfants, assurent le lien entre le personnel enseignant et des parents d'élèves, souvent d'origine étrangère, maîtrisant mal notre langue, peu familiarisés avec le fonctionnement de l'institution. Par leur travail remarquable, elles permettent que la communication s'établisse, que de nombreuses informations utiles à l'exercice normal de l'autorité parentale soient transmises. Du fait de leur proximité avec les familles, elles assurent également de nombreuses tâches de prévention, de médiation, évitant ainsi de nombreux conflits. Recrutées sous statut contrats emploi solidarité (CES), ces femmes, en plus de remplir cette utile contribution à la vie sociale, bénéficient d'un emploi qui leur permet souvent de sortir d'une situation de précarité absolue. Depuis la rentrée pourtant, ou a pu observer que de nombreuses d'entres elles ne sont pas réemployées pour cause de création des emplois-jeunes. C'est le cas à Marseille où aucun des contrats n'a été renouvelé depuis le 14 novembre. Cela risque d'être le cas à Paris où des chefs d'établissements ont expliqué aux responsables des associations qui s'occupent des femmes-relais (comme femmes Relais XXe) que cette fonction devenait inutile du fait de la création des emplois-jeunes. En conséquence, elle lui demande ce qu'il compte faire pour éviter que la montée en puissance du dispositif emplois-jeunes dans son ministère ne se traduise par de regrettables effets de substitution et quelles garanties il peut apporter à toutes ces femmes qui effectuent un travail remarquable et se posent aujourd'hui la question de leur avenir.
Auteur : Mme Véronique Carrion-Bastok
Type de question : Question orale
Rubrique : Enseignement : personnel
Ministère interrogé : éducation nationale, recherche et technologie
Ministère répondant : éducation nationale, recherche et technologie
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 9 décembre 1997