armement
Question de :
M. Jean Delobel
Nord (15e circonscription) - Socialiste
M. Jean Delobel se réjouit que, au côté du Président de la République, M. le ministre de la défense se soit engagé pour l'éradication des mines anti-personnel. Ainsi nos unités d'élite participent-elles au déminage au Cambodge, en Bosnie et forment sur place des démineurs pour éviter des mutilations dues à la bêtise humaine. Il lui rappelle qu'il est maire d'une commune de 14 000 habitants qui faisait partie, durant la guerre de 1914-1918, du fameux « saillant d'Ypres », totalement anéantie par les artilleries allemande et anglaise, qui conjuguèrent leurs efforts de destruction, et qui accueille sur son sol, dans leur dernier sommeil, 18 000 soldats de l'Empire britannique, 7 000 soldats français et 25 000 soldats allemands. Il est aussi le porte-parole de l'ensemble des ses concitoyens et de tous les maires de cet énorme champ de bataille de la frontière nord à la Somme. Chaque jour, des munitions remontent de ce sol labouré par la mitraille, du 75 français aux 77 allemand, des obus de 240 anglais aux obus à gaz. Pour ces derniers, leur enveloppe d'acier se délite et les produits chimiques qu'ils contiennent sont toujours pleinement efficaces. Des dizaines et des dizaines d'obus attendent au coin des champs que les services de déminage viennent les chercher. Il ne peut résister à l'envie de lui lire la circulaire, en date du 24 mars 1997, de son prédécesseur concernant le traitement des munitions anciennes découvertes : « Toutes les munitions de guerre classiques à l'exclusion des bombes d'aviation doivent être détruites sur place. En cas d'impossibilité technique ou si les maires des communes concernées ne peuvent ou ne veulent pas fournir les moyens et le site permettant cette opération, les munitions devront être laissées sur place. Dans ce cas, les démineurs indiqueront le meilleur moyen de les soustraire à toute manipulation (caisse renversée sur les munitions et recouverte de terre par exemple) et, si nécessaire, les déplaceront sur un site communal plus propice à cette mise en sécurité ; les bombes d'aviation seront désamorcées. L'enlèvement des bombes désamorcées sera réalisé soit le jour même, soit dans les jours suivants, sur un site qui sera précisé en tant que de besoin ; les munitions chimiques, qu'il est hors de question de laisser sur place, devront être transférées à Vimy ». S'il lui est arrivé personnellement de transporter des obus enveloppés de couvertures pour les soustraire à la curiosité des enfants, quand le service de déminage passait chaque semaine, il lui demande, au nom de ces mêmes enfants et de tous ses concitoyens de prendre immédiatement les mesures nécessaires afin d'assurer le ramassage de ces engins de morts et leur destruction, comme le fait l'armée belge, qui se déplace avec trois camions dûment signalés contenant sable et caisses pour isoler les obus et encadrer le camion les contenant afin d'éviter tout choc arrière susceptible de déclencher une explosion. Il est urgent de faire face dans les meilleurs délais au ramassage de ces obus, de les stocker et de les détruire. Il lui semble préférable de stocker ces obus, non pas sur des sites de stockage intermédiaires, comme à Saint-Fuscien, au sud d'Amiens, ou à Cambrai-Niergnies, à 45 kilomètres au sud-est d'Arras, où élus et population se sont opposés à cette implantation, mais directement à Sissone, vaste terrain de manoeuvre, où l'espace ne manque pas, pour détruire ces engins meurtriers.
Auteur : M. Jean Delobel
Type de question : Question orale
Rubrique : Défense
Ministère interrogé : défense
Ministère répondant : défense
Date : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue au Journal officiel du 8 janvier 1998