Question écrite n° 14384 :
politique à l'égard des retraités

12e Législature

Question de : M. Dominique Le Mèner
Sarthe (5e circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire

M. Dominique Le Mèner attire l'attention de M. le ministre des affaires sociales, du travail et de la solidarité sur le problème des retraites agricoles. Chacun s'accorde à reconnaître la faiblesse des retraites actuellement versées à des personnes ayant pourtant travaillé de longues années et dans des conditions souvent pénibles. A cette injustice, héritée notamment des mutations de l'agriculture française depuis les années 50, s'ajoute l'injustice faite à ceux que l'on appelle les « conjoints d'exploitant », qui, bien qu'ayant participé à part égale au travail de l'exploitation, se trouvent privés de leur droit à une retraite décente faute dune déclaration de leur activité, à la faveur des usages en cours dans le monde rural. Considérant l'effort considérable consenti par les agriculteurs depuis la Seconde Guerre mondiale pour satisfaire les demandes de notre société, et pour rendre notre pays autonome sur le plan agroalimentaire, il semble fondamental de leur témoigner notre reconnaissance par la recherche d'un montant de pension qui prenne en compte les spécificités de l'histoire de cette profession, et, par là, rétablir dans leur droit ces « laissés-pour-compte » de la retraite. Sans anticiper sur la réforme des retraites, qui concerne les futurs retraités y compris agricoles, et pour lesquels les nouvelles dispositions devront être de nature à mettre fin à ces difficultés et inégalités, il conviendrait d'engager dès à présent une réflexion sur les pensions actuelles des retraités agricoles et de leurs conjoints. Il lui demande donc si cette question fait déjà l'objet d'un examen attentif, et quelles sont les intentions du Gouvernement dans ce domaine. - Question transmise à M. le ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche et des affaires rurales.

Réponse publiée le 29 septembre 2003

Depuis 1994, le montant des pensions de retraite agricoles a été fortement revalorisé au prix d'un effort financier important consenti par la solidarité nationale et qui s'est traduit par des mesures nouvelles au budget annexe des prestations sociales agricoles (BAPSA). Ainsi, pour une carrière complète, les chefs d'exploitation et les personnes veuves perçoivent une pension de retraite au moins égale au montant du minimum vieillesse accordé à une personne seule (6 935,07 euros en 2003), et les conjoints ainsi que les aides familiaux perçoivent une retraite équivalente au montant différentiel du minimum vieillesse attribué au second membre du ménage (5 505,80 euros en 2003). A l'issue du plan de revalorisation en 2002, pour une carrière complète, les pensions avaient augmenté, par rapport à la législation en vigueur en 1994, de 43 % pour les chefs d'exploitation, 80 % pour les personnes veuves et de 93 % pour les conjoints et aides familiaux. La loi n° 2002-308 du 4 mars 2002 tendant à la création d'un régime de retraite complémentaire obligatoire pour les non-salariés agricoles constitue une avancée importante pour le régime social agricole puisque celui-ci était l'un des derniers à ne pas bénéficier d'un régime de retraite complémentaire obligatoire. L'accès à ce régime est ouvert aux chefs d'exploitation ou d'entreprise agricoles. Ce régime permet une augmentation substantielle du montant des retraites aussi bien pour les actuels retraités qui en bénéficient sans avoir à payer de cotisations que pour les actifs qui s'ouvrent le bénéfice de ces prestations en contrepartie d'une cotisation. 450 000 chefs d'exploitation retraités bénéficient ainsi de ce nouveau régime dès 2003. En revanche, il n'est pas possible d'étendre, contrairement aux souhaits de nombreux parlementaires et des organisations professionnelles agricoles, le champ du régime au-delà des seuls chefs d'exploitation, car ceci supposerait une augmentation de la cotisation annuelle, jugée trop importante par les organisations professionnelles elles-mêmes. En effet, étendre le champ du régime de retraite complémentaire obligatoire des non-salariés agricoles à l'ensemble des actifs (chefs d'exploitation, conjoints, aides familiaux) entraînerait un coût global annuel de versement des prestations du régime élevé. Un tel coût ne serait pas supportable, tant pour les chefs d'exploitation cotisant au nouveau régime que pour l'État qui participe à son financement. La loi instituant le régime de retraite complémentaire obligatoire pour les non-salariés agricoles prévoit toutefois, en son article 5, que le Conseil supérieur des prestations sociales agricoles est chargé de suivre la mise en place du régime, d'établir au cours du premier semestre de chaque année un bilan de fonctionnement du régime et de faire des propositions sur son extension aux conjoints et aux aides familiaux. Par ailleurs, le Gouvernement est conscient de la situation difficile de certaines conjointes d'exploitants agricoles et a confié au ministre chargé de l'agriculture le soin de constituer des groupes de travail qui examineront les moyens d'améliorer leurs situations.

Données clés

Auteur : M. Dominique Le Mèner

Type de question : Question écrite

Rubrique : Retraites : régime agricole

Ministère interrogé : affaires sociales, travail et solidarité

Ministère répondant : agriculture, alimentation et pêche

Dates :
Question publiée le 17 mars 2003
Réponse publiée le 29 septembre 2003

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