Question écrite n° 27418 :
Eurotunnel

12e Législature

Question de : M. Yves Nicolin
Loire (5e circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire

M. Yves Nicolin appelle l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur les manipulations de cours du titre Eurotunnel et les manoeuvres douteuses qui ont contribué à flouer particulièrement les petits actionnaires. Cette entreprise a ruiné ses petits porteurs, tout en s'offrant le luxe de bénéficier des fonds publics. La Commission des opérations de bourse (COB) vient de se saisir du dossier. Il conviendrait que la lumière soit faite sur les raisons qui ont conduit la société à refuser une assemblée générale à ses actionnaires contestataires. Ces derniers estiment à raison que l'épargne de près de 700 000 petits actionnaires qui ont largement participé à la construction puis à l'extension de ce grand projet franco-britannique doit être protégée d'éventuelles manoeuvres spéculatives. Sur fond de tentatives d'actionnaires contestataires de renverser l'actuelle direction d'Eurotunnel pour en changer la gestion, l'action connaît depuis plusieurs semaines des volumes d'échanges inhabituellement élevés. Il apparaît aujourd'hui nécessaire de mettre en place une commission d'enquête sur Eurotunnel afin de mettre en cause les responsables à l'origine du scandale financier. Il le remercie d'indiquer les intentions du Gouvernement à ce sujet.

Réponse publiée le 13 mars 2007

La société Eurotunnel a négocié pendant de longs mois avec ses créanciers un plan de restructuration de sa dette afin d'alléger les charges financières, condition nécessaire pour assurer la pérennité de l'entreprise et ainsi préserver les intérêts des actionnaires. Ces négociations ont été naturellement longues et difficiles. Un accord préliminaire a été signé le 23 mai 2006 par les créanciers de premier rang, la société et un groupe d'investisseurs, dont la banque Goldman Sachs et l'investisseur australien Macquarie. À l'issue de cette signature, les discussions se sont poursuivies et ont vu émerger des propositions alternatives de la part d'autres catégories de créanciers. Faute d'accord global, la société Eurotunnel a souhaité voir repoussée la date de l'assemblée générale du 27 juillet 2006 et a obtenu du tribunal de commerce de Paris l'ouverture d'une procédure de sauvegarde afin de poursuivre les négociations. Eurotunnel a adressé un projet de plan de sauvegarde à ses créanciers dans le délai imparti par le tribunal de commerce de Paris. Les comités des créanciers et des fournisseurs créés dans le contexte de la sauvegarde ont approuvé ce plan le 27 novembre. Ce plan a ensuite été approuvé par les comités des créanciers les plus juniors, dits obligataires, le 14 décembre 2006. Les administrateurs judiciaires ont soumis, le 18 décembre, les propositions ainsi validées au tribunal de commerce qui les a homologuées le 15 janvier 2007. En outre, Eurotunnel a indiqué que le refinancement de la dette serait assuré à 70 % par le consortium Goldman Sachs-Deutsche Bank et à 30 % par Citigroup. Ces premiers accords constituent une avancée significative dans la mise en oeuvre du plan de restructuration. Concernant les actionnaires, ils auront la possibilité de participer à la restructuration en échangeant leurs actions contre des actions émises par la nouvelle société de tête du groupe Eurotunnel. L'ensemble de cette négociation, placée sous le contrôle du tribunal de commerce, a permis d'aboutir à un plan de réduction de la dette d'Eurotunnel, qui a été approuvé par le tribunal de commerce dans la mesure où l'ensemble des efforts qu'il prévoit, répartis sur toutes les parties prenantes, contribue au mieux à la sauvegarde des intérêts de la société, et donc de ses actionnaires. Pour leur part, les Gouvernements français et britannique ont suivi avec attention ces négociations dans le respect des dispositions du traité de Cantorbéry, qui exclut toute intervention financière des États. Les deux États ont encouragé en permanence la recherche d'une solution amiable, plus protectrice des intérêts des actionnaires et de la continuité du service public.

Données clés

Auteur : M. Yves Nicolin

Type de question : Question écrite

Rubrique : Sociétés

Ministère interrogé : économie

Ministère répondant : économie

Dates :
Question publiée le 3 novembre 2003
Réponse publiée le 13 mars 2007

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