Question écrite n° 41302 :
crédit

12e Législature

Question de : M. Alain Gest
Somme (6e circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire

M. Alain Gest * souhaite appeler l'attention de M. le ministre de l'emploi, du travail et de la cohésion sociale sur la multiplication des situations de surendettement constatées par l'ensemble des intervenants sociaux. Selon les statistiques de la Banque de France, le nombre de dossiers de surendettement déposés en 2003 a augmenté de 13,8 % par rapport à l'année précédente. Ainsi, 700 000 familles font l'objet d'une procédure, ce qui représente de 4 à 6 millions de Français. Il s'agit, dans bien des cas, de familles jeunes avec des enfants. Par ailleurs, il convient de prendre en considération, en sus des situations officiellement reconnues dans le cadre d'une procédure, l'ensemble des ménages dont le taux d'endettement est préoccupant et dont la situation financière se trouve en conséquence fragilisée. Parmi les causes multiples du surendettement, il convient de souligner le danger que représente la facilité d'accès aux crédits à la consommation de type « revolving ». En effet, les sociétés qui proposent ces crédits les accordent de façon automatique sans vérifier au préalable, comme le font les banques, le taux d'endettement des foyers ainsi que le niveau de leurs ressources. Des dispositifs légaux existent et notamment l'inscription des débiteurs au fichier national des incidents du remboursement des crédits aux particuliers (FICP). Cependant, il conviendrait de responsabiliser ces organismes de crédits qui souvent manquent de discernement. Il lui demande donc de lui indiquer les mesures qu'il entend mettre en place pour remédier à cette situation. - Question transmise à Mme la ministre déléguée à l'intégration, à l'égalité des chances et à la lutte contre l'exclusion.

Réponse publiée le 15 mars 2005

L'honorable parlementaire a appelé l'attention de Madame la ministre déléguée à l'intégration, à l'égalité des chances et à la lutte contre l'exclusion sur ses préoccupations devant l'accroissement du nombre de dépôts, de dossier de surendettement devant les commissions installées dans les succursales de la Banque de France. Au préalable, il doit être rappelé que le crédit, sous toutes ses formes, est un outil financier indispensable pour soutenir l'économie et que nul ne remet en cause la nécessité d'une politique attractive du crédit. Devant la gravité du phénomène du surendettement, le Gouvernement s'est attaché à en renforcer le traitement. C'est dans ce cadre que la loi d'orientation pour la ville et la rénovation urbaine du 1er août 2003 a modifié d'une part la procédure de traitement « classique » du surendettement afin de la rendre plus efficace (élargissement de la composition des commissions de surendettement, limitations des plans conventionnels de redressement et a d'autre part instauré une nouvelle procédure juridictionnelle de rétablissement personnel, permettant, sous conditions, un effacement des dettes et offrant ainsi, aux personnes dont la situation était manifestement irrémédiable, une véritable « deuxième chance ». Un comité national de suivi de cette réforme a été installé le 12 mai 2004. En 2004, 173 573 dossiers ont été déposés devant les commissions de surendettement, soit une augmentation par rapport à 2003 de l'ordre de 14 %. Il est à noter que 20 152 dossiers ont été orientés vers la nouvelle procédure de rétablissement personnel. Il faut constater dans ces dossiers le poids des crédits à la consommation, particulièrement le « crédit revolving » utilisé comme crédit de trésorerie présents dans plus de 80 % des dossiers déposés auprès des Commissions. Il faut encore rappeler que la question du surendettement a fait l'objet de multiples interventions normatives. Sur l'information des publics, la Loi n° 2003-706 du 1er août 2003 relative à la sécurité financière a prévu notamment l'amélioration de la qualité de la communication concernant les offres de crédit, l'interdiction de toute annonce de prêt donnant l'impression de mise à disposition de fonds sans contribution financière identifiable, l'amélioration de l'information au moment du renouvellement de crédits. Il semble que ces dispositifs peuvent être renforcés. Une voie ouverte pour mieux prévenir le surendettement réside vraisemblablement dans l'optimisation du fichier négatif existant : le Gouvernement réfléchit sur ce point. Au-delà, l'éducation des jeunes, l'information des consommateurs et les pratiques commerciales peuvent être améliorées. Les outils financiers que sont les crédits revolvings sont inadaptés à des publics fragiles. Le Gouvernement ne veut pas remettre en cause l'utilité du crédit, ni contester celle du crédit revolving utilisé à bon escient, mais il a engagé une réflexion pour mieux cibler et mieux adapter les produits. La mise en place d'une politique ciblée de prévention du surendettement doit être complétée par une politique adaptée en faveur de l'accès au micro-crédit des populations à faibles revenus, à la condition que ce micro-crédit soit encadré par un accompagnement social et qu'il soit sécurisé. C'est un autre des objectifs du plan de cohésion sociale par le moyen d'un fonds de cohésion sociale géré par la Caisse des dépôts et consignations. L'accès au micro-crédit, étayé par des dispositifs d'accompagnement, la prévention et le traitement du surendettement sont donc les trois faces de la citoyenneté économique des plus fragiles de nos concitoyens sur lequel le Gouvernement travaille au quotidien.

Données clés

Auteur : M. Alain Gest

Type de question : Question écrite

Rubrique : Consommation

Ministère interrogé : emploi

Ministère répondant : intégration, égalité des chances et lutte contre l'exclusion

Dates :
Question publiée le 15 juin 2004
Réponse publiée le 15 mars 2005

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