Question de : M. Pierre Bourguignon
Seine-Maritime (3^e circonscription) - Socialiste

M. Pierre Bourguignon souhaite attirer l'attention de M. le ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur l'annonce de la fermeture de l'usine Isover Saint-Gobain Après 2003, année record en matière de plans sociaux, la situation de l'emploi en 2004 n'est guère plus encourageante : 3 100 suppressions d'emplois chez GIAT Industries, 816 chez LU, 660 chez Saint Microelectronics, 300 chez Sony, 224 chez Johnson Controls, 205 chez Saint Micro. Petites ou grandes entreprises : la liste ne cesse de s'allonger dans cette partie de monopoly que se jouent les grands groupes financiers et industriels. En Seine-Maritime, c'est au tour de l'usine Isover Saint-Gobain de Saint-Etienne du Rouvray, d'être menacée de fermeture d'ici la rentrée de septembre. Avec l'annonce le 3 juin dernier de la fermeture de cette usine spécialisée dans la fabrication de laine de roche, ce sont 76 salariés et leurs familles qui sont brutalement plongés dans l'incertitude, la peur du chômage et de la précarité. Avec elle, c'est une nouvelle étape dans le démantèlement industriel qui frappe durement les villes et banlieues populaires de l'agglomération rouennaise. A la crainte des familles des salariés, liée à la suppression d'activité, s'ajoute aussi leur colère et leur incompréhension. En effet, la baisse des activités du site est mise en avant alors même que des pans entiers de production plus rentables ont été transférés vers d'autres unités européennes, dont certaines en France, au cours des 8 restructurations qu'à connues leur usine ces 30 dernières années. Et à chacune de ces restructurations, de nouveaux efforts ont été fournis par les salariés dans l'espoir de préserver les emplois. Au plan économique, si la rentabilité du site a baissé du fait d'une augmentation des coûts de production supérieure à la croissance de productivité, la branche isolation de Saint-Gobain reste bénéficiaire pour le groupe. Rien d'étonnant à ce que les salariés aient aujourd'hui le sentiment d'être victimes d'une politique industrielle menée au nom de l'optimisation des profits des actionnaires. Cette nouvelle fermeture démontre d'ailleurs combien est grande en France la difficulté de faire exister et vivre une réelle concertation entre entreprises et représentants des salariés. Elle rappelle les méfaits d'une concurrence effrénée à la rentabilité qui freine toute politique et stratégies industrielles dignes de ce nom et du même coup fragilise un peu plus la situation des salariés. C'est pourquoi il lui demande de bien vouloir lui dire quelles mesures il compte prendre pour que la stratégie industrielle du groupe Saint-Gobain, qui au travers de sa publicité se targue d'avoir placé l'homme et la nature au centre de ses préoccupations, n'occasionne pas de conséquences humaines et sociales dommageables pour les familles de salariés de l'usine Isover de Saint-Etienne du Rouvray et quelles mesures économiques et financières vont être mis en oeuvre pour stopper cette course effrénée à la rentabilité.