politique fiscale
Question de :
M. Frédéric Dutoit
Bouches-du-Rhône (4e circonscription) - Député-e-s Communistes et Républicains
M. Frédéric Dutoit attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur les inégalités générées par le régime fiscal applicable aux cotisations des personnes salariées qui souscrivent à une complémentaire santé à titre individuelle ou au titre d'un contrat collectif non obligatoire dans le cadre de leur entreprise, ainsi qu'aux cotisations des étudiants, des fonctionnaires, des demandeurs d'emploi et des retraités ; autant de catégories de la population qui ne bénéficient pas de déduction d'impôt sur lesdites cotisations à leur mutuelle santé. Il souligne par ailleurs que près de 10 % des Français n'ont pas de complémentaire santé et qu'une personne sur cinq renonce à se soigner pour des raisons financières. Il observe enfin que les personnes qui perçoivent des revenus mensuels supérieurs à 562 euros ne bénéficient ni de l'avancée majeure que représente la couverture maladie universelle ni d'une couverture complémentaire santé gratuite par conséquent. Il propose, comme le réclament 1,5 million de personnes qui ont déjà signé la pétition de la Mutualité française et des Mutuelles de France, d'aider à une meilleure mutualisation par l'ouverture d'un droit à un crédit d'impôt, sous la forme d'une diminution d'impôt pour les personnes imposables et d'une prime pour les personnes non imposables, cette dernière pouvant être directement versée à une mutuelle. Il estime que cette réforme serait à la fois un acte majeur de solidarité intergénérationnelle et la garantie d'un accès aux soins plus égalitaire. Il lui demande de le tenir informé des suites qu'il donnera à cette position et des mesures qu'il prendra pour intégrer la protection sociale dans le champ des incitations fiscales.
Réponse publiée le 4 novembre 2002
La déduction du revenu imposable des cotisations de prévoyance complémentaire n'est admise que sous certaines conditions et dans certaines limites : ces cotisations doivent être versées dans le cadre de l'exercice d'une activité professionnelle et au titre d'un contrat d'assurance de groupe s'il s'agit de travailleurs non salariés, ou revêtir un caractère obligatoire en vertu d'un accord collectif ou d'une décision unilatérale de l'employeur s'il s'agit des salariés. En effet, l'adhésion à un régime de prévoyance complémentaire a alors pour objet essentiel de garantir aux intéressés, en cas de maladie ou d'invalidité conduisant à l'interruption de l'activité professionnelle, le versement pendant la période correspondante d'un revenu de remplacement en complément des prestations en espèces servies par les régimes de base de sécurité sociale. En contrepartie, ces prestations complémentaires sont soumises à l'impôt sur le revenu. Les cotisations versées auprès d'un organisme de prévoyance complémentaire dans le cadre d'une adhésion individuelle et facultative constituent, pour leur part, un emploi du revenu d'ordre personnel, consenti librement par le contribuable afin, le plus souvent, de compléter en cas de maladie les prestations en nature servies par la sécurité sociale. Ces versements n'ouvrent donc droit à aucun avantage fiscal mais, en contrepartie, les prestations servies, le cas échéant, par les organismes de prévoyance complémentaire sous forme de rentes ne sont pas soumises à l'impôt sur le revenu. Cela dit, la loi n° 99-641 du 27 juillet 1999 portant création d'une couverture maladie universelle (CMU) permet, depuis le 1er janvier 2000, à l'ensemble de la population qui en est encore exclue de bénéficier des prestations en nature d'un régime de base d'assurance maladie et maternité (CMU de base) et offre aux personnes disposant des ressources les plus faibles une couverture complémentaire gratuite en matière de santé assortie d'une dispense d'avance de frais (CMU complémentaire). La CMU représente un effort budgétaire important en faveur de l'accès aux soins des personnes les plus démunies, complété par la mise en place d'une aide à la souscription de contrats de couverture complémentaire maladie (« aide à la mutualisation ») au bénéfice des personnes dont les ressources sont de peu supérieures au plafond de ressources de la CMU complémentaire. Cela étant, afin de conforter davantage encore l'égal accès de tous aux soins médicaux, le Premier ministre a annoncé, dans le cadre de sa déclaration de politique générale du 3 juillet 2002, la mise en place d'une aide permettant aux personnes qui en sont démunies de bénéficier d'un régime de protection complémentaire au titre du risque maladie. La forme de cette aide fait actuellement l'objet d'une étude par les services concernés et aucune piste n'est à ce stade écartée.
Auteur : M. Frédéric Dutoit
Type de question : Question écrite
Rubrique : Impôt sur le revenu
Ministère interrogé : économie
Ministère répondant : économie
Dates :
Question publiée le 14 octobre 2002
Réponse publiée le 4 novembre 2002