zone ACP
Question de :
M. Bruno Le Roux
Seine-Saint-Denis (1re circonscription) - Socialiste
M. Bruno Le Roux souhaite attirer l'attention de M. le ministre délégué à la coopération, au développement et à la francophonie sur la fracture numérique qui affecte les pays de la zone Afrique Caraïbes Pacifique. En effet, le désenclavement des Antilles françaises passe par une coopération régionale accrue avec leurs voisins caraïbéens et le problème de la fracture numérique se pose donc pour l'ensemble des pays de la zone ACP, dont les besoins en la matière sont criants. Une initiative « ACP Numérique » prévoit le lancement de projets concrets de désenclavement numérique de la Caraïbe. Les NTIC, notamment les technologies de l'internet à haut débit, seraient ainsi des vecteurs de désenclavement et de développement économique de très nombreux pays. Pour apporter un appui efficace à cette initiative, les bailleurs de fonds devraient favoriser le financement d'infrastructures télécoms actives de connectivité IP qui permettraient à ces pays de pouvoir enfin bénéficier d'une connectivité satisfaisante et d'un coup du transit IP compatible avec l'émergence des technologies haut débit au service du développement économique et de l'emploi. Il semble capital que les acteurs publics d'aide au développement et la communauté des bailleurs de fonds, telles la Commission européenne, la Banque mondiale et les agences de développement, soient mobilisés autour d'un tel projet. Dès lors, dans la mesure où le rôle de la France peut s'avérer décisif, il lui demande de bien vouloir indiquer s'il entend mandater l'Agence française de développement afin qu'elle fasse de ce programme ACP Numérique un objectif prioritaire, et s'il juge opportun de solliciter pour ce projet l'utilisation du Fonds européen de développement, principal instrument financier de la coopération de l'Union européenne avec les pays ACP.
Réponse publiée le 22 février 2005
Le ministère des affaires étrangères a pris connaissance de l'initiative ACP Numérique et partage l'avis de ses fondateurs sur l'importance des nouvelles technologies de l'information et de la communication pour l'Afrique et son développement économique et social. Cette problématique de l'accès aux technologies de l'information et de la communication pour les pays d'Afrique subsaharienne est au coeur de l'action conduite par le ministère des affaires étrangères qui, depuis plus de cinq ans, s'est engagé à insérer le monde en développement dans la société de l'information. Il a ainsi activement contribué au niveau international, via sa participation au groupe GEANT (groupe d'experts sur l'accès aux nouvelles technologies) du G 8 et au sommet mondial sur la société de l'information, à l'émergence d'un consensus international sur cette problématique et à la définition des principaux axes d'actions nécessaires. À ce titre, la direction générale de la coopération internationale et du développement intervient à la fois en soutien à l'offre (les contenus, services et applications), à la demande (la capacité des utilisateurs à se connecter) et à l'interface qui les réunit (une politique nationale, le cadre juridique), tout en créant les conditions favorables à une appropriation durable de ces technologies (la formation). Parmi les actions pilotes déjà conduites dans ce but par le ministère des affaires étrangères, on peut citer : le soutien à la connexion des universités en Afrique, plus particulièrement à Madagascar et au Cameroun, un programme d'intégration de la recherche africaine au sein des réseaux internationaux (4 millions d'euros pour les trois années à venir), un programme d'appui au désenclavement numérique visant à soutenir la mise en place de plus de soixante points d'accès publics à internet dans des zones enclavées de treize pays d'Afrique sub-saharienne (6 millions d'euros pour les trois années à venir), le soutien financier aux programmes menés par les opérateurs de l'Organisation internationale de la francophonie, en particulier l'Agence intergouvernementale de la francophonie et l'Agence universitaire de la francophonie. Il n'en demeure pas moins que, s'agissant de l'accès et des infrastructures - et ce particulièrement en Afrique subsaharienne -, un investissement important demande à être réalisé (mise à niveau et déploiement). Cette préoccupation a été rappelée par le Premier ministre lors du sommet mondial sur la société de l'information, en décembre dernier à Genève. De même, l'harmonisation et la modernisation des cadres juridiques et réglementaires des télécommunications est un préalable essentiel au développement de la société de l'information. Le sommet de la francophonie qui s'est déroulé les 26 et 27 novembre 2004 à Ouagadougou a d'ailleurs réaffirmé l'engagement de la francophonie en ce domaine. Le ministère soutiendra ces efforts de modernisation du cadre réglementaire des télécommunications, qui n'auront de pertinence que s'ils sont coordonnés au niveau régional et s'appuient sur la dynamique créée par le sommet mondial pour la société de l'information. Enfin, la préparation de la seconde phase de ce sommet, qui se déroulera à Tunis en novembre 2005, sera l'occasion pour le ministère de définir d'autres projets, en particulier dans le domaine du soutien à la mise en place de points d'échanges internet favorisant l'interconnexion des réseaux nationaux et régionaux. À cette fin, la réflexion se poursuit au niveau national comme au niveau international, impliquant, pour ce qui concerne la France, autant le ministère que l'Agence française de développement, pour ce qui relève des infrastructures, et d'autres acteurs, publics, associatifs comme privés. ACP Numérique a d'ores et déjà été associée à cette démarche.
Auteur : M. Bruno Le Roux
Type de question : Question écrite
Rubrique : Politique extérieure
Ministère interrogé : coopération
Ministère répondant : coopération
Dates :
Question publiée le 5 octobre 2004
Réponse publiée le 22 février 2005