États-Unis
Question de :
Mme Marie-Jo Zimmermann
Moselle (3e circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire
Mme Marie-Jo Zimmermann attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur le fait que les ressortissants français détenus en toute illégalité par les États-Unis sur la base de Guantanamo ont été l'objet de traitements dégradants et contraires à la convention de Genève. La France s'en est, semble-t-il, elle-même inquiétée. Or ces détenus ont été transférés en France et sont l'objet d'une enquête. Selon leurs propos, il semblerait que pendant leur détention à Guantanamo, trois de leurs interrogatoires aient été conduits en présence d'enquêteurs du contre-espionnage français se présentant comme des représentants du ministère des affaires étrangères ou de l'intérieur. Bien entendu, ils ne peuvent apporter aucune précision détaillée sur leur titre exact. Par contre, il semblerait bien qu'il se soit agi de personnes clairement missionnées, à un titre ou à un autre, par les pouvoirs publics français. La France étant signataire de la convention de Genève et de la convention européenne des droits de l'homme, elle souhaiterait qu'il lui indique s'il ne pense pas que le simple fait de cautionner les conditions illégales de détention à Guantanamo en participant ou en assistant aux interrogatoires n'est pas une violation des droits de l'homme.
Réponse publiée le 25 janvier 2005
Trois missions conduites par le ministère des affaires étrangères se sont rendues à Guantanamo en janvier et mars 2002 ainsi qu'en janvier 2004. Ces missions ont permis d'identifier sept détenus français parmi les prisonniers (deux en janvier 2002, quatre en mars 2002, et un en janvier 2004). Les autorités américaines en ont été aussitôt informées. La France a demandé dès janvier 2002 aux États-Unis que les prisonniers à Guantanamo bénéficient, quels que soient leur statut et leur nationalité, de toutes les garanties reconnues par le droit international, en particulier en ce qui concerne les conditions de leur détention. Elle a exprimé son opposition à un jugement par des tribunaux d'exception. Elle a demandé que les détenus de nationalité française, au cas où il y aurait matière à les poursuivre, soient jugés en France, où une information judiciaire a été ouverte en novembre 2002 par le parquet de Paris. Elle a en outre engagé en 2002 des actions de coopération judiciaire en matière pénale avec les États-Unis. Depuis l'origine, les contacts à haut niveau ont été mis à profit, chaque fois que cela était possible, pour évoquer avec les autorités américaines la question du statut et de l'avenir judiciaire de nos ressortissants. À la suite d'une proposition du département d'État d'engager des consultations sur le sort de nos détenus, l'ambassadeur itinérant des États-Unis pour les crimes de guerre, M. Pierre-Richard Prosper, a été reçu le 5 mars 2004. Les entretiens qu'il a eus au ministère des affaires étrangères et à la chancellerie ont porté sur les conditions d'un possible retour en France des détenus français. Les discussions bilatérales ont permis d'aboutir au retour d'un premier groupe de quatre détenus le 27 juillet 2004. Nous continuons de mettre tout en oeuvre pour que le retour des trois autres détenus intervienne le plus rapidement possible, sans qu'il soit possible de se prononcer sur les délais.
Auteur : Mme Marie-Jo Zimmermann
Type de question : Question écrite
Rubrique : Politique extérieure
Ministère interrogé : affaires étrangères
Ministère répondant : affaires étrangères
Dates :
Question publiée le 12 octobre 2004
Réponse publiée le 25 janvier 2005