feux de croisement
Question de :
Mme Odile Saugues
Puy-de-Dôme (1re circonscription) - Socialiste
Mme Odile Saugues attire l'attention de M. le secrétaire d'État aux transports et à la mer sur l'invitation faite aux usagers d'allumer leurs feux de croisement quand ils circulent de jour, hors agglomération. En effet, la France a rallié, à titre expérimental, le 31 octobre 2004 la liste des pays qui usent de cette pratique. Les chiffres du ministère des transports annoncent, grâce à cette mesure, une diminution entre 5 et 8 % du nombre de tués et entre 3 et 13 % celui des blessés sur les routes. Bien que considéré comme un effort en faveur de la sécurité routière, nos concitoyens s'interrogent sur les réelles motivations de sa mise en oeuvre et les critiques abondent. Ainsi, les motards, qui ont obligation depuis 1975 d'allumer leurs feux, craignent de ne plus être reconnaissables parmi d'autres véhicules. Les automobilistes dénoncent le paradoxe de cette politique avec celle de la limitation des émissions de gaz à effet de serre ; l'allumage des feux entraînant l'accroissement du carburant, estimé à environ 550 000 tonnes par an, un surcoût pour l'automobiliste et par là même une rentrée de 650 millions d'euros au budget de l'Etat via la TIPP et la TVA. Dans ces conditions, elle lui demande de lui préciser les motivations de cette politique eu égard à l'expérience menée dans le département des Landes, depuis juin 1999, qui n'est pas probante, le rapport officiel de l'Institut national de recherche sur les transports et leur sécurité soulignant l'impossibilité d'en tirer des conclusions viables. - Question transmise à M. le ministre de l'équipement, des transports, de l'aménagement du territoire, du tourisme et de la mer.
Réponse publiée le 15 février 2005
L'allumage de feux spécifiques, dédiés à la circulation de jour, est obligatoire au Canada depuis de plus de quinze ans et celui des feux de croisement dans de nombreux pays d'Europe, tels la Finlande, la Suède, la Norvège, le Danemark, la Hongrie, la Pologne, la Slovénie et depuis peu l'Italie hors agglomération. Ce sujet a fait l'objet de nombreuses études et publications, notamment à la demande de la Commission européenne, et d'un consensus général des experts sur l'efficacité de cette mesure : ceux de l'Institut national de recherche sur les transports et leur sécurité ont ainsi approuvé l'expérience menée dans le département des Landes. En adoptant l'allumage des feux de croisement le jour, la France pourrait diminuer de 5 % à 8 % le nombre de tués et de 3 % à 13 % celui des blessés sur la route. Les feux de croisement allumés en permanence facilitent la détection et l'identification des véhicules et permettent ainsi dans un certain nombre de cas, comme par exemple les manoeuvres de tourne-à-gauche sur les routes bi-directionnelles, d'éviter l'accident ou d'en réduire la gravité. Le caractère bénéfique de cette mesure fait l'objet de controverses pour les usagers vulnérables, tels les motocyclistes, les cyclistes et les piétons, qui craignent de ne plus être distingués, pour les premiers, ou vus, pour les autres, par les automobilistes. Les études disponibles ont conclu à des effets positifs, y compris pour ces catégories d'usagers. Les motocyclistes, qui bénéficient seuls de cette mesure depuis plus de vingt ans, continueront d'être vus par les autres usagers de la route. De plus, la généralisation de cette mesure est de nature à améliorer leur sécurité en leur permettant de mieux voir les autres usagers de laroute et ainsi de mieux anticiper leurs manoeuvres, notamment aux intersections. Les cyclistes seront également mieux vus, cet éclairage supplémentaire augmentant la rétro-réflexion des nombreux catadioptres dont les cycles doivent obligatoirement être équipés (à l'avant, à l'arrière, sur les cotés et sur les pédales), en application des dispositions des articles R. 313-18 à R. 313-20 du code de la route. Ils verront également mieux les autres usagers de la route et pourront également mieux anticiper leurs réactions. La visibilité de l'ensemble de ces usagers vulnérables pourra encore être renforcée si ceux-ci s'équipent de dispositifs rétro-réfléchissants, tels que brassards ou gilets, ou de vêtements comportant de tels dispositifs, dont l'usage est déjà conseillé par les fédérations, associations et pouvoirs publics. L'allumage des feux de croisement entraîne une consommation d'électricité qui se traduit par une augmentation de 0,5 % à 1 % de la consommation de carburant et des émissions de CO² du véhicule. Les émissions des autres polluants ne sont pas affectées si le véhicule est catalysé. La réduction des vitesses et le gonflage des pneus à la pression préconisée par le constructeur permettent de compenser largement l'augmentation de la consommation de carburant liée à l'utilisation des feux de croisement. Une évaluation précise sera mise en place tout au long et à l'issue de cette expérimentation afin de préciser l'opportunité de poursuivre ou d'abandonner cette mesure.
Auteur : Mme Odile Saugues
Type de question : Question écrite
Rubrique : Sécurité routière
Ministère interrogé : transports et mer
Ministère répondant : équipement
Dates :
Question publiée le 7 décembre 2004
Réponse publiée le 15 février 2005