Question écrite n° 67230 :
convention sur les armes classiques produisant des effets traumatiques

12e Législature

Question de : M. Jean-Pierre Giran
Var (3e circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire

M. Jean-Pierre Giran attire l'attention de Mme la ministre de la défense sur la production et la vente des bombes à sous-munitions. En effet, ces armes utilisées lors des conflits du Kosovo, d'Afghanistan et d'Irak se révèlent extrêmement dangereuses puisque, lorsqu'elles n'explosent pas à l'impact, elles se transforment en véritables mines antipersonnel de véritables hécatombes parmi les populations civiles bien après la fin des combats. Or, selon les règles du droit international humanitaire, les opérations menées pendant les guerres ne doivent jamais viser intentionnellement les populations civiles. Les moyens employés doivent être utilisés de façon discriminante, c'est-à-dire en distinguant les civils des cibles militaires, et non disproportionnés par rapport aux menaces identifiées. Bien que le danger humanitaire des sous-munitions soit largement reconnu, aucune réglementation n'a été mise en place. C'est pourquoi il lui demande de bien vouloir lui indiquer les mesures qu'elle compte engager afin d'interdire la production, la vente et l'utilisation des sous-munitions tant au niveau national qu'international.

Réponse publiée le 26 juillet 2005

Consciente du danger humanitaire que peut représenter pour les populations civiles l'emploi des armes à sous-munitions, la France se mobilise depuis plusieurs années, tant sur le plan national qu'international, afin d'assumer ses responsabilités et de remplir ses engagements en matière de sécurité, de désarmement et de protection des populations. La France est ainsi partie à la convention d'Ottawa sur l'interdiction totale des mines antipersonnel, au protocole I additionnel de 1977 aux conventions de Genève de 1949, ainsi qu'à la convention de Genève de 1980 sur certaines armes classiques et à l'ensemble de ses protocoles. Elle a par ailleurs participé activement à la négociation du protocole V additionnel à la convention de Genève de 1980, adopté par consensus le 28 novembre 2003, et ouvre actuellement à son entrée en vigueur dans les meilleurs délais. Ce protocole comprend des obligations de dépollution et traite des mesures correctives à prendre à l'issue d'un conflit, afin de réduire les risques et effets liés aux restes explosifs de guerre que sont susceptibles de constituer des munitions ou sous-munitions du fait d'un dysfonctionnement. Il vise ainsi à apporter sur le terrain une solution efficace au problème humanitaire posé par le fléau des restes explosifs de guerre qui continuent, après les hostilités, de menacer les populations civiles dans les zones affectées par les conflits armés. En outre, la France participe activement aux travaux menés dans le cadre de la convention de Genève de 1980 sur les mesures préventives spécifiques, susceptibles d'améliorer la conception de certains types de munitions, notamment les sous-munitions, afin d'empêcher que ces matériels ne deviennent, après la cessation des hostilités, des restes explosifs de guerre. S'agissant précisément des armes à sous-munitions, elles ne sont interdites par aucun instrument juridiquement contraignant ; ces armes n'entrent pas dans le champ d'application et de définition de la convention d'Ottawa et ne peuvent être considérées comme des mines antipersonnel. Elles ne relèvent pas non plus des dispositions de la convention de Genève de 1980 sur certaines armes classiques et de ses protocoles associés. Si ces munitions devaient devenir, du fait d'un dysfonctionnement, des restes explosifs de guerre, elles relèveraient alors, à compter de son entrée en vigueur, du protocole V additionnel à la convention de Genève de 1980 précité. Comme pour l'ensemble de ses autres armes, la France veille, avec la plus grande attention, à utiliser les armes à sous-munitions pendant les hostilités dans le respect des principes fondamentaux du droit humanitaire international, notamment l'interdiction des maux superflus et les principes de discrimination et de précaution dans l'attaque, dont découle l'attention constante de réduire au maximum les dommages collatéraux. Forte de cette préoccupation, la France défend pleinement le principe d'une limitation de l'emploi des armes à sous-munitions aux seuls objectifs militaires, tout en réduisant la période d'activité de ces armes à la durée du conflit. Forte de ses engagements et de ses résultats reconnus en la matière, la France entend poursuivre son action continue et dynamique en faveur de l'amélioration du droit humanitaire international. Pour autant, elle ne considère pas que cette action nécessite une interdiction complète de la production, de l'utilisation et des transferts des bombes à sous-munitions, armes légales dont la possession demeure à ce jour indispensable pour nos armées. En conséquence, la France n'envisage pas de donner suite à l'appel du Parlement européen appelant à un moratoire immédiat sur l'usage, le stockage, la production, le transfert et l'exportation des armes de dispersion à travers une résolution adoptée en octobre 2004.

Données clés

Auteur : M. Jean-Pierre Giran

Type de question : Question écrite

Rubrique : Traités et conventions

Ministère interrogé : défense

Ministère répondant : défense

Dates :
Question publiée le 14 juin 2005
Réponse publiée le 26 juillet 2005

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