Question écrite n° 84051 :
transport de marchandises

12e Législature

Question de : M. Michel Raison
Haute-Saône (3e circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire

M. Michel Raison appelle l'attention de M. le ministre des transports, de l'équipement, du tourisme et de la mer sur l'application de l'article 10 de la loi n° 98-69 du 6 février 1998. En modifiant l'article L. 132-8 du code de commerce, la loi de février 1998 prévoit que la lettre de voiture établie pour effectuer un transport routier a valeur de contrat pour toutes les parties concernées par l'opération. Sur cette base, le transporteur voiturier peut demander le paiement de ses prestations à toutes les parties, y compris l'expéditeur et le destinataire de la marchandise, dans le cas où son cocontractant direct ne l'a pas rémunéré. La partie, expéditeur ou destinataire, qui a déjà payé le commissionnaire de transport ou le transporteur principal défaillant, devra donc payer l'entreprise qui a exécuté la prestation de transport, sans qu'elle puisse en être dispensée par sa bonne foi envers son cocontractant direct. Ce mécanisme est appelé le double paiement. Le ministère a annoncé récemment qu'un bilan de l'application de l'article L. 132-8 du code de commerce était effectué par un organisme spécialisé. Aussi il lui demande dans quels délais les conclusions de cet organisme seront disponibles et, le cas échéant, quelles modifications le Gouvernement envisage d'apporter au mécanisme actuel du double paiement.

Réponse publiée le 2 mai 2006

Les dispositions de la loi n° 98-69 du 6 février 1998 permettent au transporteur, en cas d'insolvabilité de son donneur d'ordre, de diriger sa demande en paiement vers les autres parties au contrat de transport, c'est-à-dire l'expéditeur ou le destinataire. Sept ans après l'extension de l'action directe en paiement au secteur du transport routier, l'évaluation de son impact était nécessaire. Cette évaluation, réalisée auprès des entreprises de transport, des chargeurs, des commissionnaires de transport et des personnes qualifiées telles que des juristes, des experts, ainsi qu'auprès des représentants des organisations professionnelles du secteur, vient d'être achevée. Il en ressort les points suivants : l'action directe en paiement est une procédure que les professionnels se sont approprié et qu'ils utilisent en cas de difficultés ; ce sont majoritairement les transporteurs qui utilisent cette procédure (85 %). Les commissionnaires de transport l'utilisent également, mais dans des proportions beaucoup plus faibles (14 %) ; le dispositif de l'action directe en paiement est efficace. Il permet de recouvrer le montant de la dette dans une affaire sur deux avant l'engagement de la phase judiciaire ; le dispositif a eu un impact très positif sur la santé financière des entreprises. Le taux de recouvrement moyen, toutes entreprises confondues, oscille entre 77 et 92 % des montants dus ; les chargeurs ne rejettent pas le dispositif qui permet aux transporteurs de recouvrer leurs créances. Ils déplorent le fait d'être parfois contraints de payer deux fois le prix du transport et dénoncent la remise en cause, par le mécanisme de l'action directe, des termes de vente convenus avec leurs partenaires commerciaux. L'étude fait également ressortir une évolution des pratiques des opérateurs. Les chargeurs, sensibilisés au risque de défaillance de leurs prestataires transporteurs, ont tendance à être plus sélectifs dans le choix de leurs partenaires. Des procédures de paiement des sous-traitants sont mises parfois en place. Des transporteurs déclarent apporter davantage d'attention au choix de leurs clients et tentent de privilégier le travail en direct. Les affréteurs, commissionnaires ou transporteurs affréteurs, accordent une meilleure attention au paiement de leurs transporteurs afin d'éviter les actions directes contre leur clientèle. Dans ces conditions, l'étude conclut qu'il n'apparaît pas approprié de revenir sur la mesure adoptée en 1998. Ses conclusions seront discutées avec les partenaires de la chaîne des transports afin de recueillir leurs appréciations.

Données clés

Auteur : M. Michel Raison

Type de question : Question écrite

Rubrique : Transports routiers

Ministère interrogé : transports, équipement, tourisme et mer

Ministère répondant : transports, équipement, tourisme et mer

Dates :
Question publiée le 24 janvier 2006
Réponse publiée le 2 mai 2006

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