mutuelles
Question de :
M. Michel Vergnier
Creuse (1re circonscription) - Socialiste
M. Michel Vergnier attire l'attention de M. le ministre de la fonction publique sur la remise en cause par le Conseil d'État et la Commission européenne des aides financières versées aux mutuelles de la fonction publique sur la base de l'arrêté dit Chazelle de 1962. Depuis cette date, l'État intervient en faveur des agents adhérents des mutuelles de la fonction publique par des aides. Or, dans un arrêt du 26 septembre 2005, le Conseil d'État appelle à l'abrogation sous six mois de l'arrêté Chazelle. De son côté, la Commission européenne a demandé le 20 juillet 2005 à la France de supprimer des aides qu'elle considère comme contraires à la libre concurrence. Considérant que certaines questions ne doivent pas être soumises aux seules lois du marché et que la protection sociale des agents de la fonction publique n'est pas particulièrement privilégiée par rapport à la situation du secteur privé, les cinq principales organisations syndicales de fonctionnaires représentant 95 % des organisations de la fonction publique s'inquiètent quant à l'avenir des mutuelles de la fonction publique. En effet, celles-ci permettent une réelle solidarité intergénérationnelle et une gestion saine. Il désirerait dès lors connaître la position du Gouvernement sur cette question ainsi que les suites qu'il compte donner aux injonctions conjointes de la jurisprudence administrative et de la Commission européenne.
Réponse publiée le 9 mai 2006
En ce qui concerne le secteur public, aucune disposition dans le statut général des fonctionnaires ne prévoit que l'État participe à la protection sociale complémentaire de ses agents. L'article 20 du titre Ier de ce statut énumère limitativement les éléments de rémunération susceptibles d'être versés aux fonctionnaires. Les fonctionnaires bénéficient, dans ce cadre, d'éléments de rémunérations spécifiques, indemnité de résidence et supplément familial. L'État employeur participe toutefois à la protection complémentaire à travers les aides qu'il apporte aux mutuelles, telles que les subventions directes, les mises à disposition de personnels et de locaux. Le fondement juridique de ces aides se situe à l'article R. 523-2 de l'ancien code de la mutualité et dans un arrêté du 19 septembre 1962. L'article R. 523-2 précité prévoyait que « l'État peut accorder aux mutuelles constituées entre les fonctionnaires, agents et employés de l'État et les établissements publics nationaux des subventions destinées notamment à développer leur action sociale et, dans les conditions fixées par arrêté du ministre chargé de la mutualité et du ministre chargé des finances, à participer à la couverture des risques sociaux assurés par ces mutuelles ». L'arrêté du 19 septembre 1962 prévoyait notamment que les mutuelles des agents de l'État et des établissements nationaux peuvent recevoir une subvention dont le maximum est de 25 % des cotisations, sans pouvoir excéder le tiers des charges entraînées par le service des prestations. Ces crédits sont prélevés sur les chapitres 33-92 (action sociale) des différents ministères. D'après le rapport Bernard Brunhes Consultants, ces aides s'élèveraient à 5 % en moyenne du montant des cotisations. Ce chiffre, qui tient compte des aides indirectes apportées par l'État au fonctionnement des mutuelles au travers notamment des mises à disposition de personnels et de locaux, doit faire l'objet d'une vérification. Le cadre de mise en oeuvre de la complémentaire santé des fonctionnaires nécessite d'être examiné sur le plan juridique. La Commission européenne a demandé en juillet 2005 à la France de revoir le dispositif juridique dans lequel exercent les mutuelles et les conditions dans lesquelles elles peuvent recevoir des subventions. Suite à un recours d'une mutuelle, et de façon indépendante à l'action de la Commission européenne, le Conseil d'État a, en septembre 2005, remis en cause l'arrêté du 19 septembre 1962 qui permet aux ministères d'apporter des aides aux mutuelles de fonctionnaires. Dans ce cadre, afin d'avoir une connaissance précise de l'existant, le Gouvernement a souhaité tout d'abord disposer d'un état exhaustif des moyens que l'État consacre aux mutuelles de la fonction publique. À cet effet, une enquête a été effectuée auprès de chaque département ministériel. Une mission d'audit a été ensuite confiée conjointement à l'inspection générale des finances et à l'inspection générale des affaires sociales pour examiner la situation de ces mutuelles et proposer des solutions. Enfin, un groupe de travail a été mis en place le 8 février 2006, avec les partenaires sociaux pour assurer la concertation sur les principes d'action de l'État en matière de prestation santé de ses agents. À partir de ces principes, un nouveau cadre juridique sera défini et mis en oeuvre avant la fin de 2006.
Auteur : M. Michel Vergnier
Type de question : Question écrite
Rubrique : Économie sociale
Ministère interrogé : fonction publique
Ministère répondant : fonction publique
Dates :
Question publiée le 28 mars 2006
Réponse publiée le 9 mai 2006