Question écrite n° 90843 :
mutuelles

12e Législature

Question de : M. Kléber Mesquida
Hérault (5e circonscription) - Socialiste

M. Kléber Mesquida souhaite attirer l'attention de M. le ministre de la fonction publique en ce qui concerne l'arrêté « Chazelle » de 1962, qui remet aujourd'hui en cause les aides financières en faveur des agents adhérents des mutuelles de le fonction publique. Le Conseil d'État, dans un arrêt du 26 septembre 2005 enjoint l'État d'abroger dans un délai de six mois l'arrêté « Chazelle », et la Commission européenne demande à la France de supprimer les aides actuelles aux mutuelles de fonctionnaires. Cela dans le contexte de transfert massif des charges de la sécurité sociale vers les complémentaires. Interpellé par la MGET (Mutuelle générale de l'équipement et des territoires), il apparaît que cette abrogation va être lourde de conséquences. Au moment propice, devant la Commission européenne et le Conseil d'État, le Gouvernement ne semble pas avoir pris de position, en matière d'aides publique versées aux mutuelles, permettant de protéger les fonctionnaires. Il faut rappeler que le volet « complémentaire santé et prévoyance » était resté absent des négociations avec les organisations syndicales. Ainsi, l'outil de solidarité intergénérationnelle construit depuis plus de soixante ans, à travers les prestations et les cotisations des mutuelles de la fonction publique, est méprisé. Aussi, il lui demande quelles mesures il compte prendre pour que la MGET, au même titre que les autres mutuelles de la fonction publique, puisse jouer son rôle d'accompagnateur social et obtienne le légitime soutien financier et humain pérenne.

Réponse publiée le 6 juin 2006

En ce qui concerne le secteur public, aucune disposition dans le statut général des fonctionnaires ne prévoit que l'État participe à la protection sociale complémentaire de ses agents. L'article 20 du titre 1er de ce statut énumère limitativement les éléments de rémunération susceptibles d'être versés aux fonctionnaires. Les fonctionnaires bénéficient, dans ce cadre, d'éléments de rémunérations spécifiques, indemnité de résidence et supplément familial. L'État employeur participe toutefois à la protection complémentaire à travers les aides qu'il apporte aux mutuelles, telles que les subventions directes, les mises à disposition de personnels et de locaux. Le fondement juridique de ces aides se situe à l'article R. 523-2 de l'ancien code de la mutualité et dans un arrêté du 19 septembre 1962. L'article R. 523-2 précité prévoyait que « l'État peut accorder aux mutuelles constituées entre les fonctionnaires, agents et employés de l'État et les établissements publics nationaux des subventions destinées notamment à développer leur action sociale et, dans les conditions fixées par arrêté du ministre chargé de la mutualité et du ministre chargé des finances, à participer à la couverture des risques sociaux assurés par ces mutuelles ». L'arrêté du 19 septembre 1962 prévoyait notamment que les mutuelles des agents de l'État et des établissements nationaux peuvent recevoir une subvention dont le maximum est de 25 % des cotisations, sans pouvoir excéder le tiers des charges entraînées par le service des prestations. Ces crédits sont prélevés sur les chapitres 33-92 (action sociale) des différents ministères. D'après le rapport Bernard Brunhes Consultants, ces aides s'élèveraient à 5 % en moyenne du montant des cotisations. Ce chiffre, qui tient compte des aides indirectes apportées par l'État au fonctionnement des mutuelles au travers, notamment, des mises à disposition de personnels et de locaux, doit faire l'objet d'une vérification. Le cadre de mise en oeuvre de la complémentaire santé des fonctionnaires nécessite d'être examiné sur le plan juridique. La Commission européenne a demandé en juillet 2005 à la France de revoir le dispositif juridique dans lequel exercent les mutuelles et les conditions dans lesquelles elles peuvent recevoir des subventions. Suite à un recours d'une mutuelle, et de façon indépendante à l'action de la Commission européenne, le Conseil d'État a, en septembre 2005, remis en cause l'arrêté du 19 septembre 1962 qui permet aux ministères d'apporter des aides aux mutuelles de fonctionnaires. Dans ce cadre, afin d'avoir une connaissance précise de l'existant, le Gouvernement a souhaité tout d'abord disposer d'un état exhaustif des moyens que l'État consacre aux mutuelles de la fonction publique. À cet effet, une enquête a été effectuée auprès de chaque département ministériel. Une mission d'audit a été ensuite confiée conjointement à l'inspection générale des finances et l'inspection générale des affaires sociales pour examiner la situation de ces mutuelles et proposer des solutions. Enfin, un groupe de travail a été mis en place le 8 février 2006 avec les partenaires sociaux pour assurer la concertation sur les principes d'action de l'État en matière de prestation santé de ses agents. À partir de ces principes, un nouveau cadre juridique sera défini et mis en oeuvre avant la fin de 2006.

Données clés

Auteur : M. Kléber Mesquida

Type de question : Question écrite

Rubrique : Économie sociale

Ministère interrogé : fonction publique

Ministère répondant : fonction publique

Dates :
Question publiée le 4 avril 2006
Réponse publiée le 6 juin 2006

partager