POM : Polynésie française
Question de :
M. René Dosière
Aisne (1re circonscription) - Socialiste
Question posée en séance, et publiée le 26 mai 2004
POLYNÉSIE FRANÇAISE
M. le président. La parole est à M. René Dosière, pour le groupe socialiste.M. René Dosière. Ma question s'adresse à Mme la ministre de l'outre-mer.
M. Michel Delebarre. Aïe, aïe, aïe !
M. René Dosière. Madame la ministre, en janvier dernier, votre majorité a voté - à la hussarde - un nouveau statut concernant la Polynésie française.
M. Bernard Roman. Eh oui !
M. René Dosière. Élaboré à l'Élysée avec votre soutien, ce statut comportait un nouveau mode de scrutin à un tour, avec une prime majoritaire de 30 % à la liste arrivée en tête. Après la débâcle des élections régionales et la défaite en Guadeloupe de Mme Michaux-Chevry, battue par notre ami socialiste Victorin Lurel, la première décision du nouveau gouvernement Raffarin a consisté à dissoudre précipitamment l'assemblée de Polynésie, à la demande de Gaston Flosse.
M. Jean Glavany. Cela peut surprendre !
M. René Dosière. Entre-temps, vous avez complété votre bilan à la tête de ce ministère par la défaite de Jacques Lafleur aux élections provinciales de Nouvelle-Calédonie,...
M. Julien Dray. Mais c'est très bien, cela ! Il faut la garder !
M. René Dosière. ...et dimanche dernier, en Polynésie, c'est Gaston Flosse, l'ami de Jacques Chirac, votre ami, qui a été mis en minorité.
M. Jacques Floch. Bravo !
M. René Dosière. En n'obtenant que 28 sièges contre 29 pour les oppositions, il se retrouve victime du mode de scrutin qu'il avait lui-même inventé. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)
La victoire d'Oscar Temaru à la tête d'une liste d'union soutenue par le Parti socialiste constitue un événement historique que notre groupe tient à saluer dans cet hémicycle. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.) Cette défaite annonce la fin d'un système néocolonial basé sur le clientélisme et la corruption : le système Chirac.
M. Jean Marsaudon. C'est scandaleux !
M. René Dosière. Contrairement à ce que laissent à croire les fantasmes de vos amis, le vote intervenu ne porte pas sur l'indépendance de la Polynésie. Oscar Temaru a été très clair à ce sujet. En soulignant dans vos premiers commentaires, madame la ministre, que le Tahoeraa demeurait le parti le plus important, vous oubliez de dire qu'il est minoritaire en voix puisque ses adversaires obtiennent 54 % des suffrages exprimés !
Ma question est donc simple : reconnaissez-vous devant la représentation nationale la légitimité de la nouvelle majorité conduite par Oscar Temaru,...
M. Éric Raoult. Indépendantiste !
M. René Dosière. ... élue pour cinq ans avec un mode de scrutin que vous avez vous-même institué ? Êtes-vous prête à coopérer loyalement avec elle ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)
M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'outre-mer.
Mme Brigitte Girardin, ministre de l'outre-mer. Vos propos, monsieur Dosière, éclaireront à n'en pas douter la représentation nationale sur la réalité de la politique socialiste outre-mer (Rires sur les bancs du groupe socialiste), politique de démembrement de la République. (Exclamations sur les mêmes bancs.) Votre satisfaction devant la victoire, encore très incertaine, et je conteste vos chiffres, (Mêmes mouvements)...
M. le président. Écoutez au moins la réponse !
Mme la ministre de l'outre-mer. ...de M. Temaru est à cet égard éloquente.
Cela dit, je n'en suis guère étonnée : hier déjà, lorsque M. Hollande a annoncé que les quatre régions d'outre-mer avaient basculé à gauche, j'ai été assez stupéfaite en entendant le Parti socialiste s'annexer la victoire, à la Martinique, d'un élu indépendantiste... Mais finalement, tout cela est cohérent, puisque vous vous félicitez de la victoire d'un parti indépendantiste (Vives exclamations sur les bancs du groupe socialiste. - Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire) avec lequel vous avez signé un accord, le 20 mai dernier, qui prévoit l'accession à la pleine souveraineté de la Polynésie française - avec, j'imagine, la totale indépendance financière !
M. Jean Glavany. Parlez-nous de ce que vous faites, vous !
Mme la ministre de l'outre-mer. Monsieur Dosière, votre discours à géométrie variable sur la Polynésie française ne dupe personne. Pendant des mois, vous nous avez expliqué que nous avions préparé un statut de convenance personnelle pour assurer l'élection triomphale de M. Flosse ; si tel avait été le cas, vous ne seriez pas en train de vous réjouir aujourd'hui. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.) Du reste, ne vous réjouissez pas trop vite : le processus électoral est loin d'être terminé. (Mêmes mouvements.)
En revanche, ce qui n'est pas à géométrie variable, c'est bien la politique socialiste d'abandon et de largage de l'outre-mer. (Vives exclamations sur les bancs du groupe socialiste. - Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Car je constate que ces deux millions et demi de Français, vous n'avez qu'une idée en tête : vous en débarrasser, car vous les considérez comme une charge. Ce n'est pas notre conception de la République et je ne pense pas que ce soit le souhait de l'immense majorité de nos compatriotes d'outre-mer. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire. - Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
M. Julien Dray. Il ne vous reste rien, vous avez tout perdu !
Mme Martine David. Mauvaise perdante !
M. le président. Allons, cela suffit ! Nous passons à un autre sujet.
Auteur : M. René Dosière
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Outre-mer
Ministère interrogé : outre-mer
Ministère répondant : outre-mer
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 26 mai 2004