lutte contre la faim
Question de :
M. Jean-Paul Dupré
Aude (3e circonscription) - Socialiste, radical, citoyen et divers gauche
M. Jean-Paul Dupré s'adresse à M. le ministre des affaires étrangères et européennes pour souligner qu'au printemps 2008, de nombreux pays ont été secoués par des émeutes de la faim, en particulier sur le continent africain. L'envolée des prix des denrées de base, amplifiée par un phénomène de spéculation financière et conjuguée à l'augmentation des prix du pétrole, a plongé dans la détresse 850 millions d'êtres humains menacés par la faim. Cette situation dramatique a notamment révélé au monde la nécessité de définir une nouvelle politique agricole mondiale. Comme le demande la FAO, celle-ci doit passer en particulier par le développement des agricultures vivrières des pays les plus pauvres pour qu'ils puissent au plus vite parvenir à l'autosuffisance alimentaire. L'enjeu est essentiel. Il lui demande donc quelles actions a engagé ou compte engager dans cette optique la France, notamment dans le cadre de sa présidence de l'Union européenne.
Réponse publiée le 14 octobre 2008
La France a immédiatement réagi à la situation d'insécurité, alimentaire actuelle en décidant de doubler son enveloppe d'aide alimentaire) destinée au PAM, à la FAO, aux ONG et aux États. C'est ce qui a été fait en tenant compte des besoins spécifiques - en particulier budgétaires - des États. Mais comme le signale l'honorable parlementaire, il s'agit aussi de redynamiser lest, agricultures des pays qui sont les plus vulnérables parce que dépendants des marchés internationaux. C'est pour cela que nous attachons une attention particulière aux politiques agricoles, en particulier régionales, qui visent à stimuler la production alimentaire et génèrent des revenus pour les plus faibles, celles qui s'adressent aux exploitations familiales. Notre contribution au développement agricole et à la sécurité alimentaire en Afrique sera accrue. Elle sera d'un milliard sur trois ans. La question de la sécurité alimentaire doit être abordée de façon globale. Lors de la Conférence à haut niveau organisée par la FAO les 3 au 5 juin 2008 à Rome, la communauté internationale a réaffirmé son engagement à lutter contre la faim et à résoudre la crise alimentaire provoquée par la hausse des prix des matières premières agricoles. À cette occasion, le Président de la République a proposé la mise en oeuvre d'un partenariat mondial pour l'alimentation et l'agriculture, construit sur trois piliers : une gouvernance rassemblant tous les acteurs concernés (institutions internationales, États, acteurs non gouvernementaux), un réseau international et indépendant d'experts et de scientifiques et une mobilisation financière au bénéfice de l'agriculture des pays en développement, avec notamment la création d'une facilité internationale pour compléter la palette des outils de l'aide internationale de manière à soutenir l'innovation. Le dernier sommet du G8 a confirmé cet appel à construire un partenariat global assis sur l'implication de tous les acteurs concernés, ainsi que la nécessité d'une expertise scientifique internationale sur la sécurité alimentaire mondiale. Cette initiative trouve de plus en plus d'échos au Sud. Nous saluons la déclaration de Sharm-el-Sheikh par laquelle, l'Union africaine a appelé à un partenariat mondial pour relever les défis de la crise alimentaire dans sa déclaration sur « les défis de la hausse des prix des produits alimentaires et le développement agricole ». L'Union africaine a un rôle moteur à jouer dans ce partenariat en tant que concepteur, qu'acteur et que promoteur de ce partenariat. L'UE et l'UA pourraient ainsi agir de concert lors de la prochaine assemblée générale des Nations unies pour porter ce partenariat mondial et lui permettre d'être pleinement opérationnel au plus vite. Le temps est aujourd'hui venu de passer à l'acte et de donner pleinement corps à ce partenariat. Cc partenariat doit conduire à une dynamisation de l'agriculture africaine. Les échelons national et régional nous paraissent essentiels dans cette dynamique. Nous voulons donc rappeler notre attachement à l'engagement pris par les chefs d'État africains à Maputo en 2003 de consacrer 10 % des budgets nationaux à l'agriculture. L'honorable parlementaire évoque notre responsabilité en tant que présidence de l'Union européenne. Le Conseil européen des 19-20 juin 2008 a examiné la question de la hausse des prix alimentaires et les initiatives de l'Union européenne pour y répondre. L'Union européenne s'est engagée à apporter son soutien aux pays en développement et à jouer pleinement son rôle dans la mise en couvre de la déclaration issue du sommet du 5 juin à Rome. Parmi les mesures, envisagées, la Commission a en particulier proposé la création d'un nouvel instrument à fournir une aide de court et moyen tenue aux pays les plus durement touchés par la crise alimentaire, dit « facilité de réponse rapide à la flambée des prix alimentaires dans les pays en développement ». Cette proposition est en cours de discussion dans les enceintes communautaires.) Elle porterait sur un montant d'un milliard d'euros sur deux ans.
Auteur : M. Jean-Paul Dupré
Type de question : Question écrite
Rubrique : Politique extérieure
Ministère interrogé : Affaires étrangères et européennes
Ministère répondant : Affaires étrangères et européennes
Dates :
Question publiée le 2 septembre 2008
Réponse publiée le 14 octobre 2008