pouvoir d'achat
Question de :
M. Jean-Marc Ayrault
Loire-Atlantique (3e circonscription) - Socialiste, radical, citoyen et divers gauche
Question posée en séance, et publiée le 7 novembre 2007
POUVOIR D'ACHAT
M. le président. La parole est à M. Jean-Marc Ayrault, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.M. Jean-Marc Ayrault. Monsieur le Premier ministre, cela fait six mois aujourd'hui que vous gouvernez,...
Mme Marie-Hélène des Esgaulx. Ça vous embête !
M. Jean-Marc Ayrault. ...et votre promesse de travailler plus pour gagner plus s'est brisée sur le mur de la réalité. Carburants, produits de première nécessité, loyers et dépenses de santé vident tous les jours un peu plus le porte-monnaie des Français.
Vous n'êtes pas responsable, dites-vous, de la flambée des prix du pétrole et des matières premières, mais vous êtes coupable d'imprévoyance ! (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche. - Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) À aucun moment vous n'avez intégré cette inflation que les Français subissent au quotidien depuis des mois.
M. Dominique Dord. Démago !
M. Jean-Marc Ayrault. Vous avez refusé de soutenir le SMIC et de doubler la prime pour l'emploi. Vous avez oublié la négociation paritaire sur les salaires. Vous avez gaspillé 15 milliards d'euros au profit de quelques privilégiés. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche et du groupe de la Gauche démocrate et républicaine. - Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Vous avez construit un système d'heures supplémentaires dont les chefs d'entreprise disent qu'il n'est pas applicable. Voilà le résultat de votre politique depuis six mois !
Dans ce contexte - et, monsieur le Premier ministre, vous en conviendrez avec moi - entendre la ministre de l'économie dire aux Français que, puisque l'essence est chère il faut prendre sa bicyclette...
M. Jacques Desallangre. Si le pain est trop cher, qu'ils mangent de la brioche !
M. Jean-Marc Ayrault. ...est vécu comme de l'indifférence mais aussi de la résignation.
Nous n'acceptons pas ce fatalisme, nous refusons de nous soumettre à ce diktat de l'impuissance. Voilà pourquoi nous proposons à nouveau, comme nous l'avons fait depuis plusieurs mois, nos propres solutions.
M. Michel Herbillon. Les Français n'en veulent pas !
M. Lucien Degauchy. Vous ne faites aucune proposition !
M. le président. Monsieur Degauchy, veuillez vous taire !
M. Jean-Marc Ayrault. Je pense en particulier au rétablissement de la TIPP flottante, au prélèvement exceptionnel sur les compagnies pétrolières pour financer l'investissement dans les transports publics, au rétablissement de la TIPP pour les compagnies aériennes qui en ont été dispensées par votre majorité,...
M. Bernard Deflesselles. Les Français ont tranché !
M. Jean-Marc Ayrault. ...au chèque transports obligatoire pour permettre aux Français de se déplacer, en particulier pour se rendre à leur travail ou suivre des formations.
Nous vous demandons d'organiser une vraie négociation avec les partenaires sociaux sur les salaires.
M. le président. Monsieur Ayrault, veuillez poser votre question !
M. Jean-Marc Ayrault. Monsieur le Premier ministre, en tant que responsable de l'administration de l'État, vous pouvez donner l'exemple.
Nous nous posons la même question que nombre de Français : quand allez-vous prendre vos responsabilités ? Le pouvoir d'achat, c'est votre pouvoir. Quand allez-vous l'exercer ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche et sur plusieurs bancs du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.)
M. le président. Monsieur Ayrault, je demande à chacun de respecter son temps de parole. Sinon, le dernier député inscrit cet après-midi, en l'occurrence un député de votre groupe, ne pourra pas poser sa question.
La parole est à M. le Premier ministre.
M. François Fillon, Premier ministre. J'ai beaucoup de respect pour le président du groupe socialiste et pour le maire de Nantes, que je connais bien, mais répéter cent fois une contrevérité n'en fait pas une vérité ! (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Les mesures qui ont été votées par cette majorité au début de l'été profitent pour l'essentiel aux Français aux revenus modestes...
M. Patrick Roy. Le Gouvernement ment !
M. le Premier ministre. ...qui ont été pénalisés par celles que vous aviez prises en réduisant le temps de travail. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire. - Protestations sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.) Vous êtes largement responsables de la situation de notre pays en termes de pouvoir d'achat. En défiscalisant les heures supplémentaires, on permet aux Français qui en font d'augmenter leur pouvoir d'achat.
M. Jean-Yves Le Bouillonnec. Cela fait cinq ans qu'on a un gouvernement de droite !
M. le Premier ministre. Monsieur le président du groupe socialiste, une politique efficace de soutien au pouvoir d'achat passe par trois priorités.
D'abord, par une politique efficace en matière d'emploi. Nous avons enregistré, au mois de septembre, une baisse spectaculaire de 1,4 % du taux de chômage et nous sommes arrivés au niveau historiquement le plus bas depuis vingt-cinq ans. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Naturellement, beaucoup d'efforts restent encore à accomplir, et nous allons les faire. Mais, sur ce sujet, vous n'avez aucune leçon à donner à personne ! (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Nouveau Centre.)
Ensuite, par une politique de soutien au pouvoir d'achat. Cette politique passe par une politique salariale plus dynamique. Nous avons décidé de moduler les allégements de charges,...
M. Frédéric Cuvillier. En faveur des plus riches !
M. le Premier ministre. ...y compris ceux que vous aviez vous-même décidés pour compenser les 35 heures, en fonction des efforts faits par les entreprises et les branches pour mener cette politique salariale dynamique.
Enfin, le pouvoir d'achat, c'est aussi les prix les plus bas possibles. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.) Et pour les obtenir, il n'y a que deux solutions : la concurrence et la transparence. C'est la raison pour laquelle Luc Chatel présentera à votre assemblée dans quelques jours un projet de loi visant à faire baisser les prix, comme ce fut le cas en 2004 lorsque Nicolas Sarkozy avait engagé cette politique.
Mesdames, messieurs les députés, quelles sont les propositions du parti socialiste pour augmenter le pouvoir d'achat ?
Plusieurs députés du groupe de l'Union pour un mouvement populaire. Ils n'en ont aucune !
M. le Premier ministre. S'agit-il de revenir enfin sur les 35 heures qui ont écrasé les salaires dans notre pays ou, comme le proposait Mme Royal dans son programme, de réhabiliter l'impôt ? (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et sur quelques bancs du groupe Nouveau Centre.)
Auteur : M. Jean-Marc Ayrault
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politique économique
Ministère interrogé : Premier ministre
Ministère répondant : Premier ministre
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 7 novembre 2007