Question au Gouvernement n° 1311 :
Areva

13e Législature

Question de : M. Bernard Cazeneuve
Manche (5e circonscription) - Socialiste, radical, citoyen et divers gauche

Question posée en séance, et publiée le 20 mai 2009

REVENTE DU CAPITAL D'AREVA

M. le président. La parole est à M. Bernard Cazeneuve, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.
M. Bernard Cazeneuve. Monsieur le Premier ministre, hier, en visite à Pierrelatte, vous avez indiqué que le nucléaire civil constituait une chance pour la France, et vous avez eu raison de le dire. Nous avons compris de cette déclaration, d'abord que vous reconnaissiez l'efficacité d'Areva et de sa gestion actuelle. Il est vrai qu'avec 48 milliards d'euros de commandes engrangées, 13 milliards de chiffre d'affaires par an, et près de 600 millions de résultat net, on ne saurait guère remettre en cause l'efficacité de ce groupe. Nous avons compris également que vous n'entendez pas remettre en cause les activités du groupe Areva qui inclut en son sein le nucléaire, l'énergie renouvelable, et une filiale Transmission et Distribution très importante. On avait entendu dire que cette dernière pourrait être vendue à Alstom ; je comprends, avec vos déclarations, que vous ne le ferez pas.
Enfin, à travers ces déclarations, vous reconnaissez la dimension très forte d'Areva comme entreprise publique, le fait que l'on peut avoir un capital public et obtenir de bons résultats. Je comprends donc aussi que vous renoncez à toute privatisation d'Areva et que vous ne remettrez en cause ni de manière directe ni de manière indirecte la structure actuelle du capital d'Areva, ce qui est une bonne chose.
Si votre politique est bien celle que traduit votre déclaration, et qu'elle est donc bonne, je voudrais que vous nous confirmiez - voyez que nous ne sommes pas sectaires - que vous n'en changerez pas, c'est-à-dire que vous ne remettrez en cause ni l'intégrité d'Areva - par conséquent que vous n'organiserez pas son démantèlement - ni la structure publique de son capital, ce qui répondrait utilement aux interrogations des 200 syndicalistes, représentant l'ensemble de l'entreprise, qui sont venus hier nous manifester leur inquiétude.
Par ailleurs, je voudrais dire à Mme la ministre de l'Intérieur que, dans notre assemblée, lorsque des sujets graves sont évoqués, comme cela a été le cas, il est utile de garder son sang-froid ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
M. le président. La parole est à M. François Fillon, Premier ministre.
M. François Fillon, Premier ministre. Areva est un atout maître pour la France, à la fois dans le développement de la filière nucléaire nationale et pour consolider notre place de premier acteur mondial au moment même où de plus en plus de pays se tournent vers l'énergie nucléaire civile, pour des raisons liées à la perspective d'une diminution des ressources pétrolières et par souci de l'environnement. C'est donc avec fierté que j'ai inauguré hier l'usine Georges Besse II, représentant trois milliards d'investissement, et sans doute l'un des plus grands chantiers aujourd'hui en Europe, qui va consolider la place d'Areva dans le domaine de la production de combustible nucléaire civil.
Je tiens à vous dire de nouveau que l'État assumera toutes ses responsabilités à l'égard d'Areva, en tant qu'actionnaire bien sûr, mais surtout en fonction des missions d'intérêt général qui sont les siennes. C'est dans cet esprit que nous avons validé un programme de 2,6 milliards d'euros pour la seule année 2009, au service d'une stratégie industrielle, et de notre objectif de faire d'Areva un grand acteur international.
L'État va accompagner la stratégie financière d'Areva, mais il le fera à l'issue de la revue stratégique que mène en ce moment M. Spinetta, que nous avons nommé à la présidence du conseil de surveillance, avec Mme Lauvergeon, la présidente du directoire. Notre objectif est de faire d'Areva notre champion pour le nucléaire civil dans le monde, de l'extraction d'uranium au retraitement des déchets, naturellement dans le respect des normes les plus élevées de sécurité et dans le respect de l'environnement. Nous allons arrêter dans les prochaines semaines les modalités du financement de cette priorité stratégique.
M. Daniel Paul. C'est là la vraie question.
M. François Fillon, Premier ministre. En tout état de cause, on peut dire dès aujourd'hui que ces modalités de financement nécessiteront qu'Areva se concentre sur son coeur de métier. (Murmures sur les bancs du groupe SRC.) Nous le ferons en restant fidèles à l'héritage du général de Gaulle (Exclamations sur les bancs du groupe SRC), lequel a su faire de la France une puissance scientifique qui maîtrise l'atome et qui, de cette manière, maîtrise aussi son indépendance. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP et sur certains bancs du groupe NC.)

Données clés

Auteur : M. Bernard Cazeneuve

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Énergie et carburants

Ministère interrogé : Premier ministre

Ministère répondant : Premier ministre

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 20 mai 2009

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