Question au Gouvernement n° 1550 :
gouvernement

13e Législature

Question de : Mme Sandrine Mazetier
Paris (8e circonscription) - Socialiste, radical, citoyen et divers gauche

Question posée en séance, et publiée le 16 septembre 2009

ÉTHIQUE ET VALEURS RÉPUBLICAINES

M. le président. La parole est à Mme Sandrine Mazetier, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.
Mme Sandrine Mazetier. Monsieur le Premier ministre, vous avez déclaré cet été, pour justifier l'arrivée de M. de Villiers dans la majorité présidentielle, que tous les républicains y avaient leur place. S'agissant de M. de Villiers, vous avez fait preuve soit de beaucoup d'humour, soit d'une bien étrange conception de la République (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes SRC et GDR - Exclamations sur les bancs du groupe UMP) ; mais le doute était encore permis. Lors de l'université d'été de l'UMP à Seignosse et depuis celle-ci, hélas, vos ministres ont fait assaut de " beauferie " et de poujadisme, illustrant ce qu'est, aujourd'hui, le centre de gravité politique de votre majorité. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
Ainsi le ministre Besson, importuné par une question sur M. de Villiers, s'est permis des gestes obscènes à l'adresse d'une équipe de journalistes. Quant à celui qui fut le premier ministre de l'identité nationale de l'histoire de la Ve République, et qui est aujourd'hui en charge des cultes, il s'est livré à des échanges douteux que ses multiples et diverses explications n'ont fait qu'aggraver. (Vivez exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Quoi qu'il ait dit ou voulu dire, il n'a surtout rien trouvé à redire à ces militants UMP qui l'entouraient et le pressaient de faire une photo avec un jeune homme au motif que celui-ci était catholique, mangeait du cochon et buvait de la bière !
" Quand il y en a un, ça va, c'est quand il y en a plusieurs que ça pose des problèmes ", a-t-on entendu. (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe UMP.) Le doute n'est malheureusement plus permis, monsieur le Premier ministre : c'est bien plus qu'un malentendu qu'il vous faut dissiper. C'est à vous qu'il revient de clarifier les choses, puisque M. Hortefeux, refusant de présenter ses excuses, a seulement exprimé ses " regrets " devant l'émotion suscitée. (Vives exclamations sur plusieurs bancs du groupe UMP.)
Si votre vision de la nation n'est pas celle qui s'est exprimée à Seignosse... (Huées sur les bancs du groupe UMP.)
M. le président. Merci, madame Mazetier.
M. Patrick Ollier. C'est une honte !
Plusieurs députés du groupe de l'Union pour un mouvement populaire. Scandaleux !
M. le président. Mes chers collègues, je vous en prie !
La parole est à M. le ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales.
M. Brice Hortefeux, ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales. Madame la députée, vous avez évoqué les problèmes éthiques liés à certains comportements, et vous vous êtes faite l'écho d'une polémique sur laquelle certains membres de votre groupe se sont exprimés avec pondération et sens des responsabilités.
Hier soir, j'étais invité à un dîner de rupture du jeûne...
Mme Marie-Hélène Amiable. Ça, cela ne vous gêne pas !
M. Brice Hortefeux, ministre de l'intérieur. ...aux côtés des responsables du culte musulman et de toutes les autorités religieuses, ainsi que d'un certain nombre de membres du groupe socialiste du Sénat. À cette occasion, j'ai exprimé mes regrets (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe SRC)...
M. Patrick Bloche. C'étaient des excuses qu'il fallait !
M. Brice Hortefeux, ministre de l'intérieur. ...s'agissant d'une polémique que j'estime violente, injuste et inutile. J'ai regretté qu'en raison d'une interprétation inexacte, certains aient pu être blessés dans leur être et leurs convictions ; j'ai également exprimé mon respect à l'égard de tous ceux qui vivent sur notre sol, quelles que soient leurs convictions et leur religion.
Mais l'éthique, madame la députée, ne s'applique pas seulement aux ministres : elle vaut aussi pour tous les responsables publics, pour tous les responsables des familles politiques, pour tous les élus. N'y voyez aucune agressivité, mais où sont les regrets de celui qui avait traité les harkis de " sous-hommes " ? (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe UMP et sur plusieurs bancs du groupe NC.) Où sont les explications, à l'heure où un livre dénonce des fraudes massives au sein d'une famille politique que vous connaissez bien ? (Mêmes mouvements.) La fraude, n'est-ce pas le contraire de l'éthique ?
L'éthique, madame la députée, ce n'est ni l'attaque ad hominem, ni le lynchage médiatique, ni la vindicte personnelle. Personne, je vous le dis très sereinement, ne me détournera de la mission que m'ont confiée le Président de la République et le Premier ministre : assurer la sécurité et la tranquillité des Français. (De nombreux membres du groupe UMP se lèvent et applaudissent longuement. - Applaudissements sur les bancs du groupe NC. - Exclamations sur plusieurs bancs des groupes SRC et GDR.)
M. Bernard Roman. C'est une honte !

Données clés

Auteur : Mme Sandrine Mazetier

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : État

Ministère interrogé : Intérieur, outre-mer et collectivités territoriales

Ministère répondant : Intérieur, outre-mer et collectivités territoriales

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 16 septembre 2009

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