réforme
Question de :
M. Bernard Debré
Paris (15e circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire
Question posée en séance, et publiée le 20 octobre 2010
RÉFORME DES RETRAITES : MANIPULATION DE LA JEUNESSE
M. le président. La parole est à M. Bernard Debré, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.M. Bernard Debré. Monsieur le président, ma question s'adresse à M. Luc Chatel, porte-parole du Gouvernement.
Monsieur le ministre, les grèves perdurent. Des grévistes expérimentés bloquent les raffineries et les dépôts d'essence. La France souffre. Mais voici que certains lycéens sont dans la rue. Quelles sont leurs motivations, eux qui prendront leur retraite dans cinquante ans (" Et alors ? " sur les bancs des groupes SRC et GDR) alors que la durée de vie, à cette époque, sera de quatre-vingt-dix à cent ans ? Comment se fait-il que les lycéens soient si vieux si jeunes, pendant que la jeunesse du monde entier travaille, participe à cette compétition mondiale, à la guerre économique que se livrent tous les pays ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
M. Jean-Paul Bacquet. C'est ridicule !
M. Bernard Debré. J'ai même entendu que certains demandaient que soient prises en compte dans le calcul de leurs retraites, leurs années d'études au lycée et en faculté !
M. Maxime Gremetz. Eh oui !
M. Bernard Debré. Qui paiera leur retraite si l'État les prend en charge de zéro à vingt-cinq ans, puis de soixante à cent ans ?
Ne sont-ils pas intoxiqués ou peut-être poussés par le parti socialiste en mal de solution et qui joue l'affrontement pour exister ? (Vives protestations sur les bancs du groupe SRC.)
Mme Marylise Lebranchu. C'est n'importe quoi !
M. Bernard Debré. Quand on n'a rien à dire, il est préférable de jouer la diversion.
M. Pierre Gosnat. Et les dinosaures comme vous, qu'est-ce qu'on en fait ?
M. Bernard Debré. J'ai envie de dire à ces jeunes : " Apprenez ! Cultivez-vous ! Inventez l'avenir pour ne pas le subir ! Battez-vous pour être les meilleurs ! Vous faites partie de la jeunesse du monde ! "
M. Julien Dray. Qui lui a écrit son texte ?
M. Bernard Debré. " N'attendez pas que les autres le construisent, vous risqueriez d'être abandonnés sur le bas-côté de l'Histoire ". (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe UMP.)
M. Maxime Gremetz. Pas vous !
M. Bernard Debré. Pendant que les jeunes sont appelés à la manifestation, sans réel motif autre que les slogans des socialistes, des " casseurs " les infiltrent, détruisent et font régner la terreur ! (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
M. Maxime Gremetz. Rendez-nous Debré, le vrai !
M. Bernard Debré. N'assiste-t-on pas à une action concertée entre des jeunes et la gauche pour provoquer le pire ?
Les socialistes ne sont-ils pas les pompiers pyromanes et ne se servent-ils pas des jeunes comme paravent ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP. - Protestations sur les bancs du groupe SRC.) Qu'en pensez-vous, monsieur le ministre ?
M. le président. La parole est à M. Luc Chatel, porte-parole du Gouvernement.
M. Luc Chatel, porte-parole du Gouvernement. Monsieur le député Bernard Debré, dans une période de crise économique comme celle que nous traversons aujourd'hui, le devoir d'un gouvernement, c'est évidemment de préparer l'avenir de sa jeunesse.
M. Jacques Desallangre. Quel avenir ?
M. Luc Chatel, porte-parole du Gouvernement. C'est ce que fait le Gouvernement en investissant comme jamais dans l'université avec, par exemple, le plan campus conduit par Valérie Pécresse.
M. Pierre Gosnat. Avec 25 % de jeunes au chômage !
M. Luc Chatel, porte-parole du Gouvernement. C'est ce que fait le Gouvernement en créant les conditions de l'autonomie pour la jeunesse, en augmentant le montant des bourses ou en créant un dixième mois de bourse. C'est ce que fait également le Gouvernement, monsieur Debré, en consolidant et en sauvegardant notre pacte social entre les générations.
M. Pierre Gosnat. Cela fera 25 % de chômeurs !
M. Luc Chatel, porte-parole du Gouvernement. Je tiens à dire à la représentation nationale que la réforme des retraites, que vous venez d'évoquer, monsieur Debré, concerne, d'abord, la retraite de la jeunesse.
M. Maxime Gremetz. Oh !
M. Luc Chatel, porte-parole du Gouvernement. Nous devons, en effet, empêcher qu'une fois de plus la facture de nos dettes soit envoyée à cette jeunesse. (Exclamations sur les bancs du groupe GDR.) Aujourd'hui, nous sommes, chaque mois, contraints d'emprunter pour payer un million et demi de pensions de retraite. Qui paiera la facture ? La jeunesse de notre pays ! (Exclamations sur les bancs du groupe GDR.) Il est de la responsabilité du Gouvernement de sauvegarder ce système par répartition et de préserver le système de retraite dans notre pays !
Vous avez fait référence, monsieur Debré, à des tentatives de récupération, ici ou là, des mouvements de la jeunesse. (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
M. Jean Glavany. Nous n'avons pas ce pouvoir !
M. Luc Chatel, porte-parole du Gouvernement. L'Histoire est toujours sévère avec les responsables politiques qui manquent de courage politique.
Plusieurs députés du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche. La CADES !
M. Luc Chatel, porte-parole du Gouvernement. L'Histoire ne retiendra pas que, cet après-midi, les responsables politiques - Mme Aubry en tête, pour ce qui concerne le parti socialiste - ont participé aux défilés. Elle retiendra que, sur un sujet aussi important que les retraites, c'est le parti socialiste qui s'est défilé ! (" Bravo ! " et vifs applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.)
Mme Marylise Lebranchu et M. Jean Glavany. Ah oui, bravo !
Auteur : M. Bernard Debré
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Retraites : généralités
Ministère interrogé : Éducation nationale
Ministère répondant : Éducation nationale
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 20 octobre 2010