politique économique
Question de :
M. Nicolas Dupont-Aignan
Essonne (8e circonscription) - Députés n'appartenant à aucun groupe
Question posée en séance, et publiée le 24 novembre 2010
CRISE DE L'EURO
M. le président. La parole est à M. Nicolas Dupont-Aignan au titre des députés non inscrits.M. Nicolas Dupont-Aignan. Madame la ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, ma question concerne la crise irlandaise qui vient après la crise grecque et, sans doute, avant la crise portugaise, la crise espagnole, la crise française et la crise italienne. Je veux parler, bien sûr, de la crise de l'euro.
L'Union européenne a été à l'origine, voulue pour réconcilier les peuples et porter le progrès économique et social. Or, aujourd'hui, vous savez très bien que son seul objectif est de maintenir coûte que coûte un euro qui ne marche pas, qui est trop cher et qui asphyxie les peuples.
La preuve en est que le plan de soutien à l'Irlande est extrêmement choquant parce que ce sont les contribuables de tous les pays qui vont payer pour renflouer des banques qui ont joué au casino de la finance mondiale.
M. Jacques Desallangre. Très juste !
M. Nicolas Dupont-Aignan. Il est d'autant plus choquant que vous ne demandez vraiment aucune contrepartie à ces banques : ce sont toujours plus de sacrifices pour les peuples et toujours plus d'argent pour les mêmes.
J'ajoute que vous refusez toujours de réclamer la séparation des banques commerciales et des banques d'investissement, seul moyen d'éviter que cet argent du contribuable n'abonde à nouveau la spéculation financière.
Enfin, vous savez très bien que vous allez arroser le sable, puisque vous ne pouvez pas guérir la cause du mal par des soutiens financiers. Les pays du sud de l'Europe, ainsi que la France et l'Irlande, ne parviendront jamais à rééquilibrer leur balance commerciale avec un euro trop cher et cela nourrit le chômage et les déficits. Vous êtes sur la pente de l'Argentine, de la politique de Laval de l'entre-deux-guerres, d'une monnaie trop chère qui asphyxie les peuples.
Vous allez remettre de l'argent, l'argent des Français, des Italiens, des Espagnols, des Allemands et vous aurez une nouvelle crise.
Ma question est très simple : quand comprendrez-vous que l'euro que vous défendez et qui est mal géré est en train de tuer l'Europe, de dégoûter les peuples de l'Europe, et que la seule solution consiste à sortir de l'euro pour rétablir la croissance ? (Applaudissements sur quelques bancs du groupe GDR.)
M. le président. La parole est à Mme Christine Lagarde, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
Mme Christine Lagarde, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Monsieur le député, merci de votre message d'espoir ! (Rires et applaudissements sur divers bancs du groupe UMP.) Lorsque la situation est difficile, il faut éviter de jeter de l'huile sur le feu ! (Exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR.) Il est plus utile de se pencher sur l'assistance que nous pouvons porter à un État dont nous sommes solidaires parce qu'il fait partie de la zone euro plutôt que d'agiter des craintes, d'évoquer la cherté de telle ou telle monnaie par rapport à telle autre au sein d'une même zone monétaire. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe UMP.)
C'est précisément l'objectif que poursuit le Président de la République avec l'ensemble des priorités du G 20, c'est-à-dire plus de prévisibilité, une meilleure protection de l'ensemble des épargnants, un meilleur équilibre entre les monnaies. Ce n'est pas en suggérant la sortie de tel ou tel membre de telle zone parce qu'elle serait plus au sud de telle ligne que l'on parviendra à rétablir l'équilibre au sein de la zone euro.
Imaginez un instant qu'un seul de ces pays sorte de la zone euro. Vous accablez les plus faibles, les plus fragiles, ceux qui sont endettés et qui, soudain, verront leurs dettes se multiplier par deux, par trois, quatre ou dix. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe UMP.) Il n'est donc pas question d'envisager un tel démantèlement.
Bien au contraire, poursuivant en cela l'oeuvre initiée par Jacques Delors en son temps et reprise par d'autres après lui, et récemment par le Président de la République, nous devons consolider la zone euro, la renforcer, nous devons protéger les Européens qui s'y trouvent et rétablir un meilleur équilibre entre les monnaies à travers le monde, en ayant toujours le souci de défendre les économies au sein de la zone euro. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe UMP.)
Auteur : M. Nicolas Dupont-Aignan
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politiques communautaires
Ministère interrogé : Économie, finances et industrie
Ministère répondant : Économie, finances et industrie
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 24 novembre 2010